Une halle des sports championne de l’écoconstruction à Pantin

Huit ans avant les obligations de la loi Climat, la ville de Pantin fait de sa nouvelle halle sportive un modèle de construction à faible impact environnemental mixant réemploi et matériaux biosourcés. L’ambition est musclée : décrocher le niveau or de la démarche « bâtiments durables franciliens ».

© atelier RAMDAM

Votée en juillet dernier, la loi du 22 août 2021 dite Climat et Résilience impose l’utilisation de matériaux biosourcés ou bas carbone dans au moins 25 % des rénovations lourdes et constructions publiques à compter de 2030. Le texte encourage également la réutilisation de l’existant. Autant d’exigences que la ville de Pantin (Seine-Saint-Denis) a déjà décidé de faire siennes, dans le cadre de la nouvelle halle sportive du stade Charles Auray.

300 critères à satisfaire

Abritant un plateau dédié à la pratique des « sports co » (dont le handball à niveau régional), trois salles de boxe, un dojo et un mur d’escalade, l’équipement de quelque 12 millions d’euros HT pour 4 000 m2 relève ainsi d’une dynamique durable dès la phase de programmation. Mieux encore : « il s’inscrit dans la démarche « bâtiments durables franciliens » (Bdf) dont il vise le niveau or, c’est-à-dire la reconnaissance maximum », insiste Mialitiana Randrianivosoa, chargée de l’opération à la direction des bâtiments de la cité. Pour rappel, le dispositif s’appuie sur une grille d’évaluation aux 300 critères parmi sept thématiques, dont la gestion du projet, les matériaux, l’énergie, l’eau ou encore le confort et la santé.

Un bâti zéro énergie

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Pour le volet énergétique, le pari rime ainsi avec zéro énergie. « L’autonomie sera obtenue par la pose de panneaux photovoltaïques en toiture (293 m2, 50,4 kWh d’énergie primaire par m2 de surface de plancher) et une déperdition limitée de l’enveloppe », décrit la responsable. Si une toiture végétalisée (40 cm à 90 cm de substrat) et des ouvertures bien orientées portent ce deuxième levier, toute l’orientation et l’architecture du bâtiment ont aussi été pensées pour répondre aux 50 % d’autonomie lumineuse quotidienne prérequis par la labellisation… Associées à une ventilation mixte, ces stratégies passives satisferont ainsi la demande thermique autant que celle de confort intérieur.

Prioriser le biosourcé

Aux items obligés du niveau or visé s’affichent aussi les matériaux biosourcés. « L’objectif est d’atteindre la frugalité par le bon matériau au bon endroit », résume Mialitiana Randrianivosoa. L’affaire n’est pas simple. D’abord parce que le bâtiment sera enterré sur 3,50 mètres, ce qui impose du béton. Ensuite parce que son plateau exige une structure longue portée.

À ce stade précédant l’APD, les solutions émergent néanmoins : une charpente traditionnelle bois pour les parties les plus hautes, une isolation murale 100 % chanvre ou chanvre, lin et coton thermo-acoustique (Biofib’Trio) pour le niveau R+1 et des granulats recyclés composant un béton au plus bas carbone possible pour la partie semi-enterrée. « Enfin, l’engagement durable s’affirmera dans une façade en châtaignier, que la durabilité naturelle exonère de tout traitement, et l’utilisation de briques écologiques, principalement de terre crue, issues du démonstrateur Cycle Terre de Sevran situé à quelques kilomètres », ajoute la responsable d’opération.

Les clés du bio-sourcing

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En effet, « pour une cohérence évidente, les matériaux biosourcés doivent provenir de ressources locales, exigence d’autant plus forte que le niveau C2 du label E+C- auquel aspire la halle impose de justifier de son empreinte environnementale à chaque étape de son cycle de vie, en fonction du bilan carbone et des émissions de gaz à effet de serre générés… », explique Mialitiana Randrianivosoa. Le défi s’avère aisé pour le bois et le chanvre dont les filières sont facilement identifiables en Ile-de-France, notamment via l’Atlas des acteurs biosourcés et géosourcés (lire notre article du 9 juin 2021).

Mais certaines options réclament une implication plus soutenue : « Il faut se rapprocher d’autres collectivités ou maîtres d’ouvrage privés pour partager les adresses, se tenir à l’affût des projets voisins pour échanger des matériaux et en optimiser le réemploi », conseille-t-elle. Ainsi les briques des vestiaires proviennent-elles d’une bourse aux matériaux de l’établissement public territorial Est Ensemble.

S’investir pour éviter les blocages

De fait « si les matériaux biosourcés constituent une véritable alternative, leur intégration reste encore dérogatoire aux habitudes de nombreux acteurs, ce qui oblige le maître d’ouvrage ou l’acheteur à s’investir davantage, dans le sourcing et les techniques constructives », concède Mialitiana Randrianivosoa. Pour éviter tout blocage, « ou demande contradictoire de type BA13 coupe-feu », la professionnelle préconise donc aussi « de bien préparer le travail, voire d’organiser des visites de chantiers similaires avec les acteurs et le bureau de contrôle. » Bref, de prévoir un fort investissement en énergie, mais à porter- celui-là – à la colonne crédit !

 

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