Un bâtiment de stérilisation modulaire au CHU de Reims

À Reims, l’arrivée de nouveaux matériels nécessitait de consolider les planchers du bâtiment de la stérilisation. Pour ne pas interrompre l’activité, indispensable aux blocs opératoires, le CHU a eu l’idée de recourir à la location d’un ensemble modulaire en formule « all inclusive », montage et démontage, fourniture des équipements et maintenance. Prouesse technique, le système, opérationnel depuis février, fonctionnera jusqu’au mois de juin.

© CHU Reims

Le vendredi 10 décembre 2021 n’a pas été un jour comme les autres au CHU de Reims. Dès potron-minet, une noria de semi-remorques (25 au total) a fait son apparition. À leur bord, tous les éléments nécessaires à la constitution d’un bâtiment de stérilisation en kit qu’une grue commence à décharger et à installer comme un gigantesque Lego.

© CHU Reims

Pour comprendre leur présence, il faut remonter encore dans le temps lorsque l’établissement champenois décide de changer ses équipements de stérilisation. « Les matériels étaient sur le point de rendre l’âme. Le taux de panne affectait notre capacité de production jusqu’à atteindre un fonctionnement représentant 30 % de la capacité nominale. Cela devenait impératif de les remplacer », explique Cédric Garot, directeur du patrimoine, des achats et de la logistique du CHU de Reims.

Trouver une solution pour maintenir l’activité de stérilisation

Seul bémol : le poids des nouvelles machines, plus important, implique un renforcement de la dalle du bâti, ce qui nécessite une fermeture du site. Le CHU étudie alors toutes les options. « Il était impensable de mettre en difficulté les blocs opératoires et d’interrompre leur activité à cause de la stérilisation », insiste Cédric Garot.

Vu les investissements nécessaires, de 5 à 6 millions d’euros, reconstruire un bâtiment neuf n’est pas envisageable. Reste l’externalisation. La mutualisation avec des établissements de santé proches est écartée, en raison du coût et de la charge de travail : 8 millions d’unités d’œuvre (nombre de compositions réparties en catégories en fonction du nombre de dispositifs médicaux qu’elles contiennent) par an pour les blocs opératoires et entre 6 et 7 millions pour le bucco-dentaire. « La capacité de la stérilisation du CH de Châlons correspond à nos activités en dentaire », illustre Cédric Garot. La sous-traitance chez un prestataire s’avère compliquée pour la même raison. Il aurait fallu dispatcher le matériel sur plusieurs sites avec des délais de retour de 48 heures.

Formule all inclusive

© CHU Reims

Lors du sourcing, Alexis Bruvril, chargé d’opérations, repère la possibilité, utilisée par les hôpitaux universitaires bruxellois, d’un bâtiment de stérilisation modulaire. Un appel d’offres est lancé pour une solution clef en main, comprenant le montage du bâtiment, la fourniture du matériel, la maintenance et le démontage. Le cahier des charges est élaboré conjointement par les achats, le biomédical, les services techniques et la pharmacie. « Nous nous sommes inspirés de solutions modulaires qui existaient déjà pour d’autres activités tout en tenant compte des besoins en équipements et contrainte d’une stérilisation hospitalière », indique David Rozé, directeur des achats.

Deux entreprises soumissionnent. Et un contrat est passé au début de l’automne 2021. Le CHU identifie un terrain adéquat, un parking qu’il faut évidemment aménager afin d’accueillir le futur local. 60 plots en béton ont été installés afin de soutenir un ensemble comprenant notamment des machines pesant de 600 à 700 kg. Il faut également le raccorder aux différents réseaux (alimentation et évacuation de l’eau, informatique, énergie…). « Nous avons tiré deux câbles, l’un de 400 ampères, l’autre de 250. Car tout le matériel fonctionne à l’électricité. Ainsi qu’une liaison en fibre optique pour assurer le worflow informatisé », détaille Alexis Buvril.

Un bâtiment process adapté au circuit

© JMB

Le bâtiment entre en service le 21 février, après de multiples tests, la qualification des matériels et des processus, et un fonctionnement à blanc. Car la réglementation française est plus draconienne que son homologue belge en l’espèce. « Activité d’une Pharmacie à Usage Intérieur comportant des risques particuliers, la stérilisation nécessite une autorisation spéciale de l’ARS », rappelle le Dr Carine Caulet, pharmacienne et responsable du service. Comme le CHU est locataire des murs et du matériel, « un état des lieux est réalisé comme pour un appartement », ajoute Alexis Buvril.

© JMB

Ce qui frappe le visiteur lorsqu’il entre à l’intérieur, c’est que rien n’indique vraiment qu’il s’agit d’une construction à durée de vie limitée. « Le bâtiment process », comme le qualifie Cédric Garot a été réfléchi pour accueillir toutes les étapes de la « marche en avant » de la stérilisation : réception des armoires, opération de lavage, recomposition des boîtes avec les instruments ad hoc dans le bon ordre, conditionnement en double emballage, passage dans un stérilisateur pendant une heure, stabilisation de la température afin d’éviter les chocs thermiques et la sur-condensation à l’intérieur des boîtes, et enfin chargement des armoires pour le retour vers les blocs.

En fonctionnement jusqu’en juin

© JMB

L’installation dans le bâtiment modulaire a toutefois nécessité des ajustements. « Un quai de réception a été ajouté, ainsi que le vestiaire primaire (endroit où l’on troque ses effets civils pour enfiler la tenue professionnelle de base, NDR) qui n’étaient pas prévus à l’hôpital de Bruxelles », observe le Dr Carine Caulet. L’organisation RH – trente agents se relaient pour que la stérilisation fonctionne de 7 h à 20 h 30 en continu – a, elle aussi, été remaniée. « Nous sommes passés de 1100 m2 à un peu plus de 300 m2, il a fallu bien cadrer les différents postes », enchaîne la pharmacienne, satisfaite de l’installation : « l’équipe tient le rythme de production ».

© JMB

Le dispositif est prévu pour fonctionner jusqu’à la fin du mois de juin prochain, date à laquelle il sera démonté. Car le bâtiment en dur de la stérilisation, doté de son matériel neuf, sera fin prêt et prendra le relais. La facture de la location avoisine les 800 000 euros pour l’établissement de santé. Mais elle a permis d’assurer la continuité du service et la prise en charge des patients. « Ce système peut intéresser d’autres établissements, parce que les unités de stérilisation ont à peu près le même âge et si le choix d’une restructuration in situ est faite, cette solution permet d’assurer une continuité de production », confie le Dr Carine Caulet.

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *