Une journée ordinaire au CH d’Arles

Passer une journée dans les coulisses d’un centre hospitalier avec les travailleurs de l’ombre qui font tourner cette énorme machine, c’est entrer dans la vie intime de l’hôpital. Les professionnels de la logistique et des services techniques ne sont jamais sous les projecteurs des plateaux télé ni à la une des magazines, mais sans eux rien ne serait possible. Nous avons donc décidé de partager avec eux une journée ordinaire. Pour le premier opus de cette nouvelle série, le centre hospitalier d’Arles nous a ouvert ses portes. Visite guidée…

Stéphan Lautier, technicien hospitalier, devant le groupe électrogène © JFG
Stéphan Lautier, technicien hospitalier, devant le groupe électrogène © JFG

Il est six heures, le jour ne va pas tarder à se lever. Au sous-sol, la mélodie commence. Sur leurs laveuses autoportées, les agents du service nettoyage sont déjà à pied d’œuvre alors que ceux du service manutention s’affairent afin d’évacuer les containers de déchets. Pas loin de cent tonnes éliminées l’an dernier. Ils procèdent également au transfert des chariots repas de la veille et à la première collecte de linge sale de la journée. Abdelmajid El Amari veille à la manœuvre, il est temps pour ses agents d’acheminer vers chaque office les caisses de pharmacie, les armoires à linge et les repas.

Essai du groupe électrogène

Comme chaque matin, tout est parfaitement rodé. Mais aujourd’hui nous sommes jeudi et c’est ici une journée particulière. Il est 6 h 45. Comme tous les deuxièmes jeudi de chaque mois, électriciens et agents du PC sécurité vont accomplir la procédure d’essai des groupes électrogènes. Là, on peut réellement dire que tout se règle à la seconde près.

Pascal Roseau responsable électricité © JFG

Hors de question de prendre du retard car, comme tous les mois à la même heure, l’hôpital sera privé d’électricité durant dix secondes, le temps que les groupes électrogènes prennent le relais du réseau EDF. Pendant 45 minutes, l’œil rivé sur sa montre, Pascal Roseau, le chef d’équipe, sera alors le maître du temps.

Un protocole de 22 étapes

C’est sans doute l’intervention la plus impressionnante que pilotent les services techniques du centre hospitalier : s’assurer du bon fonctionnement des groupes électrogènes en suivant un protocole détaillé qui ne compte pas moins de 22 étapes ! Le top départ est lancé, six agents sont sur le pont. Les électriciens prennent des mesures et font les relevés préliminaires. Les ascenseurs de l’hôpital sont ensuite immobilisés au rez-de-chaussée, le temps que les groupes entrent en fonction.

La remise en tension © JFG

Dès que le PC sécurité donne son feu vert, les électriciens commencent les grandes manœuvres et simulent une panne d’alimentation générale. La réa, les unités de soins intensifs et les blocs opératoires restent alimentés par des onduleurs avant la reprise du fonctionnement optimal.

 

Les groupes électrogènes prennent le relais à pleine charge durant une demi-heure, celui de remplacement tout d’abord, celui de sécurité ensuite. Dans le local insonorisé qui les abrite le vacarme est assourdissant, on ne peut y pénétrer qu’avec un casque insonorisant. Toujours en fixant sa montre, le chef d’équipe supervise les contrôles en charge. L’intervention touche à sa fin et l’alimentation EDF est rétablie : 20 000 volts, pas moins ! À 7 h 30 précises les groupes électrogènes se taisent.

Cinq tonnes de linge et 1400 repas

© JFG

Dans les cuisines et à la blanchisserie cela fait déjà une demi-heure qu’on s’active, mais tous sont en ordre de bataille : magasin central, standard, garage, maintenance, ateliers, chaufferie… Chacune des dix équipes des services logistiques a commencé sa journée. À la cuisine et à la blanchisserie on s’apprête à relever un défi quotidien.

À côté du spectacle offert à 6 h 45 par les électriciens lorsqu’ils ont lancé les groupes électrogènes, on pourrait croire que ce n’est pas grand-chose, mais c’est bien une véritable performance que les équipes de Benoit Rotty réalisent : cinq tonnes de linge seront lavées aujourd’hui !

 

Benoit Rotty responsable blanchisserie et Nathalie Garcia référente lingerie © JFG

Un manège incroyable lorsque l’on voit à quelle cadence le linge est trié avant d’être déversé dans les tunnels de lavage, puis rincé, séché, pressé, repassé et orienté vers les agents qui sont capables, en scannant les codes des vêtements, de savoir à quel médecin appartient la veste qui passe sur le tapis, et combien de fois elle a été lavée…

 

 

© JFG

En cuisine, les 27 agents de Jérôme Rousseau s’activent également. À la fin de la journée, après avoir préparé 280 kilos de fruits et légumes et cuisiné 250 kilos de viandes et de poissons, ils auront sorti pratiquement 1 400 repas. À Arles, la cuisine s’inscrit dans la tendance actuelle : circuits courts, produits frais, fabrication maison…

 

Dans les entrailles de la chaufferie

Gery Crombe responsable maintenance © JFG

Dans le bâtiment technique du centre hospitalier, Gery Crombe nous attend pour nous faire découvrir la chaufferie, le château d’eau et les unités de production de froid situées sur le toit de son domaine. Il les pilote depuis son unité de gestion technique centralisée, les yeux rivés sur deux écrans de contrôle.

 

 

Le centre hospitalier consomme chaque année 9 600 000 kWh de gaz et plus de 90 000 m3 d’eau. Gery est passionné par son métier, si nous l’avions écouté nous l’aurions suivi dans les méandres des conduits aérauliques et les cuves du château d’eau ! Passionnés, dans les services de la direction des achats et des ressources matérielles du centre hospitalier, tous semblent l’être.

400 000 km par an

Lionel Lenci© JFG

Au point que l’on en vient à regretter de ne passer qu’une seule journée avec eux, si fiers qu’ils sont de nous montrer que l’hôpital, c’est eux également : Joffrey Psychopoulos dont les 52 véhicules parcourent chaque année plus de 400 000 kilomètres, Jean-Pierre Bolechala qui connaît chacune des 250 références de son magasin central, Lionel Lenci, le vaguemestre qui traite 49 470 lettres et colis chaque année…

Jean-Pierre Bolechala © JFG

Pendant ce temps-là, les agents de la manutention terminent leur ballet. L’équipe du soir prend le relais de celle du matin. Elle assure le retour des chariots repas du déjeuner, le nettoyage de la zone des déchets, celui des gondoles, monte les armoires à linge et redescend celles qui sont vides, assure un nouveau ramassage des déchets, la distribution des chariots repas du soir et leur retour… Il est temps de partir. Un signe de la main à Nadège Boisset, au standard, et nous laissons le centre hospitalier s’assoupir jusqu’à demain matin…

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