Catherine Gauvrit, responsable des achats à l’EPS Barthélémy Durand

Après plus de cinq années passées au Centre hospitalier Sud Francilien, Catherine Gauvrit a pris, en mars, la tête des achats et marchés publics de l’établissement public de santé Barthélémy Durand, dans l’Essonne. Un nouveau chapitre qui s’accompagne de nouveaux enjeux, et surtout une envie : mettre en place une stratégie achats globale et réfléchie, pour donner du sens au métier. Et pour cela, elle ne manque pas d’idées.

achat-logistique.info : Vous avez commencé votre carrière dans le privé. Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours, et comment avez-vous été amenée à vous orienter vers l’achat hospitalier ?

Catherine Gauvrit : « Après mon master II en commerce international à l’INSEEC, j’ai intégré le service achats des Salins du Midi, à la logistique et au transport. J’ai ensuite rejoint le groupe des Mousquetaires Bricomarché en tant qu’acheteuse et chef de produit. Le transport comme la grande distribution sont des secteurs extrêmement formateurs dans le domaine de l’achat.

En 2016, j’ai intégré le centre hospitalier sud-francilien (CHSF) pour renforcer l’équipe et suivre le projet de structuration des achats dans le cadre du GHT. J’étais à la fois acheteuse et coordinatrice des marchés (phases de préparation et d’analyse des procédures), pour accompagner cette phase de convergence. »

achat-logistique.info : Comment s’est opéré ce passage de la grande distribution vers le monde des achats hospitaliers et des marchés publics ? Avez-vous rencontré des difficultés ?

Catherine Gauvrit : « Aucune difficulté. Je suis quelqu’un de curieux, qui s’adapte facilement : changer de secteur ne m’a pas posé de problème. Ce qui compte avant tout, c’est l’environnement, les personnes. Ce qui m’a fait basculer vers le monde hospitalier, c’est que je recherchais un côté plus humain. Travailler avec des soignants, pour des patients, me permet de m’impliquer davantage, c’est plus concret.

Mon responsable au CHSF, Bertrand Beylat, avait la même dynamique. Lui aussi était passé de la grande distribution à l’achat hospitalier. J’ai beaucoup appris à ses côtés : il possède une très bonne connaissance du métier, il suit de près les préconisations de la DGOS, et notamment le programme Phare. Aujourd’hui, je connais bien les marchés publics, sans être juriste. Ce n’est pas tant une question de formation que de profil, de caractère et d’ouverture d’esprit. »

achat-logistique.info : Vous venez d’arriver au sein de l’EPS Barthélémy Durand. Quelles sont vos missions au sein de l’établissement ?

Catherine Gauvrit : « La cartographie des besoins est déjà en partie suivie, mais il y a encore toute une organisation à développer. Les nombreux projets en perspective, notamment dans l’immobilier (projets de développement et de rénovation) montrent une volonté d’aller plus loin. Je suis amenée à opérer sur l’ensemble des achats (hors pharmacie) : blanchisserie, restauration, informatique, nettoyage, matériel médical, mobilier, environnement du patient, gestion des déchets…

Le tout en partenariat avec les responsables associés. L’établissement prend en charge plus de 16 000 personnes par an et emploie 1500 personnes. Il est éclaté sur de nombreux sites, 72 points de consultation qui couvrent tout le bassin essonnien, sans compter les centres de formation, 9 unités d’hospitalisation à temps plein…

Ce sont les cadres de soin référents qui vont récupérer les besoins de leurs homologues sur le terrain. Ça constitue un challenge important, une particularité à prendre en compte dans les rétroplannings. Ici, nous ne sommes pas dans la configuration d’un GHT, mais on peut réutiliser certaines approches dans la gestion et le suivi des achats. »

achat-logistique.info : Quels sont selon vous les enjeux du métier d’acheteur public ?

Catherine Gauvrit : « Ils sont nombreux, et c’est ce qui est très intéressant. Le monde des achats est très rôdé, très au point dans le secteur privé. Mais dans la fonction publique, les achats dans le sens stratégique, c’est très récent. Les entreprises ne sont pas habituées à avoir des acheteurs publics qui négocient.

Il y a beaucoup de choses à faire et à mettre en place : habitudes de travail, optimisation, outils, acquisition et développement de compétences en négociation et en rédaction du besoin… tout en tenant compte des difficultés de budget qui sont celles de l’hôpital. Mais il existe une réelle volonté de la part de tous les acteurs d’aller dans ce sens. Il faut surfer sur cette envie pour créer de vrais services achats, avec une stratégie qui va au-delà de la gestion pure. Cela peut prendre du temps, mais c’est important de continuer dans cette démarche. »

achat-logistique.info : La responsabilité sociale et environnementale est très importante pour vous, et fait partie intégrante de la stratégie achats…

Catherine Gauvrit : « Oui, cela fait partie des enjeux, justement. Quand on rédige les marchés, on le fait pour un patient, pour un médecin ou pour des métiers qui font tourner le centre de soin ou l’hôpital. Ce sont les personnels, mais aussi les patients et leurs familles qui seront impactés. On ne doit jamais le perdre de vue dans la stratégie qu’on met en place.

La partie développement durable est également très importante. Les secteurs publics sont de gros consommateurs, surtout en santé. On se doit de faire preuve d’exemplarité ou d’aller dans ce sens. Nous devons nous sensibiliser et intégrer cette variable dans les marchés. Tous ne s’y prêtent pas forcément, mais quand c’est possible, on doit veiller à privilégier des produits issus des circuits courts, moins impactants d’un point de vue environnemental, et des entreprises socialement responsables. Avec la promulgation de la loi Climat et Résilience en août dernier, la pression est devenue plus forte encore, ce qui est une bonne chose. Nous devons penser stratégie écologique et climat à chaque étape du processus d’achat. »

 

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