Carte d’embarquement recyclage pour les tenues du groupe ADP

Quasiment 21 tonnes de vêtements professionnels et uniformes du groupe Aéroports de Paris ont bénéficié d’une seconde vie sous forme de recyclage, de transformation ou de réutilisation à l’occasion d’un projet qui a fait aussi coup double en sollicitant plusieurs structures de l’économie sociale et solidaire.

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Au moins 3000 salariés du groupe ADP (Aéroports de Paris) portent un uniforme ou une tenue. Commerciaux au contact des passagers et des compagnies aériennes, équipes de maintenance dans les ateliers techniques, pompiers, services d’intervention et d’aide aux personnes handicapées ou à mobilité réduite, opérationnels qui interviennent dans les parcs et accès, dans les zones réservées…

34 260 pièces récupérées

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Soit plus de la moitié du personnel de l’entreprise. « Lorsqu’on ajoute les occasionnels du service hivernal, on monte à 5000 », a précisé Marc Levasseur, chargé des achats responsables au groupe ADP, lors du dernier webinaire du Programme achats circulaires et solidaires, dispositif porté par la Métropole du Grand Paris, les Canaux, l’Institut national de l’économie circulaire et l’Obsar, en partenariat avec le CGDD.

De tels volumes amènent le groupe ADP, soumis au Code de la commande publique, à passer des marchés pour renouveler ses stocks environ tous les cinq ans. Lors du dernier renouvellement, la structure décide de gérer différemment la fin de vie des vêtements. En donnant la priorité au recyclage et à l’économie circulaire. Collectées devant les endroits où les salariés passent régulièrement comme les restaurants inter-entreprises (RIE), 34 260 pièces, d’un poids total de 20 695 kg, sont ainsi été stockées puis triées, en fonction de leur état. Avant de connaître une seconde vie.

Fabrication de fibres isolantes et de sacs

Un peu plus d’un quart du volume (5385 kg) est effiloché. « Des vêtements et uniformes pour lesquels il n’y avait pas de possibilité envisageable de réutilisation », a expliqué Marc Levasseur. Les fibres obtenues à partir de 13 971 pièces (pantalons, chemises, vestes…) sont destinées à devenir des isolants pour l’habitat et l’automobile.

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Un tiers du stock (6319 kg) est transformé. Les anciennes tenues se métamorphosent en sacs réutilisés par le groupe. Ou sont réemployés lors de la confection de vêtements de prêt à porter. Le reliquat (8871 kg, 43 %) fait l’objet de dons. Notamment à des associations (Croix Rouge, Emmaüs, La cravate solidaire) s’agissant des vêtements les plus passe-partout.

Recours aux entreprises de l’ESS

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Mais aussi à des homologues malgaches, grâce à la Fondation ADP. Des tenues quasi-neuves, qui ont été débarrassées de leurs sigles, et proposées « à des professions qui avaient le même besoin dans d’autres aéroports que les utilisateurs initiaux ». Résultat : seul 1 % des pièces (sigles, logos, bandes réfléchissantes…) a fait l’objet d’une destruction (120 kg).

 

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L’opération se démarque aussi par son caractère responsable et solidaire. La récupération des vêtements et le tri ont été assurées par First Stade, une association d’insertion spécialisée dans la logistique. La fabrication des sacs à partir des tenues a été confiée à l’ESAT de Chennevières. Et c’est une autre association, Renaissance, dont l’objectif est de réinsérer des chômeurs de longue durée, qui a repris des chemises, des gilets, des ceintures, jusqu’à des boutons (7515 pièces), afin d’imaginer de nouveaux vêtements, créations qui ont donné lieu à un défilé au Palais Royal en 2020.

Coût : environ un euro par vêtement

Le tout pour un coût modique puisque la facture totale s’élève à 25 874 euros, dont la moitié consacrée à la fabrication des sacs par l’ESAT. A quoi il faut en fait soustraire la somme que le groupe aurait dû consacrer à la gestion des déchets. Sans compter la réduction du bilan carbone. « Nous sommes donc dans des ratios raisonnables qui ne sont pas dissuasifs », a mis en avant le responsable de l’achat responsable du groupe ADP. Un retour d’expérience bien utile dans la perspective de l’application de la loi AGEC, à l’image des marchés de l’eurométropole de Strasbourg (lire notre article du 9 juin 2021), d’autant que les vêtements professionnels font partie des segments concernés par les quotas de produits issus du réemploi, de la réutilisation ou comprenant des matières recyclées.

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