Navette sans chauffeur à l’oncopole de Toulouse

L’institut universitaire du cancer Claudius Regaud de Toulouse propose à ses patients l’aller-retour en navette électrique sans chauffeur entre son parking et l’entrée de l’établissement. Un service qui pourrait se développer dans le futur pour tous les sites sanitaires à stationnements éloignés.

© EasyMile

Elle pourrait faire partie de la panoplie de tout « campus santé du futur », comme celui de Toulouse se dénomme. A l’institut universitaire du cancer Claudius Regaud implanté dans la capitale occitane, une navette électrique achemine doucement les patients arrivés en voiture, du parking à 600 m jusqu’à l’entrée de l’établissement. Un confort, au sujet duquel une étude est en cours, qui pourrait faire florès dans le paysage médical.

Système expérimenté jusqu’en 2023

Cette navette est autonome, sans chauffeur. Six places assises, deux debout avec appui et barre d’accroche, on peut y tenir jusqu’à douze. Un fauteuil roulant a la possibilité d’y accéder grâce à une rampe électrique. A petite vitesse, 13 km/h, les 600 m sont parcourus en 4 minutes.

Cette navette n’est pas en service définitivement. C’est une expérimentation, jusqu’en 2023. EasyMile, le constructeur toulousain, teste son véhicule dans le cadre du projet gouvernemental EVRA (Expérimentation de véhicule routier autonome) qui doit affiner les conditions de circulation sans chauffeur sur voie publique, à inscrire dans une loi prévue pour la fin de l’année.

Passagers tranquilles

© EasyMile

Entre le parking et l’entrée, la double voie est relativement passante. Outre la circulation automobile ordinaire d’une zone périurbaine, bien des malades, des personnels de l’institut ou des visiteurs font le trajet à pied. D’autres, sur cet axe, arrivent à vélo. En ce moment, il y a aussi les ouvriers du futur téléphérique qui ouvre dans quelques semaines. L’oncopole est sa dernière station en provenance de l’université et de l’hôpital de Rangueil, de l’autre côté de la Garonne. Le trafic va encore grossir.

Pour le moment, la navette ne roule qu’aux heures de plus grande affluence, entre 7h30 et 10h30, puis de 15h30 à 18h30, en complément d’un minibus qui fait, lui, l’aller-retour entre le parking et l’entrée, toute la journée. « C’est parfait ! Nous ne remplaçons pas des lignes de transport régulières, explique Lucas Yon, chargé de communication chez le fabricant toulousain. Au début, les gens regardent, observent l’intérieur, puis se laissent emporter et retournent à leur smartphone, ce qui nous va très bien, nous qui voulons leur apporter la même tranquillité que dans un bus ou un autre transport public. »

La gestion des parkings déportés

Le constructeur a confiance. L’expérience devrait réussir. L’échec, ce serait l’accident avec un piéton, un cycliste, une trottinette ou plus grave, avec une voiture, un camion. Ou si le système de contrôle à distance du véhicule est pris en défaut. « Nous avons beaucoup travaillé sur sa fiabilité. En cas de problème, les passagers peuvent appuyer sur un bouton d’urgence. Notre centre de contrôle est à 10 km, nos équipes arriveraient en quelques minutes. Un des grands défis techniques, pour nous, consistait à réduire le temps de latence que créent les liaisons par internet. Dans ce domaine, la 5G nous aidera. Nous avons développé un ensemble de systèmes qui permettent d’améliorer et de surveiller cette latence. Sans cela, nous n’aurions pas été autorisés à mener l’expérience », indique Lucas Yon.

© EasyMile

Pour EasyMile, la réussite de l’expérience est fondamentale. Ainsi que pour Alstom, qui a installé des feux déclenchés par la navette sur un rond-point, le long du parcours, pour qu’elle y entre en toute sécurité. Il s’agit pour eux, dans un contexte de développement des mobilités « douces » (lentes sur de courtes distances), de percer dans la gestion de parkings déportés. Il s’en crée de plus en plus en plus, sur des sites de toute nature qui veulent maîtriser leur circulation automobile. Les sites universitaires et les campus sanitaires en font partie. Seule limite, le confort d’une navette comme celle-ci se paie en centaines de milliers d’euros tous services compris, véhicule, maintenance, licences informatiques, etc.

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