Nouvel Ehpad de Roybon : un BIM pour construire ensemble

Entièrement reconstruite sur les hauteurs de Roybon (Isère), la résidence René Marion se veut un lieu de vie ouvert sur l’extérieur. Au cœur de sa conception, la maquette numérique (BIM) a fait la différence en permettant aux personnels, familles et résidents d’apporter leur pierre à l’édifice.

PERSPECTIVE PLACE DU VILLAGE-EHPAD ROYBON©AAGroup2
Vétuste, les normes dépassées, l’ EHPAD René Marion de Roybon (Isère) ne pouvait se contenter d’une énième rénovation. Sous la maîtrise d’ouvrage de Philippe Poussier qui dirige alors ladite résidence, une reconstruction complète s’organise donc. Le site d’abord : « en surplomb du village, avec une vue panoramique sur les forêts et collines, mais à proximité des écoles et garderies afin de préserver le lien », décrit la nouvelle directrice des lieux, Nadia Duchet. Devant l’établissement, un grand jardin partagé est d’ailleurs prévu pour y cultiver ces relations intergénérationnelles. L’esprit ensuite : malgré les 132 lits tous médicalisés (dont 5 réservés à l’accueil temporaire), rien ne doit ici suggérer l’univers hospitalier, pas toujours… hospitalier !

« L’établissement se veut au contraire à taille humaine, composé de logements (20 m2) et espaces chaleureux, tous aménagés par un décorateur d’intérieur », expose Caroline Faure, architecte au cabinet AAGroup. Dès l’entrée, le ton est donné par un bar avec terrasse, sans compter le nouvel espace « bien-être » aux matelas massants et lampes chauffantes et le « physio-parc » dont les agrès permettront de retravailler l’équilibre. Enfin, et surtout, « aucune grille ne vient enfermer le bâtiment sur lui-même, les trois nouvelles unités psycho-gériatriques dédiées aux personnes désorientées étant elles-mêmes naturellement sécurisées par des haies d’arbustes », insiste la directrice.

15 % d’économies sur le chantier

Si la grammaire architecturale du projet déployé sur 5 430 m2 (coût : 13 millions d’euros) tient au talent de ses entrepreneurs, à commencer par le cabinet d’architecture mandataire AAGroup, la conjugaison sans faute qu’elle révèle, entre services, confort et esthétique, doit aussi beaucoup aux facultés participatives du BIM (Building Information Modeling). Entreprises, personnels, familles et résidents… Grâce à la maquette numérique intégrée au fameux processus bâtiments et informations modélisées, tous ont pu, en effet, apporter leur pierre à l’édifice, depuis la conception jusqu’à l’exploitation.

Ainsi, « cette préfiguration en 3D a permis de partager, entre architecte, bureau d’études, thermicien, économiste, etc., toutes les données techniques (dimensions, modèles, caractéristiques énergétiques et thermiques, résistance au feu…) attachées à chacun des éléments constructifs du bâti (murs, gaines, fenêtres…) au cours de son cycle de vie », explicite Jonathan Riboud, BIM manager chez AAGroup.

Résultats : « Même si certains, inaugurant la dynamique, ont dû investir en formation et logiciels (plus de 3 000 euros par poste), la phase études a été bouclée en seulement six mois, avec des interfaces parfaitement gérées dès l’amont, ce qui évite les mauvaises surprises du terrain, toujours synonymes de surcoûts, voire de dysfonctionnements », se félicite Caroline Faure. « Chaque trou est assuré d’être au bon endroit », renchérit Jonathan Riboud, lequel estime à 15 % l’économie globale ainsi réalisée sur la valeur du chantier… Et ce sans compter les performances HQE de l’ensemble, atteintes grâce aux évaluations thermodynamiques croisées que la démarche autorise.

Chacun peut apporter sa touche au projet

Du côté du maître d’ouvrage, la satisfaction est tout aussi manifeste. « Le process ne garantit pas seulement une opérationnalité conforme au cahier des charges ; c’est aussi un support de communication sans équivalent », soutient Caroline Faure. En permettant au néophyte de mieux se projeter dans l’établissement avant sa construction, l’outil a donné toute leur place aux familles et résidents pour apporter leur touche au projet, tels ces « mini-greniers » imaginés au niveau des faux plafonds.

Et, « par une superposition très intuitive du virtuel au réel, il permet aussi aux personnels de se situer dans les futurs murs pour rédiger un projet de vie et d’établissement cohérent avec les espaces disponibles », applaudit Nadia Duchet. « Alors que les projets de construction ne cessent de se complexifier sous le poids normatif, le process BIM s’affiche aujourd’hui comme la meilleure façon de construire ensemble, dans des temps et des dépassements budgétaires fortement diminués », conclut Jonathan Riboud. Débutée en septembre 2018, la nouvelle Résidence René Marion, qui sera livrée fin 2020, en est une illustration flagrante.
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