Zéro papier pour plus de qualité de soins

À Saint-Malo, le groupe hospitalier Rance-Emeraude met le développement durable au centre de sa stratégie du meilleur service possible à ses patients. En particulier le « zéro papier ».

© Epictura

Arrivé le 1er juillet dernier, il se sait le « petit nouveau » mais s’estime en mesure d’enclencher « un gros volontarisme collectif ». Thierry Lugbull, nouveau secrétaire général du groupement hospitalier territorial (Dinan, Saint-Malo, Cancale) vient de détailler, en octobre dernier, le « nouvel élan » qu’entend impulser le couple qu’il forme avec le directeur général, François Cuesta.

Bien sûr, il y a les investissements (en psychiatrie, aux urgences, dans des scanners, des pet-scans, un nouvel équipement de coronographie) et un « projet médical territorial ambitieux » pour les 400 médecins, les 4000 agents. Mais, au milieu de tout cela, est installée une politique de développement durable et digital, vouée a priori à « enthousiasmer » le personnel. Dont l’original « zéro papier ».

Zéro papier = sécurité

Thierry Lugbull sait de quoi il parle. Ce chantier-là, il l’a conduit pendant douze ans en dirigeant l’hôpital de Saint-Lô, à quelques encablures de là, dans la Manche. Mais à Saint-Malo, il pense aller plus vite. C’est pourquoi, la direction communique beaucoup en ce moment. Les 11,5 millions de feuilles de papier épargnées par an préserveraient 1500 arbres, amélioreront l’empreinte carbone.

« Le « zéro papier » c’est important parce que c’est aussi de la sécurité, prévient Thierry Lugbull. Faire coexister le papier et l’informatique peut s’avérer dangereux. » Fini donc à court terme, les post-it en pagaille, les « 18 classeurs à feuilles », les notes de service, raturées jamais à jour. Il faudra habituer les gens à bannir l’impression. Passer d’abord par des imprimantes partagées, avec cartes personnelles. Dans les salles de soins, que des écrans.

Et dans les services administratifs, ce sera encore plus vrai : une boîte mél par agent, pour prendre des congés ou d’autres démarches ; les dossiers médicaux, scannés, numérisés ; les dossiers RH, même chose. « Aux ressources humaines, c’est encore plus dur, indique Thierry Lugbull. Le dossier d’un agent, c’est 800 pages, 10 cm de haut. A Saint-Malo, on est submergé. »

Bourse aux projets dans les services

 

Thierry Lugbull

Il n’y a pas que le papier. Trente voitures électriques vont être achetées l’an prochain pour remplacer 20 % du parc automobile trop polluant. Un meilleur tri des déchets va aussi être institué. A l’hôpital, les patients et les salariés mangeront mieux. « Il y a beaucoup d’économies à réaliser, précise Thierry Lugbull. Pour dégager des excédents dans les finances jusqu’ici déficitaires à Dinan, Cancale et améliorer encore celles de Saint-Malo déjà quasiment à l’équilibre. Elles devraient permettre de multiplier l’investissement, de passer d’1 million d’€ à 3, 4 ou 5 par an dans les prochaines années, au service des patients et pour une qualité de vie au travail. »

C’est le second volet de cette politique. L’effort de « développement durable » est associé, dans l’esprit de la nouvelle direction, à une amélioration des conditions de travail. Cela passera, dans le temps, par de nouvelles machines quand il le faut aux déchets, à la buanderie, en cuisine et de nouveaux équipements pour les services soignants ou dans la poche des agents, sur leurs téléphones. Un nouveau logiciel est lancé pour le covoiturage et les remplacements dans le GHT. Une bourse aux projets a démarré parmi les services sous le thème « soigner les soignants », pour améliorer les aspects concrets des conditions de travail. Dotée de 100 000 euros. Chaque cadre de santé a été sollicité pour identifier « trois irritants » à traiter en priorité.

Le digital, c’est attractif !

« Il faut un minimum de 6 moins un an pour vraiment changer la perception d’une meilleure qualité de vie, estime Thierry Lugbull. Pour changer les habitudes, il faudra deux ou trois ans. A Saint-Malo, les dossiers d’anesthésie sont encore papier. Ce sera compliqué mais c’est obligatoire nous gagnerons en rapidité en efficacité. » Mais il compte sur une sorte d’alignement de planètes entre la nouvelle stratégie, les capacités d’investissements et l’attente qui est grande de ce type de changements. Tout le monde est prêt. » Il l’a expérimenté, cela devrait déboucher sur une nouvelle attractivité des établissements du GHT. « D’abord pour les patients, contents d’y trouver les services et la qualité sans aller à Rennes. Ensuite pour les soignants. Le digital, en particulier, est toujours plus attractif ! »

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