Elodie Hemard : l’achat, un métier au service des autres

Nouvelle responsable des achats du CHU de Reims depuis le mois d’août, Elodie Hemard défend un credo, celui de se mettre au service des autres. Venue à l’hôpital après une longue expérience dans le secteur de l’industrie, elle garde une approche humble, nourrie de son passé opérationnel. Et elle mise sur le relationnel et l’exemplarité pour convaincre les services de travailler en bonne intelligence avec la fonction achat.

L’achat a été, pour Elodie Hemard, une vocation précoce. Elle découvre le métier lors d’un stage effectué pendant son BTS. Et elle tombe sous le charme. « Ce que j’aimais, c’est de rendre service aux clients internes, aux collègues, permettre de faire avancer les choses. Sans oublier le côté relationnel avec les fournisseurs. C’est ce qui m’a motivé dès le départ. » Conquise, elle s’oriente alors vers une licence commerce/achats industriels à l’université de Marne-la-Vallée.

En première ligne pendant la pandémie

Attirée par le terrain, elle démarre sa carrière en 2008 comme assistante achat aux Ciments français, avant de devenir acheteuse deux ans plus tard chez ERT Technologies, partenaire de SFR. Suivent des expériences pour GHM, fabricant de mobilier urbain notamment en fonte, et les Isolants de l’Est, PME spécialiste des produits d’isolation thermique, électrique, composites …. « J’ai grandi grâce à ce parcours très opérationnel », résume-t-elle. En 2018, changement radical de décor puisqu’elle rejoint UniHA comme assistante achats chargée de la filière hygiène et protection du corps. « Je recherchais un domaine d’activité humain qui donne sens à mon travail ». Double découverte de l’hôpital et des joies de la commande publique.

Installée au CHU de Nancy, promue acheteuse au bout de deux ans, elle est, en raison de son portefeuille, aux premières loges lorsque le coronavirus commence à déferler. Une période qu’elle n’est pas prête d’oublier puisqu’elle suit, en parallèle, une formation longue à l’Ecole supérieure des acheteurs professionnels (ESAP), d’abord en présentiel puis en distanciel, pandémie oblige. « Mais quand on est motivé, on gomme les inconvénients ».

Le relationnel et l’exemplarité pour convertir ses interlocuteurs

Du haut de ses (presque) quinze ans d’expérience, elle a vu le métier évoluer et le « cost killing » tomber de son piédestal. « Le prix n’est plus le seul critère. Et cela le sera encore moins demain », affirme-t-elle, convaincue. Pour autant, démontrer l’étendue de leur valeur ajoutée demeure, pour les acheteurs, une bataille de tous les instants. « Nous sommes là pour répondre au juste besoin, le questionner parfois. Et pas pour mettre des bâtons dans les roues des services, même si ce sentiment peut exister. À nous de faire preuve de pédagogie, de démontrer tout ce que l’on peut apporter pour avancer collectivement ».

Elodie Hemard mise, dans un premier temps, sur le relationnel pour réussir cette conversion. « Plutôt que de faire venir les gens à moi, je vais aller vers eux. Être présent sur le terrain est très important, il s’agit de montrer que l’acheteur ne travaille pas dans une tour d’ivoire, qu’il est à l’écoute, qu’il veut chercher constamment à améliorer les choses. Et qu’il a soif d’apprendre. Notre métier nécessite d’être curieux de tout ». Elle table également sur l’exemplarité. « Au lieu de développer un argumentaire en faveur de la fonction achat, je préfère prendre un sujet sur lequel on va travailler ensemble. Et donner envie de collaborer de nouveau grâce au résultat ».

Sécurisation des approvisionnements et développement durable

En la recrutant cet été, le CHU de Reims a choisi une enfant du pays car Elodie Hemard est d’origine marnaise. L’établissement champenois lui a confié un large périmètre : produits de santé, équipements médicaux, travaux et prestations techniques, équipements non médicaux, achats généraux et prestations, achats alimentaires. Soit un volume d’achat d’environ 210 millions d’euros. De nouvelles responsabilités qui n’ont pas entamé d’un iota sa philosophie, agir pour permettre aux autres de mieux travailler. Son équipe (7 acheteurs, 3 assistants) incluse. « Les acheteurs restent pilotes sur leur projet. Mon rôle est de leur faciliter leur quotidien, de leur apporter des outils, coconstruits avec la cellule des marchés, pour leur faire gagner du temps. »

Elle aura évidemment du pain sur la planche avec l’installation dans le nouvel hôpital, et la conception d’une politique achats à l’aune des nouveaux enjeux que sont la sécurisation des approvisionnements et le développement durable, partie intégrante du projet d’établissement. « Nous voulons renforcer la facette environnementale de nos appels d’offres en portant ce critère à 25 % lorsque cela est pertinent », illustre Elodie Hemard qui fourmille de projets : amélioration des échanges entre acheteurs du GHT, mesure de l’attractivité des achats du CHU auprès des fournisseurs, création d’indicateurs de performance… « Je veux aussi parvenir à faire associer les acheteurs le plus en amont possible des dossiers ».

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