Hôtels hospitaliers, un petit air d’auberge espagnole

Adoubée par le Ségur de la Santé, l’alternative de l’hébergement temporaire non médicalisé est aujourd’hui adoptée par une quarantaine de sites qui y voient une offre particulièrement plastique, servant le mieux-être du patient autant que la performance de l’établissement. À chacun d’en choisir sa porte d’entrée.

 

Hôtel Madrigal-Necker ©Hôtel Madrigal

Permettre aux équipes de se recentrer sur le soin et de mieux gérer leurs plannings tout en offrant aux patients une prise en charge plus confortable, dans un contexte moins anxiogène que l’hôpital. Sur le papier, la promesse a de quoi séduire et d’ailleurs 44 établissements avaient déjà adjoint un hôtel hospitalier à la palette de leurs services en 2021, avec 33 000 nuitées à la clé.

Samuel De Luze©CHU Caen Normandie

Il faut dire que la souplesse de ce dispositif alternatif à l’hospitalisation sait effectivement plaire à chacun. En effet, derrière les textes – des personnes suivant un parcours de soins sans hospitalisation, ni surveillance médicale continue, géographiquement éloignées ou socialement isolées – « chacun va pouvoir cibler les types de patients éligibles en fonction de son territoire, de ses spécialités et /ou de ses stratégies de prise en charge », assure Samuel de Luze, directeur général adjoint en charge de la stratégie territoriale au CHU de Caen. Et les établissements ne s’en privent pas.

Une réponse pratique à des situations typiques

Adaptée aux soins itératifs, la solution alternative répond d’abord, bien sûr, au tableau des traitements de longue durée en hospitalisation de jour : séances de chimiothérapie au centre Gustave Roussy qui en expérimente la formule dès 1988, et parcours de rééducation en établissement de soins de suite « pour des patients résidant à plus de 100 kilomètres et dont la présence quotidienne est requise sur trois semaines, voire davantage », explique le directeur du Centre Mutualiste de Kerpape, Olivier Bonaventur, également directeur général adjoint de VYV3 Bretagne. Le dispositif soutient aussi ceux dont les surspécialités exercent une attractivité au-delà des frontières.

C’est le cas par exemple de l’Hôpital Foch de Suresnes qui y recourt notamment pour assurer, chaque trimestre, le suivi de patients ultramarins greffés du poumon, ou de l’hôpital Necker qui peut ainsi accueillir à Paris, sans les hospitaliser, les futures mamans venues de toute part accoucher d’un bébé exigeant une intervention dès la naissance. Enfin, ces lits « hors les murs » s’avèrent particulièrement bienvenus sur les territoires dont la déprise médicale grossit les files actives des pôles régionaux, « nous permettant, par exemple, de recevoir toutes les parturientes à risques proches du terme », indique Samuel de Luze.

Optimisation des flux

Benjamin Lemoine ©DR

Mais au-delà des nouveaux services et confort apportés aux patients, la voie insuffle aussi une plus grande fluidité aux activités hospitalières, et donc une optimisation notable de leurs flux. « Déjà idéal pour résoudre les questions matérielles posées par le déploiement de l’accueil à J 0, dont celle de la ponctualité qui conditionne l’organisation de toute la journée, l’hôtel hospitalier permet aussi de libérer un lit 24 heures avant la sortie définitive au bénéfice d’une urgence », explique Benjamin Lemoine, directeur des opérations à l’AP-HP Necker-Enfants malades.

En charge du dispositif pour les hôpitaux Necker et Cochin, il reconnaît que cet usage constitue même aujourd’hui 40 % du recours à ces chambres externes. Véritable « sas d’autonomisation » qui rassure soignants et patients, l’alternative constitue également la meilleure alliée du virage ambulatoire », ajoute de son côté Nathalie Vidal, alors responsable de la démarche qualité et coordinatrice du parcours patient au CHU de Limoges.

Conforter le déploiement de l’ambulatoire

Hopalia © Fondation Hopale

Enfin, « aux premiers objectifs déjà cités, conforter le déploiement de l’ambulatoire en MCO et SSR ainsi que notre recrutement extrarégional, la solution constitue aussi un levier d’attrait supplémentaire dans le cadre de notre développement déjà engagé à l’international », pose Snezana Walz Mijailovic, directrice de la stratégie et du développement des établissements de la Fondation Hopale spécialisée dans la prise en charge des pathologies orthopédiques et neurologiques, notamment à Berck-sur-Mer.

Ainsi, « en associant le confort de la prise en charge à l’optimisation organisationnelle tout en répondant aux tensions hospitalières, l’hôtel hospitalier s’affirme bien comme une solution complète aux multiples facettes », conclut avec enthousiasme le directeur des affaires générales du CHU de Reims, Yannis Makoudi… Autrement dit, une solution à plusieurs étages.

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