PLFSS 2023 : les entreprises du médicament inquiètes

Les entreprises du médicament ont, d’une même voix, exprimé leur inquiétude concernant le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023. Selon elles, le texte, en l’état, ne permet pas de répondre aux enjeux d’innovation et de souveraineté industrielle, ni de répercuter l’augmentation des coûts de production sur les prix des médicaments.

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« Faire de la France la première nation européenne innovante et souveraine en santé ». Dix-huit mois après le Conseil stratégique des industries de santé 2021 et du plan « Innovation Santé 2030 » toutes les composantes des laboratoires français et internationaux étaient, jeudi 13 octobre, réunies autour du Leem pour dénoncer un projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2023 en décalage total avec ces aspirations.

Un PLFSS qui est « une douche froide », résumait Philippe de Pougnardoresse, DG d’Ipsen France et représentant les entreprises françaises de taille moyenne. Débattu à l’Assemblée nationale à compter du 20 octobre, le texte est, en l’état, « un coup d’arrêt brutal à la dynamique positive » engagée depuis quelques années, selon le président du Leem, Thierry Hulot.

Arrêt de certaines productions

Côté chiffre d’abord : alors que les Français devraient dépenser en médicaments 26,4 milliards d’euros en 2023, le PLFSS prévoit un remboursement limité à 24,6 milliards d’euros, soit un manque de près de deux milliards d’euros qui « confisque toute croissance », pointe Thierry Hulot. La situation est d’autant plus sensible qu’elle se heurte au contexte inflationniste actuel (électricité + 86 %, gaz + 300 %).

Résultat : avec un PLFSS qui prévoit une baisse de prix des médicaments de 800 millions d’euros, « les PME français du médicament sont en danger » alerte Karine Pinon, CEO des laboratoires X.O. et Nodem Pharma, présidente de l’AMLIS (Association des moyens laboratoires et industries de santé). A l’instar d’autres laboratoires, un membre de l’AMLIS arrêtera prochainement 8 de ses 35 AMM afin de préserver sa rentabilité, illustre-t-elle.

Un risque pour la souveraineté nationale

Les mesures incriminées mettraient également en péril la souveraineté industrielle et sanitaire. Le paracétamol codéiné, le soluté de bicarbonate de sodium ou le chlorure de sodium ne seraient d’ores et déjà plus fabriqués en France fin 2022. Alors que, dans la foulée du plan Innovation France 2030, les industriels avaient décidé de « mettre le paquet sur les investissements santé en production, R&D et relocalisation » selon Philippe de Pougnardoresse, « ce PLFSS est clairement […] un demi-tour qui pourrait même être un coup d’arrêt […] portant atteinte à l’attractivité du territoire », alerte Audrey Derveloy, présidente de Sanofi France et représentante du G5 Santé.

Même craintes du côté de Corinne Blachier-Poisson, présidente d’Amgen France : tandis que certaines innovations ne sont déjà plus prises en charge par la solidarité nationale comme les nouveaux traitements de la migraine ou ceux de certains cancers du poumon, celle qui préside également l’Agipharm entend là « un signal désincitatif, à contre-courant de l’élan initié par le président de la République. »

Face à un PLFSS qui, selon eux, ne leur permet pas de répondre aux enjeux majeurs de l’industrie pharmaceutique, notamment « l’innovation pour assurer demain l’accès aux dernières thérapies innovantes » et « la reconstruction de notre souveraineté industrielle », les professionnels adressent donc, par la voix du président du Leem, « un appel au gouvernement extrêmement ferme » pour revisiter le texte.

 

 

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