Sobriété énergétique : quand les EHPAD optent pour la méthode  

Il n’est pas facile pour une petite équipe dirigeante d’EHPAD de déterminer les priorités en matière de sobriété énergétique. Certains commencent par se faire conseiller par des spécialistes, et progressent avec méthode. Exemples en région Pays-de-la-Loire.

© Epictura

Les EHPAD partent à la chasse au gaspi. Depuis fin 2022, à l’établissement vendéen « La Sagesse » de Saint-Laurent-sur-Sèvre, les thermostats bloquants ne permettent plus de demander une température supérieure à 23 degrés. Jusque-là le thermomètre pouvait monter jusqu’à 25 ! Dans le département voisin, en Loire-Atlantique, l’EHPAD nantais « Le Bois Hercé » a, quant à lui, décidé de cesser l’éclairage en mode normal de l’ensemble de ses lieux de circulation 24 heures sur 24.

Le Bois Hercé

Pour en arriver-là, ces deux établissements se sont fait épauler par la Mission d’appui à la performance des établissements sanitaires et services médico-sociaux, émanation de l’ARS des Pays de la Loire et de toutes les fédérations du secteur (FHF, FHP, Fehap, Ugecam, Nexem, Synerpa, Uriopss). Via la Mapes, l’ARS et l’Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie (Ademe) financent des audits énergétiques.

« Lors de notre visite en 2022 au Bois Hercé, on a constaté que l’éclairage dans les couloirs fonctionnaient 24h/24 7j/j depuis la construction, une trentaine d’années auparavant », se souvient, encore étonné, Benjamin Choblet, conseiller en maîtrise de l’énergie (CME) pour la Loire-Atlantique au sein du dispositif ETE (Efficacité & transition énergétique).

Les détecteurs de présence font débat

Xavier Relandeau

Début 2023, « la réflexion est toujours entre des détecteurs de présence et des leds à intensité variable et couleur variable pour simuler la nuit avec une lumière bleue et le matin et soir avec une lumière orange », précise Xavier Relandeau, directeur du Bois Hercé de 2015 à 2020, devenu depuis directeur logistique et qualité de l’Association Maison Saint-Joseph qui comprend deux autres établissements : la maison de retraite Saint-Joseph et le Pavillon Madeleine Julien (accueil de jour).

De fait, une des solutions pour réduire l’usage de l’éclairage passe par l’installation de détecteurs de présence. Toutefois ce système ne fait pas l’unanimité dans les EHPAD, car certains résidents peuvent être désorientés par cette solution et chercher (en vain) à éteindre la lumière, mais aussi parce que le personnel de nuit se dit plus en sécurité avec un éclairage constant qui permet de voir l’ensemble d’un couloir. Une alternative consiste à passer à un éclairage de veille.

Vérifier les réglages

S’il reste des freins au changements, les réglages de la chaudière semblent plus faciles à mettre en place. « Au cours de l’audit, ont été recherchées les éventuelles différences entre la température sollicitées et l’effective. Depuis, le chauffagiste a pu procéder aux réglages nécessaires », précise Xavier Relandeau,

De son côté, l’EHPAD La Sagesse (168 résidents installés dans un bâtiment construit en 2009 et un autre restructuré en 2011), à Saint Laurent-sur-Sèvre, a suivi la même méthode en réaction au décret tertiaire qui oblige à prendre le taureau de la transition énergétique par les cornes. « Concernant l’électricité par exemple, nous avions déjà passé l’établissement en leds, nous ne voyions pas quelle étaient nos marges de manœuvre », confie la directrice de l’établissement Vanessa Gaborieau qui poursuit : « Nous nous sommes fait aider par le dispositif ETE, pour des travaux simples avec peu d’investissements ».

S’assurer de la présence d’une isolation

Reda Hajjar

Menée en octobre 2021, la visite du CME a permis un diagnostic en une journée. « On a par exemple réalisé que près de 1000m² de combles n’étaient pas isolés », se souvient Reda Hajjar, CME en Vendée. L’établissement a fait réaliser les travaux dans cette zone après avoir failli renoncer. De fait, il fallait conserver l’accès à des caissons de ventilation au niveau des toits.

Le CME a chiffré le chantier en prenant en compte cette obligation d’accès, et conclu que le jeu en valait la chandelle, malgré quelque 8300 € de frais. Sur ce chantier, il estime le temps de retour sur investissement (TRI) « inférieur à 1 an (sans tenir compte de l’augmentation des prix d’énergie) ». À la suite de l’audit, l’établissement a également fait isoler, par une société conseillée par le CME, les points singuliers (pièces de réseaux d’eau chaude qui complètent la tuyauterie) de son système de chauffage. Chaque geste compte !

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