Des achats olympiques et responsables

Près de cinq milliards d’achats seront consacrés à l’organisation des Jeux Olympiques à Paris en 2024, pour lesquels 8 à 10 000 fournisseurs devraient apporter leur savoir-faire. Les marchés publics olympiques sont résolument placés sous le signe du développement durable, avec des engagements ambitieux dans cinq domaines : l’impact environnemental, la création de valeur pour les territoires, l’innovation sociale, l’inclusion des personnes en situation de handicap et l’économie circulaire.

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Les JO sont un évènement colossal. L’équivalent de l’organisation simultanée de 43 championnats du monde avec toutes les disciplines représentées. Il n’est donc pas étonnant que le budget consacré des achats se monte à environ 5 milliards d’euros, répartis quasiment à part égale entre deux structures, l’association Paris 2024, pilote de l’organisation, et Solidéo, société de livraison des ouvrages olympiques, chargée de construire les infrastructures qui n’existent pas encore.

Les deux structures sont soumises aux règles de la commande publique, ce qui rend l’exercice délicat car certaines opérations seront menées en association avec des partenaires privés et que nombre d’obligations sont imposées par les cahiers des charges du Comité international olympique (CIO).

Une seule stratégie et cinq axes

« Il faut concilier sécurité juridique, fluidité opérationnelle car nous n’aurons pas le droit d’être en retard et l’efficacité économique avec un budget contraint même s’il est significatif », a résumé Olivier Debargue, directeur des achats de Paris 2024, lors d’une conférence tenue pendant le dernier salon HandiHA. Devant l’ampleur de la tâche, les organisateurs espèrent que les entreprises seront au rendez-vous. D’ici la cérémonie de la flamme, 8 à 10 000 fournisseurs devront apporter leur pierre à l’édifice dans d’innombrables domaines : communication, logistique, événementiel, sécurité, transports, restauration, services médicaux…

Le patron des achats olympiques a insisté sur le caractère résolument responsable de la démarche. « Nous n’avons pas plusieurs stratégies. On n’en n’a qu’une et elle est responsable. » Cinq axes vont structurer l’engagement de Paris 2024. Aux côtés des classiques – l’impact environnemental et la création de valeur pour les territoires – figurent aussi l’innovation sociale et l’inclusion des personnes en situation de handicap « un pilier en tant que tel, au même niveau que le reste ». L’économie circulaire fait figure de cinquième élément. « On veut faire en sorte, dès la conception de nos achats, de réfléchir à l’après Jeux », a expliqué Olivier Debargue.

Des contrats pour déjà 122 entreprises de l’ESS

En plus d’un site de référencement ouverte à toutes les entreprises, une autre plateforme, « ESS 2024 » cible les prestataires de l’économie sociale et solidaire. Outre les marchés potentiels, elle fournit de l’information et de l’aide à la fois aux acheteurs (clausiers, critères) et aux soumissionnaires potentiels (assistance à la formalisation de la réponse, à la création de groupements avec d’autres prestataires de l’ESS ou des entreprises ordinaires). Le système porte ses fruits. Fin 2020, 122 ESS ont déjà bénéficié de contrats olympiques comme titulaires de marchés ou sous-traitants.

Paris 2024 souhaite marquer les esprits dans la durée. C’est pourquoi la stratégie d’achat responsable sera volontairement partagée avec tous les partenaires, essentiellement d’importantes multinationales. Les organisateurs parient sur un effet démultiplicateur de l’impact et la création d’un « héritage ». « Par définition, ces grandes entreprises sont là pour longtemps. Elles ont des marchés qui vont être réguliers. Et donc derrière Paris 2024, ce ne sera pas le grand vide. »

Les conditions pour monter sur le podium

Comment seront jugés les fournisseurs des futurs JO ? Un système d’évaluation a été imaginé, avec le bronze, l’argent et l’or. Le premier stade correspond à une offre conforme, respectant la législation du droit du travail, de la sécurité, de l’environnement. Mais Paris 2024 visera plus haut avec l’argent. « On parle ici de très hauts niveaux de performance et c’est plus à ce niveau que se situera l’ambition de nos appels d’offres et de nos cahiers des charges ». Et pour certains besoins ciblés, les Jeux viseront, avec l’or, l’excellence avec une approche innovante dans la manière de concevoir, produire, utiliser, réutiliser le produit ou le service.

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