Mounir Matoug, animateur des achats à l’ARS PACA

À Marseille, quelques mois seulement après son arrivée, Mounir Matoug, animateur territorial des achats de l’Agence régionale de santé, se positionne en appui des six groupements hospitaliers de territoires qu’elle compte. Six en tout, mais de profils extrêmement différents, avec des mastodontes comme le GHT des Hôpitaux de Provence avec ses 700 millions d’euros d’achats et ceux qui ne regroupent que quelques établissements au pied des vallées alpines.

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À 50 ans, Mounir Matoug s’est lancé un nouveau challenge en quittant le contrôle de gestion de l’Agence régionale de santé pour se plonger dans les achats. « C’était pour moi une opportunité, dit-il, j’avais fait le tour du contrôle interne et, aux achats, il y a de beaux enjeux à relever ». Il faut dire que son profil cartésien s’y prête bien, même s’il a ajouté à sa formation comptable et son DUT de gestion une licence de psychologie qui pourrait paraître incongrue.  Mais de la psychologie, il va lui en falloir une bonne dose avec la feuille de route qu’il s’est dressée : créer des indicateurs de performance, professionnaliser la fonction achat, uniformiser les systèmes d’information, dresser une cartographie des achats et obtenir une meilleure visibilité au niveau régional…

La liste est déjà bien longue, à laquelle il faut ajouter le chantier certainement le plus structurant des mois à venir avec la création d’un groupement de commandes régional. À Marseille, quelques mois seulement après son arrivée, l’animateur territorial des achats de l’Agence régionale de santé veut en effet se positionner en appui des six GHT de la région Provence-Alpes Côte d’Azur : « Cette région est d’autant plus intéressante qu’elle est extrêmement contrastée, on y trouve aussi bien de grosses métropoles comme Marseille ou Nice que des territoires ruraux enclavés à la frontière italienne, des GHT comme celui des Hôpitaux de Provence avec un budget achats de 700 millions d’euros et d’autres, comme celui des Alpes du Sud, qui ne regroupe que cinq centres hospitaliers ».

L’utilité d’une plateforme logistique

Mounir Matoug le confirme, c’est la diversité de la région qui rend sa mission d’autant plus exaltante que les leçons qu’il tire de la crise montrent clairement les pistes à suivre : « Nous avons vu que des structures telles que l’AP-HM qui disposent d’une plateforme logistique s’en sont bien mieux sorti, constate-t-il, elles ont été bien plus réactives, notamment pour les EPI ». Autre exemple avec les GHT qui ont un gros volume d’achat, comme celui des Hôpitaux de Provence : « Ils disposent d’une marge de manœuvre qui leur permet de réaliser des gains substantiels ».

C’est effectivement ce que nous confirmait il y a quelques mois Franck Guyot, responsable achats, pilotage et performance de ce GHT : « Avec la structuration achat que nous déployons depuis 2017, avec la professionnalisation continue de nos agents et des pratiques d’achats, nous réalisons chaque année 3 % de gains ». Depuis 2017, en effet, près de 40 millions d’euros de gains achats ont pu être réalisés par le GHT des Hôpitaux de Provence, grâce notamment à la mise en place d’un système collaboratif. Certes, l’AP-HM représente 70 % du volume des achats du groupement, ce qui rend l’opération moins difficile à résoudre, mais la piste du groupement d’achats est effectivement celle que veut suivre l’ARS Provence Alpes Côte d’Azur : « La réflexion était déjà lancée avant que je n’arrive aux achats, explique Mounir Matoug, nous allons bien sûr la conduire à terme ».

Les hôpitaux doivent souffler

Un groupement de commandes régional était en effet dans les tuyaux depuis plusieurs mois mais la crise l’a mis entre parenthèses : « Nous n’avions organisé qu’un seul Copil lorsque l’épidémie est arrivée, confie Mounir Matoug, or aujourd’hui les hôpitaux doivent souffler et avec l’arrivée éventuelle d’une deuxième vague, il y a d’autres priorités ». Reste que le groupement de commandes régional verra bien le jour, associant les GHT du Var, des Alpes de Haute-Provence, des Hautes-Alpes et du Vaucluse : « Nous avons lancé un appel à projet piloté par le GHT du Vaucluse avec une enveloppe de 100 000 € du Fonds d’intervention régional, dit-il, lorsqu’il sera constitué, ce groupement d’achat permettra aux GHT de tirer les prix vers le bas ».

Ce qui les attend ? Un travail en mode projet, sourcing, benchmark, mais aussi mutualisation, massification, mise en concurrence… De son côté, le nouvel animateur territorial des achats ne chômera pas non plus. Outre la mise en place du groupement de commandes régional, son programme est bien chargé avec les différents appels à candidature lancés par le ministère, comme par exemple le dispositif d’accompagnement du déploiement d’un SI achat : « Ce dispositif comporte trois thématiques auxquelles les GHT peuvent se rattacher, explique Mounir Matoug, la nomenclature NCHFS et numérotation des marchés, les diagnostics GHT sur les prérequis au déploiement du SI Achat, et l’accompagnement projet à ce même déploiement. Plus que jamais, conclut-il, l’achat public se nourrit des innovations et des bonnes pratiques de tous ! ».
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