La téléradiologie des urgences dépasse le statut de simple outil de gestion de crise

L’activité d’IMADIS, service de radiologie d’urgence à distance, ne cesse d’augmenter avec près de cent hôpitaux utilisateurs d’une solution qui fournit l’interprétation d’images médicales de manière permanente, jour et nuit. L’entreprise va ouvrir en 2022 deux nouveaux centres de garde qui s’ajouteront aux cinq existants. Une croissance que son président, Vivien Thomson, explique par la confiance accordée à la télémédecine et à la maturité grandissante d’hôpitaux qui intègrent désormais le dispositif dans leur projet d’établissement.

97 hôpitaux partenaires. Et environ un million d’examens réalisés depuis le début de son activité. Que de chemin parcouru par IMADIS, spécialiste de la téléradiologie, depuis sa création en 2008, à l’initiative de plusieurs praticiens des HCL. « Nous proposons une offre très spécifique dans le monde de la télémédecine. Dès le départ, l’entreprise a voulu se focaliser sur les urgences, avec une forte valeur ajoutée, car dans ce domaine la radiologie a un impact considérable sur la prise en charge des patients », explique d’entrée Vivien Thomson, co-fondateur et président d’IMADIS. En effet, selon une étude menée en 2014 par la Société française de radiologie, 40 % des consultations aux urgences donnent lieu à une imagerie.

Répondre aux besoins d’examens 24 h sur 24

La jeune entreprise apporte une solution à plusieurs problématiques. Evidemment fournir les services d’un expert dans les zones géographiques où les spécialistes manquent cruellement. Selon un rapport du Centre national de gestion, le taux de vacance des postes à l’hôpital atteignait, en janvier 2018, 39,8 % chez les radiologues à plein temps, et 55,7 % pour les praticiens à temps partiel.

Vivien Thomson

Mais aussi procurer un appui pendant des plages horaires où il est plus compliqué d’avoir toujours des professionnels sous la main, notamment de 23 h à 8 h du matin. « 70 % de notre activité se déroule de nuit. Et c’est après minuit que nous prenons en charge le plus grand nombre d’hôpitaux », indique Vivien Thomson. De quoi permettre aux établissements de redéployer des ETP en journée.

Mettre les radiologues dans des conditions de travail optimales

La force d’IMADIS est sans conteste son organisation huilée. « Nous avons fait le choix de ne pas confondre les concepts de télétravail et de télémédecine », met en avant son président, « nos radiologues ne travaillent pas de chez eux, mais dans nos centres de gardes ». Il en existe actuellement cinq (Lyon, Bordeaux, Marseille, Saint-Étienne et Rennes) qui peuvent intervenir sur l’ensemble du territoire. Des structures conçues avec un credo, celui d’apporter un maximum de confort de travail, de l’ergonomie des postes de travail aux outils numériques équipés d’algorithmes d’intelligence artificielle, en passant par la gestion du bruit et de la lumière.

Le processus imaginé concourt à la fois à la fluidité de la prestation et à la concentration maximale des radiologues sur l’interprétation des images. Lorsqu’un médecin urgentiste sollicite IMADIS, un radiologue régulateur valide la pertinence de la demande d’exploration, puis attribue un protocole qui permettra au manipulateur de l’hôpital de réaliser l’examen. Les images sont ensuite transmises par voie sécurisée, puis analysées. « Le rôle du radiologue ne s’arrête que lorsqu’il s’est assuré que son confrère urgentiste a bien reçu et compris le compte-rendu », insiste Vivien Thomson.

16 minutes en moyenne entre l’arrivée des images et l’envoi du compte-rendu

Résultat : ces conditions permettent d’établir des diagnostics rapides et fiables nuit et jour, 24 h sur 24. Délai moyen : 16 minutes entre l’arrivée des images et l’envoi du compte-rendu. Et même 9 minutes pour un AVC. « C’est notre marqueur qualité, la tête de proue de notre réactivité », commente le président de l’entreprise.

Autre conséquence : cette approche permet à l’entreprise de puiser dans un vivier de 300 professionnels, libéraux ou hospitaliers, qui interviennent en activité complémentaire. « Les conditions de travail moins stressantes, sans interruption de tâche grâce au régulateur, contrastent avec celui de l’hôpital. Les radiologues sont aussi attirés par l’intérêt intellectuel, le travail collectif avec d’autres professionnels aux expériences différentes », observe Vivien Thomson.

Des hôpitaux de plus en plus matures sur le sujet

L’activité connaît une hausse considérable depuis quelques années, avant même la pandémie. IMADIS, qui va ouvrir deux nouveaux centres à Clermont-Ferrand et Dijon, ambitionne de recruter 80 médecins en 2022. « Un cap psychologique a été franchi. La confiance globale dans la téléradiologie a grandi. Elle est aujourd’hui une offre de soins éprouvée. La technique n’est plus perçue par les hôpitaux comme un outil de gestion de crise, mais comme un élément s’intégrant dans un projet d’établissement, dans une réflexion d’organisation des services », observe-t-il.

Par ailleurs, « il ne s’agit pas d’une télémédecine évanescente et désincarnée. Les hôpitaux peuvent venir visiter nos centres et rencontrer nos équipes ». Alors existe-t-il encore des freins ? « Non, pas vraiment, répond Vivien Thomson, ce qui prend encore du temps, c’est d’expliquer notre travail aux équipes médicales, de les accompagner. Il faut aussi montrer patte blanche aux DSI dans un contexte marqué par une augmentation du risque de cyber-attaque ».

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