Nettoyage : l’hôpital privé Dijon-Bourgogne change de braquet

Dans le cadre d’une démarche RSE, l’hôpital privé Dijon-Bourgogne (Ramsay Santé) s’est doté, cet été, de nettoyeurs vapeur pour les entretiens « approfondis ». Quelques mois plus tard, l’établissement envisage déjà d’élargir le champ d’actions de ces machines qui nécessitent moins de lavages, donc moins de produits chimiques. Et limitent la pénibilité du nettoyage.

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2022 aura marqué un tournant pour l’Hôpital privé Dijon-Bourgogne en matière d’entretien. Depuis cet été, on peut y croiser des agents armés d’un nettoyeur vapeur, et plus seulement de balais à bandeaux en microfibres. « Tout est parti d’audits de travail dans un contexte où une commission RSE se mettait en place. J’ai pu constater la pénibilité de certaines tâches comme les (nettoyages) approfondis, mais on a voulu agir aussi sur le risque de projection des produits nettoyants, l’impact de la chimie sur notre environnement, le coût des produits d’entretien et, chose qu’on a subi pendant la période Covid, sur les tensions en approvisionnement », explique Stéphanie Bouchard, responsable ASH au sein de l’établissement du groupe Ramsay Santé.

Rompre le cercle vicieux

« En fait, les approfondis dépendent du biofilm laissé par les produits de nettoyage. Ce biofilm fait que le bandeau de microfibre préimprégné accroche – et rend le travail pénible (nettoyer tire sur les épaules des agents), et que l’entretien n’est pas optimal. Un approfondi doit être prévu environ quatre fois par an pour capter ce biofilm », poursuit la gouvernante.

Or l’audit de charge de travail a montré que les approfondis duraient plus d’une heure trente, et que leur fréquence était supérieure au rythme trimestriel « du fait des produits d’entretien. Ils se déposent au fur et à mesure, et plus la fréquentation augmente, plus on nettoie et en conséquence plus on encrasse. C’est un cercle vicieux », observe Stéphanie Bouchard, qui compte dans son périmètre d’intervention l’entretien de tout l’établissement (20000m²) sauf le bloc opératoire, la lingerie et la restauration, et qui est à la tête de 32 agents dont deux lingères.

Utiliser moins de produits d’entretien

Dans ce contexte, l’hôpital privé de Dijon a décidé de l’achat de trois nettoyeurs vapeurs. Ces systèmes permettent de décaper sans produit ajouté à l’eau, au prix d’environ 6000 €/pièce. Il s’est aussi équipé de 8 centrales de dilution. Cette machine, qui mélange le produit d’entretien et l’eau automatiquement, sert désormais à pré-imprégner les bandeaux et autres lavettes, et ce, sans générer d’éclaboussures sur les agents. Autre avantage, elle permet des dosages plus précis : la quantité de produit dépend du nombre de bandeaux à pré-imprégner, sans les mouiller.

Stéphanie Bouchard

Conséquence de cette juste dose : « on constate déjà dans certains services qu’on utilise moins de produits nettoyants, et ce alors que nous avions déjà fait un gros travail sur la diminution de la chimie puisque notre consommation a diminué de moitié en 2021 par rapport à 2020. Nous espérons la réduire encore un peu cette année. Du plus, nous baissons aussi nos dépenses », estime Stéphanie Bouchard, qui aura des statistiques début 2023. La gouvernante espère aussi qu’un nettoyage de chambre avec salle de bain passe de 1h30 à 1h une fois le nettoyeur vapeur rentré dans les habitudes. « Il faut une année que pour les agents s’approprient le système complètement », selon elle.

Prévoir un temps d’adaptation

Pour en arriver là, il a fallu sensibiliser les équipes. Et notamment mettre fin à certaines croyances selon lesquelles un nettoyage sans désinfectant est inefficace. « Nous avons réexpliqué le Cercle de Sinner (théorie qui montre la nécessité de quatre composantes pour le nettoyage : temps, température, action mécanique et action chimique, dont une peut être diminuée à condition d’augmenter une ou plusieurs autres, NDR) », concède Stéphanie Bouchard.

En amont, le fournisseur a formé tous les agents (2/3h dans des conditions réelles) et, de façon plus poussée, les deux chefs d’équipe. Ainsi chacun a pu être accompagné lors de sa première utilisation du nettoyeur vapeur juste après la formation et l’est à nouveau lors d’actions moins fréquentes comme le détartrage. La centrale de dilution, pour sa part, ne nécessite pas de connaissance particulière pour l’utiliser.

Ne pas bousculer les équipes

Après ces premiers mois encourageants, Stéphanie Bouchard espère étendre le nettoyage vapeur au-delà des approfondis, par exemple pour l’entretien des chambres à la sortie des patients. « On se laisse une année pour ne pas bousculer les équipes », précise-t-elle. « Nous sommes également en réflexion pour nettoyer certains sols à l’eau. Sachant que nous avons déjà passé nos trois autolaveuses à l’eau et non plus aux produits d’entretien depuis un an. Ceci a généré moins d’encrassement donc cela demande moins d’approfondis ». C’est cette fois un cercle vertueux. Et la gouvernante de conclure : « C’est long à mettre en place, il faut un an minimum mais le résultat est positif. Il faut s’accrocher ».

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