Calculer l’impact environnemental des médicaments rejetés dans les eaux usées

L’Université de Nîmes a mis au point une technique pour mesurer l’impact environnemental des médicaments rejetés par un établissement de santé. Et livrer un indicateur global. Le CH de Niort a initié une réflexion avec l’agglomération, l’ARS et la CPAM pour élargir la réflexion à l’échelle d’un territoire pour mieux comprendre la répartition des rejets entre les différentes sources.

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Un outil simple à utiliser sera-t-il bientôt disponible pour les établissements de soins qui veulent mesurer l’impact environnemental de leur consommation de médicaments ? C’est ce qu’espèrent des chercheurs de l’Université de Nîmes, à l’origine d’un projet baptisé SIP2E. Pour Système d’information des produits pharmaceutiques dans l’environnement.

Fournir un indicateur

Benoit Roig et Audrey Courtier

Menée par Benoit Roig, depuis devenu président de l’Université de Nîmes, une équipe de chercheurs et d’hospitaliers a mis au point un outil de diagnostic. « Aujourd’hui il y a peu de réglementation concernant les rejets de molécules médicamenteuses par les hôpitaux, mais cela pourrait ne pas tarder à arriver », estime Audrey Courtier, qui fut ingénieur d’étude sur SIP2E. L’objectif du projet était d’être en mesure de fournir à un établissement de soins un indicateur d’impact global sur son environnement proche.

Comment ? En croisant la quantité de médicaments prescrite (molécule par molécule), la consommation d’eau (pour mesurer les taux de dilution), la quantité de molécules rejetées par l’organisme (taux d’excrétion, fourni par la littérature scientifique), et pour chaque molécule, sa toxicité, son taux d’absorption par l’organisme (bioaccumulation) et sa persistance dans l’environnement (éléments modélisés à l’aide de deux logiciels dont PBT Profiler). Une fois ces chiffres moulinés, l’établissement peut savoir quelles sont les molécules proportionnellement les plus dangereuses pour l’environnement.

Niort : réflexion à l’échelle du territoire

L’indicateur a été calculé une première fois pour un établissement de gériatrie à Tarascon en 2015 et en 2016. Il a permis d’analyser 66 molécules. C’est une façon de savoir si globalement l’établissement améliore ou pas son impact environnemental d’un an sur l’autre. Cette année, le centre hospitalier de Niort compte aller plus loin. Après avoir fait calculer son indicateur pour 2016, il est en train de compiler les informations nécessaires pour obtenir celui de 2020, mais aussi celui du territoire.

Bernard Jourdain

Pour cela, Bernard Jourdain, chargé du développement durable du CH, a constitué un groupe de travail avec le service d’assainissement de l’agglomération Niort Agglo et le service des eaux (pour mesurer l’impact environnemental avant et après épuration), l’Agence Régionale de Santé Nouvelle Aquitaine (qui finance le projet via le plan régional Santé Environnement), la CPAM (pour récupérer les données de consommation de médicaments sur le territoire), le pharmacien du CH…

Un impact envisageable sur les prescriptions

« Nous allons faire analyser les principales molécules en quantité et en dangerosité, avec les outils et la participation de l’Université de Nîmes », résume Bernard Jourdain. Son objectif : comparer l’impact environnemental du CH à celui de la médication à domicile sur tout le territoire de la ville. Et comprendre la part de chacun. L’établissement espère que le résultat débouchera sur une réflexion et des solutions à l’échelle du territoire, et pas seulement au niveau de l’hôpital.

Aujourd’hui, le projet est officiellement terminé. Mais les recherches continuent. Si elle trouvait un nouveau financement, l’Université de Nîmes pourrait créer un outil assez simple à manipuler par les établissements eux-mêmes, pour obtenir leur indicateur et comparer ce dernier, année après année. Plus intéressant encore, le système pourrait permettre d’évaluer les médicaments en amont. Il serait alors possible d’adapter les prescriptions dans les cas où plusieurs molécules ont un service médical rendu assez similaire mais un impact écologique différent.

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