Des nourettes en verre au CH de La Rochelle

Au centre hospitalier de La Rochelle, la maternité utilise chaque année quelque 15 000 nourettes en plastique, biberons remplis de lait à usage unique. À partir de 2022, l’établissement va privilégier leur version en verre. Objectif : limiter les déchets et les transferts de substances dangereuses dans le lait.

Point de biberonnerie à la maternité du Centre Hospitalier de La Rochelle. Ici, comme dans de nombreux « pôles enfant » ailleurs, on ne réalise pas de biberons de lait en interne. On fournit aux mamans des nourettes, ces flacons operculés « prêts à l’emploi », à usage unique, sur lesquels il suffit de visser une tétine.

L’établissement en écoule environ 15 000 chaque année. Et par praticité, ces biberons, autrefois en verre, ont, depuis des années, laissé place à leur équivalent en plastique. Or cette matière pose question dans cette maternité engagée dans une démarche éco-responsable depuis 2019 et accompagnée par l’Agence régionale de santé de Nouvelle Aquitaine pour réduire ses risques chimiques. Au point que l’établissement espère pouvoir s’en passer dès 2022.

Un enjeu de santé publique

Certes le plastique ne se casse pas comme du verre. Certes il est plus léger à transporter de l’usine à la maternité, à porter lorsque que les palettes sont livrées…. Mais à chaque tétée terminée, la nourette est jetée. En quelques minutes, elle devient un déchet.

Anne-Lise Ronnat

« Et le plastique n’est pas recyclable à l’infini. De plus, des perturbateurs endocriniens peuvent s’échapper des contenants en plastique », explique Anne-Lise Ronnat, sage-femme coordinatrice et référente santé environnementale à la maternité du CH de La Rochelle, qui craint une contamination du lait donné aux bébés. D’où la recherche d’une alternative plus sûre.

Un impact logistique limité

« J’ai rencontré les quatre marques qui nous fournissent en alternance, chaque trimestre, pour leur demander des nourettes en verre afin de réduire l’exposition des nouveau-nés aux perturbateurs endocriniens, car c’est le principal thème de notre projet de maternité éco-responsable », poursuit Anne-Lise Ronnat. Finalement, une marque a pu proposer une nourette en verre au même prix que le modèle en plastique, mais avec un format de 50 ml contre 70 ml jusque-là. La première livraison a été effectuée pour le début de l’été.

Bonne nouvelle, l’impact logistique de ce choix écologique est limité pour le CH. Comme celles en plastique, les nourettes en verre demeurent livrées directement à la maternité (sans passer par le centre d’approvisionnement du CH).

Une sensibilisation encore nécessaire

Jusqu’ici, les laboratoires apportaient des poubelles pour y collecter les biberons et les tétines en plastique, et récupéraient celles-ci pour gérer le recyclage de ces déchets. Pour les nourettes en verre, le fournisseur se voit demander un bac dédié, et la maternité utilise la filière verre du CH afin que ce matériau soit recyclé.

Chaque nouvel équipement demande une adaptation des habitudes de travail. Là encore, la nourette en verre implique peu de nouveaux gestes. « Il faut visser un peu plus fort la tétine sur le flacon en verre », explique Anne-Lise Ronnat. Mais surtout, l’équipe doit penser à placer les tétines dans un bac plastique, et le verre dans l’autre bac. De sorte à ne pas mélanger les matières. Des gestes simples que la sage-femme coordinatrice a dû rappeler par voie d’affichage en début d’été après avoir vu des tétines vissées sur le biberon dans un bac.

Une année transitoire

Pour ne pas mettre ses fournisseurs au pied du mur, la maternité a choisi de conserver son habitude de rotation des quatre fournisseurs encore cette année. Mais cette situation est transitoire. « Nous avons adressé un courrier aux laboratoires, leur précisant qu’un d’entre eux était désormais en mesure de nous fournir en nourettes en verre et qu’à partir de 2022 nous privilégierons cette solution », confie Anne-Lise Ronnat.

La balle est dans le camp des laboratoires. Mais aussi dans le camp des acheteurs en France puisqu’il existe à nouveau une solution alternative au plastique au même tarif. Avant de passer au tout verre, la maternité du CH de La Rochelle a demandé à l’agence Primum Non Nocere, qui l’accompagne sur les questions de développement durable, de comparer les cycles de vie d’une nourette en verre (l’actuelle est produite en Espagne), et de son pendant en plastique.

Montrer l’exemple aux parents

« Plus que le bilan carbone, l’important tient dans le fait que le verre est un matériau inerte dans lequel le lait ne peut être contaminé par du microplastique, ou des perturbateurs endocriniens… », tranche Anne-Lise Ronnat. « Pour nous, il est important d’essaimer les bonnes pratiques. Actuellement, nous montrons l’exemple aux parents. Jusque-là nous leur conseillions d’acheter des biberons en verre pour la maison, mais leur donnions des nourettes en plastique… ».

La nouvelle solution semble déjà avoir un effet : la sage-femme coordinatrice estime que passer la dose de lait de 70 ml à 50 ml permet de réduire le gaspillage alimentaire.

 

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