Jessica Dollé : « Au sein de la direction achats du GHT, dès les premières publications et jurisprudences, la cellule des marchés du GHT Yvelines Nord a proposé aux prescripteurs en lien avec le Trésor Public une méthodologie de traitement des marchés passés dans le cadre de l’urgence sanitaire, contexte nécessitant des procédures de passation de marchés accélérées, qui ne peuvent néanmoins remettre en question le respect du Code de la Commande publique. Ainsi, des pièces administratives ont été élaborées et transmises pour avis aux responsables de chaque trésorerie compétente pour nos établissements parties. Après concertation, l’ensemble de ces éléments a été communiqué à tous les acteurs clés de notre circuit d’achat.
La cellule a également élaboré un tableau de recensement des travaux afin d’anticiper d’éventuels litiges. Il fait état de chaque opération suspendue du fait du Covid, indique la position du secteur travaux pour chaque reprise de chantier, la connaissance de courriers de suspension ou de demande d’indemnisation pour chacun d’entre eux. Ce tableau a été actualisé au fil de l’eau sans avoir connaissance des événements à venir… Ces éléments ont été communiqués à un cabinet d’avocats qui nous a aidé dans la formalisation de la reprise de ces opérations.
Par ailleurs, les acheteurs et les juristes ont passé en revue les dossiers en cours de passation pour une évaluation de l’impact de la crise sanitaire, le cas échéant : reports des dates limites de remise des offres, rédaction d’avenants, veille juridique renforcée, coordination renforcée avec les acteurs de la direction des travaux ou du biomédical… »
achat-logistique.info : Quelles ont été les répercussions de l’épidémie sur le travail des fonctions supports ?
Jessica Dollé : « Il est difficile d’être exhaustif dans les missions logistiques qui ont été impactées mais il me semble indispensable de reconnaitre, remercier et mettre en lumière le travail réalisé par les agents en charge du traitement des déchets dont les volumes ont augmenté de manière très importante sur un temps très réduit (+30 % d’une semaine sur l’autre rien que pour les DASRI).
Jessica Dollé : « Les magasiniers ont été en première ligne pour l’attribution des dotations de dispositifs de protection et la réception des nombreux dons en matériels. Au CHIPS et dès début mars, la responsable du magasin a assuré un suivi quotidien des stocks des matériels et des équipements de protection individuels qui pourraient arriver en tension. Au fur et à mesure des cellules de crise, nous avons travaillé de concert avec la cellule d’hygiène de l’établissement pour mettre en concordance les exigences de protection permettant aux agents de travailler en toute sécurité, et en lumière les stocks, afin d’anticiper au maximum les risques de ruptures.
Ce suivi quotidien a été étendu par la suite aux consommables et aux dispositifs médicaux non stériles fortement sollicités dans les prises en charge en réanimation (filtres, lanières de fixations, circuits d’anesthésie avec piège à eau…). Cette vigilance accrue a permis de solliciter en amont autant que possible les fournisseurs, de trouver des solutions alternatives avant tout risque de ruptures de stocks et de constituer des réserves tampons de ces équipements en cas de ruptures totales d’approvisionnements. »
achat-logistique.info : La consommation des DMNS a-t-elle grimpé en flèche ?
Jessica Dollé : « Le suivi budgétaire fait état d’une augmentation de 100 % des montants consommés sur le mois de mars entre 2019 et 2020, pour les DMNS stockés directement dans les services de soins. Dans le cadre du COVID 19, il nous a semblé nécessaire d’avoir une vision d’ensemble sur les DMNS en tension et à risque de rupture.
achat-logistique.info : En quoi a consisté son aide ?
Jessica Dollé : « Nous avons donc rapidement monté un groupe de travail avec elle, la responsable magasin, le département DMNS de la direction achats, le responsable des approvisionnements pour mettre en place une cartographie des DMNS « à risque de tension », un tableau des équivalences de DMNS entre fournisseurs, références… par exemple pour les filtres de respirateurs, un état des lieux des stocks au sein des services de soins une évaluation du besoin, basée sur la consommation hebdomadaire sur la semaine la plus tendue de prise en charge du COVID, et la passation de commande pour un stock de sécurité, basé dans un local annexe, qui viendra en support au cas où les stocks dans les services arriveraient à épuisement. »
Jessica Dollé : « Je tiens à souligner l’engagement des cadres de ces équipes logistiques, qui ont notamment été sollicités pour la mise en place d’une astreinte logistique du week-end afin de répondre aux éventuels besoins de réapprovisionnements, de réceptions de commandes ou de difficulté dans les flux. Et je veux vraiment remercier toutes les équipes logistiques et de la direction achats engagés aux côtés des soignants pour leur permettre de s’éviter toute la charge mentale liée à la gestion des stocks. Ces métiers invisibles ont su démontrer leur implication, efficacité et réactivité durant la crise sanitaire. »