La tech de la santé plutôt en forme

Dans son Panorama annuel 2022, France Health Tech décrit un secteur des start-ups de la santé plutôt en forme, alors que la conjoncture financière mondiale n’a pas aidé. L’heure est à la croissance, avec un État qui affiche son soutien, des sociétés plus nombreuses, qui grandissent et qui vendent beaucoup aux hôpitaux.

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« La France s’en sort pas mal ! » C’est ainsi que Franck Mouthon, président de France Biotech, résume le panorama 2022 des start-ups du secteur de la santé, en France qui a été publié vendredi matin, 17 février.

Chute des investissements en Europe

En 2022, la conjoncture financière mondiale n’a pas aidé. Les investissements mondiaux dans le secteur ont chuté de moitié, encore plus en Europe. À cause de la remontée des taux d’intérêts, la bourse comme les capital-risqueurs ont limité les investissements et quand ils l’ont fait, ont privilégié les entreprises plus matures, notamment celles déjà cotées. Aucune introduction n’a eu lieu aux Etats-Unis, aucune en Europe sauf en France où il y en a eu six.

De la même façon, le nombre de partenariats pharmaceutiques a diminué en Europe. De 2000 en 2019 (effet Covid), on est retombé à 400 en 2022. En France, il n’y en a eu que 69 contre 83 en 2021. Mais leur valeur potentielle est plus élevée (23,6 milliards). Sanofi en a signé huit de 2 à 5 milliards d’euros, dont trois avec des plateformes d’intelligence artificielle en oncologie, en immunologie d’une moyenne de 317 millions d’€.

2600 entreprises

Dans ce contexte, le secteur est resté dynamique : 2600 entreprises aujourd’hui, 1500 dans les dispositifs médicaux, 800 dans la biotech et 400 dans le numérique. Leur nombre augmente d’une centaine chaque année. 50 000 emplois, 4000 produits ou services en développement.

Le signe le plus frappant de leur bonne santé reste la croissance du chiffre d’affaires global : + 62 % entre 2020 et 2021. Il atteint 1,3 milliards d’€. Les sociétés grandissent. Elles sont passés à 32 collaborateurs en moyenne en 2022 contre 25 en 2021. Presqu’une trentaine (28) dépassent les 100 salariés. Elles prévoient encore 2200 recrutements en 2023, dans la R&D, à des postes de production et de services.

« Elles indiquent que ce n’est pas sans poser de problèmes, pour trouver les profils adaptés et pour relever les concurrences sur les salaires », précise Chloé Evans, adjoint au directeur général, en charge en charge des études sectorielles et des relations internationales à France Biotech.

Elles se positionnent de plus en plus d’emblée sur les marchés internationaux. Une sur quatre l’an dernier contre une sur cinq en 2021. Surtout aux Etats-Unis mais aussi en Europe et, dans ce cas là, en Belgique, en Allemagne, et en Espagne.

L’achat hospitalier pour financer

Dans le secteur le plus mature, celui de la « medtech » (dispositifs médicaux) et du diagnostic, 56 % des entreprises commercialisent déjà leurs produits. Elles en proposent en moyenne trois.

Du coté des « biotech », les grands axes de développement concernent l’oncologie, les maladies infectieuses, les systèmes nerveux. Autour, essentiellement, d’anticorps, de thérapies géniques ou cellulaires. Mais l’axe des maladies orpheline est aussi beaucoup investi. En 2022, 22 % des produits proposés ont le statut de médicaments orphelins contre 16 % en 2021.

L’essor important des sociétés qui travaillent sur le numérique et l’intelligence artificielle se fait autour de trois sujets principaux : la télémédecine en s’adressant principalement aux systèmes de santé ; l’appui aux appareils connectés ; l’appui à la R&D. « L’achat par le système hospitalier devient un mode de financement des entreprises », précise Chloé Evans.

Des rachats, des fusions-acquisitions

Outre les difficultés de recrutement et la poursuite de leur croissance, les sociétés de la HealthTech voient plutôt 2023 et 2024 parsemées d’opérations de rapprochements, de consolidations, de fusions et acquisitions. D’une part parce que les grands groupes pharmaceutiques ont des trésors de guerre historiquement élevés qui vont leur permettre de la faire. Par ailleurs parce que la France est bien vue par les investisseurs.

Les introductions en bourse de 2022 le montrent. « La France est perçue comme présentant un contexte d’investissement bien plus mature que les autres pays européens. En France, les sociétés de la health tech aiment la bourse. Il y a de plus en plus d’investisseurs spécialisés dans le domaine. Et de plus en plus de possibilités d’associer des investisseurs individuels. Les financements publics sont aussi là », explique Guillaume Morelli d’Euronext. L’annonce des 7,5 milliards d’€ du volet santé du plan France 2030 du gouvernement a rassuré les investisseurs sur le partage des risques.

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