Economie circulaire : Vitry-sur-Seine joue le jeu

La mairie francilienne a choisi d’acheter pour ses structures de l’enfance et de la petite enfance des jouets d’occasion reconditionnés auprès d’un atelier d’insertion. Un pari audacieux mais gagnant. Car le marché est vertueux sur tous les plans, financièrement, écologiquement et socialement.

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La ville de Vitry-sur-Seine (92 000 habitants, Val-de-Marne) est une pionnière en matière d’achat de jouets reconditionnés.  Son premier accord-cadre date en effet de 2017. Un marché, destiné à 45 structures municipales (centres de loisirs, crèches, haltes-garderies, CCAS…), particulièrement vertueux puisque la commune a choisi de réserver un lot aux structures d’insertion par l’activité économique (SIAE).

Dissiper les craintes

« Il a fallu faire beaucoup de sourcing, encore plus que d’habitude », a mis en avant Anne Chalon, cheffe du service commande publique de Vitry-sur-Seine, lors du dernier webinaire du Programme achats circulaires et solidaires, dispositif porté par la Métropole du Grand Paris, les Canaux, l’Institut national de l’économie circulaire et l’Obsar, en partenariat avec le CGDD.

La professionnelle a évoqué plusieurs points de vigilance. Elle a insisté en premier lieu sur la nécessité de rassurer prescripteurs et utilisateurs. Un critère portait donc sur la traçabilité et de la sécurité des articles. Le pouvoir adjudicateur a demandé que soit retranscrit tout le processus depuis le don jusqu’à la mise en vente du jouet.

Des jouets triés, testés et contrôlés

La ville a pris la précaution d’associer un représentant de chaque structure lors de l’analyse du marché. « Ils sont arrivés méfiants et ils sont repartis enthousiastes en constatant que la qualité des jouets était proche de celle d’un neuf », a témoigné Anne Chalon. L’atelier du fournisseur (Rejoué) a fait également l’objet de visites.

Le parcours des produits reconditionnés avant la remise en circulation a tranquillisé. Après avoir été triés, jeux et jouets font l’objet de tests de sécurité et de fonctionnement, puis sont nettoyés. S’il complète les produits lorsqu’il manque une pièce, le prestataire ne procède pas à des réparations, afin de ne pas altérer la garantie du fabricant.

Comme les stocks fluctuent en fonction des arrivages et des dons, la commune a défini une douzaine de familles de jouets, les plus courants, et a demandé aux candidats d’en sélectionner quatre pour proposer des échantillons. Elle n’a pas non plus exigé de catalogue. Un critère développement durable, pondéré à 10 %, a été inséré. De quoi inciter le soumissionnaire à proposer un nettoyage écologique et une politique particulière en matière d’emballage.

Pas de livraison mais un prix attractif

Autre écueil à garder à l’esprit, l’absence de livraison. Il a donc fallu expliquer aux équipes concernées qu’il faudrait aller se déplacer à la boutique pour sélectionner ce qu’elles achèteraient. Pour autant, le caractère social et écologique, donnant du « sens » à cet achat, a compensé les différentes contraintes, a argué la cheffe du service commande publique.

De surcroît, les utilisateurs apprécient aussi d’acheter des articles en vrac, et de dénicher des jouets, jeux ou livres qu’on ne trouve plus sur le marché. Le tout pour un prix attractif. De 40 à 60 % moins cher que le neuf. Un exemple qui devrait inspirer d’autres acheteurs. Surtout avec les nouvelles obligations de la loi AGEC.

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