Conçue dans les années soixante-dix, la cuisine de l’hôpital de Ruffec accuse les années malgré les remises aux normes. Alors que l’équipement produit 230 repas quotidiens (patients, résidents d’Ehpad et personnels), la marche en avant est mise en défaut à plusieurs reprises. Pour Sébastien Coindeau, ingénieur responsable du GIP de l’Angoumois, ainsi que des selfs et du ménage interne au centre hospitalier d’Angoulême dont la direction est commune avec Ruffec, la décision était donc sans appel : le site doit, en l’état, fermer ses portes.
Mais pour quelle alternative opter ? Entre une reconstruction totale des lieux aux investissements exorbitants et une délégation au privé qui pourrait altérer ses valeurs, l’hôpital va choisir une solution plus légère : la délocalisation au groupement d’intérêt public d’Angoulême.
La recette alléchante de la délocalisation
Créé en 2009 par la municipalité d’Angoulême, son CCAS et son centre hospitalier dans le but d’exploiter une cuisine centrale partagée, le GIP de l’Angoumois a, en effet, tout de l’outil culinaire performant : « appuyée par des moyens conséquents, c’est une structure moderne qui garantit une restauration de qualité grâce à la compétence de ses personnels », assure ainsi Sébastien Coindeau. Supervisés par une diététicienne et une responsable qualiticienne gestionnaire des risques, plus de 4 000 repas y sont élaborés chaque jour et livrés aux adhérents auxquels compte aussi, aujourd’hui, l’hôpital psychiatrique Camille Claudel.
« Avec une telle activité, qu’illustrent 2,5 millions d’euros d’achats annuels, le groupement dispose d’une « force de conviction » sans équivalent pour peser sur le tissu local et satisfaire les « exigences Egalim » en matière de références certifiées et durables », explique le professionnel. Résultat : « des menus plus savoureux ». Et une addition qui, à l’image de l’assiette, est objectivement plus attrayante aussi, puisque, au repas fabriqué hier pour 6,80 euros chargés, le GIP oppose, grâce à la massification, une facture minorée de 40 à 50 centimes par unité livrée.
Portes fermées mais postes ouverts
Tous les ingrédients de la réussite étant ainsi réunis, le passage de la cuisine hospitalière en cuisine relais est effective depuis juin dernier… Une nouvelle organisation qu’il a bien évidemment fallu aussi assimiler en interne, « mais l’extinction des fourneaux ne devait en aucun cas signifier la suppression des postes », insiste Sébastien Coindeau.
Certes, sur les 6,5 agents occupés hier à préparer les repas et à les transporter sur plateaux aux offices d’étages, 4 seulement sont désormais nécessaires pour assurer in situ la remise en plats ou assiettes et la logistique d’étage. Néanmoins, deux agents ont été – contre remboursement – mis à disposition du GIP et des recrutements sont même envisagés pour assurer la politique hôtelière conviviale que la cuisine relais va désormais animer, notamment à l’Ehpad et au self du personnel. De quoi rendre la transformation de Ruffec on ne peut plus digeste.