Pierre Nassif supervisera le chantier du futur CHU de Nantes

Il arrive de Caen. Le nouveau directeur du pôle investissements, logistique et nouvel hôpital du CHU de Nantes va surveiller la construction du nouvel édifice d’ici son ouverture en 2027 et préparer la transition de ses équipes.

En poste à Saint-Nazaire de 2000 à 2016, Pierre Nassif a été le seul cadre à suivre de bout en bout la reconstruction de sa cité sanitaire. Depuis la programmation jusqu’après l’ouverture en 2012 et au-delà. Il y avait quatre ans qu’elle « tournait » déjà quand il est parti en 2016 « pour se donner de nouveaux défis ».

Cette expérience a marqué celui qui à 57 ans, vient d’arriver en poste le 1er avril dernier à Nantes avec de nouveau, un hôpital à construire. Le futur CHU de Nantes, d’un coût d’1,2 milliard d’€, est trois fois plus gros. Après un inconfortable changement de maître d’œuvre (lire notre article du 24 novembre 2021), le chantier est sur le point de démarrer, la centrale à béton a été installée. Pierre Nassif est désormais en charge de son bon déroulement.

Huit ans dans le privé

Pierre Nassif est ingénieur de formation (ICAM). A la sortie de l’ICAM, il travaille chez Renault : 18 mois dans le marketing après-vente au Venezuela puis à la direction des audits à Billancourt. « J’ai été un des derniers cadres embauchés immédiatement envoyés deux mois sur la chaîne. Je n’ai jamais pu suivre la cadence. Heureusement, les deux ouvriers devant et derrière moi m’ont aidé. Et m’ont prié de ne rien oublier quand je serais monté dans les étages. »

Pierre Nassif en a conservé une information sur lui-même : « je sais mettre les mains dans le cambouis ». Il a travaillé huit ans dans le privé. Il a coordonné des chantiers, travaillé en entreprise générale du bâtiment et des travaux publics, en agence d’architecture, en cabinet d’architecte avant de débarquer à Saint-Nazaire. « On ne voit plus jamais les choses tout à fait de la même façon. »

Voir sur 50 ans

De son passage dans la ville des chantiers de l’Atlantique et ses paquebots puis plus tard à Caen où le CHU était aussi en reconstruction, il a accumulé une expérience en grands projets immobiliers. Les bâtiments, il les voit à 50 ans. « Même un peu plus, depuis qu’on a ajouté la brique développement durable avec au bout, déconstruction et recyclage. Dans ces domaines, tout est à inventer. Mais 50 ans, c’est déjà bien pour les bâtiments qui ont 50 ans aujourd’hui. Ceux d’aujourd’hui dureront peut-être plus longtemps ». Il s’est forgé à leur propos une conviction : « La continuité est primordiale pour mener à bien ce genre de projets. En conserver la mémoire tout au long de sa réalisation est précieux. »

Projet collectif

C’est pourquoi, il restera à Nantes au moins jusqu’en 2027. Il s’y est engagé. Et il va s’appuyer sur des ceux qui sont la mémoire vivante du futur CHU, en germe depuis le début des années 2000. La continuité, la constance cadrent avec à la mission qu’il a reçue. « Trois mots, explique-t-il : coûts, délais, qualité. Dans un chantier de cette taille, trop de changements c’est l’assurance de déraper. En cinq ans, tout peut évoluer : les besoins des utilisateurs, nos organisations, nos fonctionnements. Mais s’il doit y avoir des modifications, c’est dans les mêmes coûts, les mêmes délais et avec la même qualité. »

Pierre Nassif donne une autre clé : « le résultat de long terme est meilleur quand on implique les gens qui seront là à l’ouverture et feront vivre le bâtiment ». Cette conviction résonne avec ce qu’il imagine être sa plus grande force. « Des spécialistes techniques, des experts, on en trouve mais des gens qui ont en plus la capacité d’animer des équipes, c’est plus difficile. Moi j’ai un peu les deux ! »

1000 personnes à manager

Ce goût du collectif, c’est un peu dans son caractère. Il jouait au basket, au volley avant d’abandonner pour contraintes horaires et s’est mis à la course à pied, 21 km au minimum par semaine, 1000 km par an depuis des années. Mais qu’il accomplit rarement seul, plutôt en groupe, avec des amis.

Pendant cinq ans, jusqu’à l’ouverture du futur CHU, il va manager les 1000 personnes dépendant de lui aux achats, au numérique, à la logistique (restauration, blanchisserie), à la maintenance et à l’exploitation de tous les matériels, y compris biomédicaux, dans cette perspective. « Plus un seul recrutement ne va s’effectuer sans que l’on imagine sa place dans le cadre du nouvel hôpital », précise-t-il.

Juste massification des achats

Bien sûr, il y aura des chantiers à mener en propre. A la différence de l’hôpital, le pôle logistique, situé à l’écart du centre-ville de Nantes, ne changera pas de place. Mais une nouvelle cuisine centrale doit y voir le jour. Elle ouvrira en même temps que le nouvel hôpital. La blanchisserie s’améliorera dans son coin, régulièrement. La logistique pure, dont les transports, va s’adapter à l’organisation du nouveau CHU, et à ses AGV.

Le service achats, lui, va évoluer. « Un nouveau directeur arrive du privé pour massifier les achats. Mais on ne peut pas massifier autant qu’on le voudrait parfois, explique Pierre Nassif, quand un chirurgien vous dit : si vous changez les prothèses, je risque de rater des opérations ! Mais nous devons faire la juste massification des achats, c’est-à-dire le contraire de celle où tout le monde commande la même chose au même fournisseur. Cela tue la qualité, les prix et la concurrence. Le directeur et moi, qui ai appris ce métier des achats sur le tas, devrions bien nous compléter. »

Pour en revenir aux projets immobiliers, Pierre Nassif est, en matière de commande publique, persuadé des avantages de la loi MOP (maîtrise d’ouvrage publique) de préférence à la conception-réalisation. « Ce n’est pas le plus facile mais le critère de qualité architecturale y risque moins de passer à la trappe. Et pourquoi se priver du beau ? »

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *