Le courant passe entre le soleil et le CH de Chalon

Produire de l’électricité verte à hauteur de 20% de sa consommation. C’est le pari réussi, et même dépassé, par le CH de Chalon-sur-Saône. Comment ? En installant des ombrières agrémentées de panneaux photovoltaïques sur 650 places de parking. Le tout sans débourser un centime grâce à une concession.

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1,6 GWh. C’est l’électricité générée en dix mois par les ombrières photovoltaïques installées sur la moitié des 1300 places de parking du CH de Chalon-sur-Saône. Tout commence plusieurs années auparavant. L’hôpital bourguignon, très attentif à ses consommations, recherche un moyen à la fois de réduire la facture et d’avoir un comportement plus vertueux.  Eric Toque, son directeur des services techniques et du développement durable, repère qu’il est possible de construire, au-dessus des espaces de stationnement, des abris surplombés de panneaux photovoltaïques. De quoi produire de l’électricité verte tout en protégeant les véhicules du soleil et des intempéries.

Les estimations de production dépassées

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Reste à trouver le financement. Sans budget dédié à ce projet, l’hôpital William Morey a alors l’idée de lancer une concession d’une durée de vingt ans. Retenue début 2019, l’entreprise délégataire prend tout à sa charge : la construction des ombrières ; l’installation, la maintenance et le remplacement des panneaux ; et le branchement au système énergétique de l’hôpital (tranchées, câbles, cellule de raccordement…). Montant de l’investissement : 2.3 millions d’euros. Une somme réunie grâce aux fonds propres du prestataire, des prêts qu’il souscrit, mais aussi via un emprunt obligataire, proposé aux agents hospitaliers, ainsi qu’aux habitants du Grand Chalon et des territoires alentour.

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Le temps d’obtenir le permis de construire, de réaliser les différentes études et de sortir de la crise sanitaire, les travaux démarrent en janvier 2021 pour s’achever en juin suivant. Après des essais, le système entre en marche à partir du mois d’août. Et fournit entre 2 et 13 MWh par jour, réinjectés pour faire fonctionner les équipements du CH. La production est même supérieure aux attentes initiales estimées de 18 à 20 % de la consommation du site. Au mois d’avril 2022, elle a atteint 27,8 %. Et 30 % en mai. Un taux de rendement qui prouve que la formule n’est pas réservée aux zones géographiques réputées pour leur fort ensoleillement, comme le pourtour méditerranéen.

Un système qui n’a pas coûté un sou à l’établissement de santé

Pour l’hôpital, l’opération est donc immédiatement rentable, car il n’a pas déboursé un centime, en dehors du temps consacré par ses équipes au montage de la consultation et au suivi du projet. Les dépenses annuelles évitées atteignent plus de 40 000 euros, rien qu’avec la réduction du tarif d’utilisation du réseau public d’électricité (Turpe).

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Le CH de Chalon a calculé que les économies globales atteindraient 530 000 euros en une décennie, et un peu plus d’un million au bout de 20 ans. En août 2041, l’hôpital prendra possession d’équipements toujours opérationnels puisque le concessionnaire a tout intérêt à conserver un matériel performant. Le gain annuel grimpera alors à 220 000 euros. Des chiffres calculés à partir des tarifs actuels et peut-être sous-estimés si la tendance haussière se poursuit sur le long terme.

Développement durable et économie circulaire

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Les gains ne sont pas seulement financiers. En matière de développement durable, l’hôpital bourguignon fait d’une pierre plusieurs coups. Il rend une surface artificialisée bénéfique pour la planète. Et réduit son bilan carbone de 140 tonnes équivalent CO2 par an. Par ailleurs, la démarche a également permis de financer 6 bornes électriques capables d’alimenter simultanément 12 véhicules, de doubler la capacité du garage à vélos sécurisé et d’implanter 6 bornes pour les bicyclettes électriques. Sans oublier la pose de rampes LED, avec éclairage progressif en fonction de la détection de mouvements, qui ont remplacé les candélabres donnés à la ville et réutilisés.

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Le CH William Morey a cherché à amoindrir les conséquences pour la biodiversité. Les arbres qui nécessitaient d’être déracinés ont été cédés à l’hôpital spécialisé de Sevrey, où ils ont été replantés. Les piliers des ombrières servent de support à 15 nichoirs pour les moineaux, mésanges et 8 gîtes destinés aux chauve-souris. Des abris qui sont régulièrement l’occasion d’ateliers pédagogiques pour les écoles voisines. En résumé, une initiative, récompensée par un Trophée Santé Achat en décembre dernier, qui devrait faire des émules dans les années à venir.

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