Les facteurs clefs de succès du marché global de performance

Convaincue de leurs mérites, la DGOS promeut le recours aux marchés globaux de performance, afin d’obtenir une plus grande valeur ajoutée des fournisseurs. Le système, qui repose sur des engagements de résultats liés à des indicateurs de performance mesurables, implique une nouvelle façon d’acheter.

© Epictura / filmfoto
« Les techniques classiques d’achat commencent à atteindre leurs limites. On doit actionner aujourd’hui de nouveaux leviers de performance », a prévenu Florence Millet, ancienne directrice des achats du CHU de Lille, aujourd’hui chargée de projet au programme Phare (DGOS), venue présenter les atouts des marchés globaux de performance (MGP) lors de la dernière conférence d’actualité juridique organisé à Paris par le Resah le 6 février.

En 2020, le ministère de la Santé a décidé de passer à la vitesse supérieure pour sensibiliser acheteurs et fournisseurs à ces nouvelles approches.  Encore trop souvent, le marché global de performance (art. L 2171-3 du Code de la commande publique) est catalogué, à tort, comme réservé à certains domaines, comme celui de l’énergie.  La période est plus propice : dans leur grande majorité, les GHT ont désormais dessiné leur organisation achat et défini leur gouvernance.

Trois catégories de MGP

Au lieu de se focaliser sur l’achat d’un produit, le but est de rechercher un service à plus forte valeur ajoutée, avec des objectifs de résultats mesurables par les deux parties, un partage des risques et des bénéfices traduit sous forme de bonus/malus, en fonction de l’atteinte ou non des engagements.

La DGOS a défini trois catégories de MGP dans le domaine de la santé. L’optimisation médico-économique accompagnée du processus opératoire (OMAPO) est destinée à améliorer au maximum le parcours du patient. Elle associe l’achat d’une solution associée à du consulting afin de rendre plus performant l’organisation des soins, un plateau technique ou booster l’activité d’un service. L’engagement de résultat peut être évalué grâce par exemple à la hausse du nombre d’actes, la baisse de la durée moyenne de séjour ou un meilleur temps de vacation opératoire (TVO).

 Se poser les bonnes questions

Le deuxième MGP a été baptisé OTEPH pour optimisation technico-économique d’un périmètre homogène. Il s’agit de l’achat global d’une performance d’utilisation sur un périmètre intégrant biens et services (équipement, consommables, maintenance, formation, gestion de fin de vie) sur une fonction technique homogène. Comme par exemple l’acte de biologie, du début jusqu’à la fin. « Les équipes hospitalières n’ont pas souvent le temps de prendre du recul. Dans ce cadre, les prestataires vont les aider à se poser les bonnes questions », observe Florence Millet.

Le troisième type de MGP réunit les opérations permettant aux établissements de se recentrer sur le cœur de métier autour des soins, en déléguant à des entreprises une activité, comme le nettoyage, l’entretien des espaces verts, la restauration ou la blanchisserie. « Cela se fait déjà, mais avec des marchés simples, sans engagement de résultat », constate la chargée de projet.

Constituer des équipes pluridisciplinaires

Pour Florence Millet, cette démarche nouvelle impacte les organisations. L’implication de l’ensemble des acteurs est donc un premier facteur de réussite. Les acheteurs hospitaliers ne doivent pas hésiter à « casser les silos » et aller rencontrer les soignants afin de mieux cerner leurs besoins. « Il faut ensuite susciter leur adhésion, leur expliquer l’intérêt du projet. Et constituer des équipes pluridisciplinaires en mettant dans une même salle les chirurgiens, les radiologues, les pharmaciens, les financiers, les acheteurs, les ingénieurs biomédicaux… ».

La technique du MGP implique de « travailler autrement ». Il nécessite un sourcing approfondi réalisé par l’acheteur, le prescripteur et l’utilisateur. Les rencontres avec les fournisseurs permettront notamment de valider les indicateurs envisagés ou d’en identifier d’autres. Autre impératif : la rédaction d’un cahier des charges fonctionnel, architecturé autour d’une obligation de résultats avec la qualité de service attendue, et non d’une obligation de moyens.

Avoir le soutien de la DG

Parmi les points de vigilance, les délais de réponse figurent en bonne place.  « Il faut laisser le temps de préparer l’offre. Il ne s’agit pas de mettre un prix sur un produit », poursuit Florence Millet. Ainsi que le suivi d’exécution. « Je recommande au démarrage de se voir tous les mois afin de vérifier que chacun travaille dans le bon sens, puis une fois par an, a minima, à la date anniversaire du contrat »

Le soutien de la DG et du président de CME est naturellement un impératif.  « Soignants et administratifs doivent arriver la main dans la main et présenter à la direction générale un projet commun et rentable pour leur établissement », recommande Florence Millet.

Accompagner le changement

L’autre élément essentiel, c’est l’accompagnement du changement. Car le marché global de performance déclenche changement de paradigme, aussi bien pour le personnel que pour les patients, habitués aux mêmes protocoles depuis des décennies. « Il faut savoir communiquer, informer de l’avancée du projet », insiste la chargée de projet.

« Nous savons que le système fonctionne. On en a la démonstration à l’étranger ou dans le privé depuis vingt ans. N’ayez pas peur, allez-y », encourage Florence Millet. La DGOS a prévu plusieurs actions pour épauler GHT et établissements. Le 26 mars prochain, acheteurs et fournisseurs exposeront en tandem plusieurs « success stories » lors d’un séminaire. Des guides seront publiés pour chaque type de MGP. Et un appel à candidatures devrait être lancé pour disposer de cas pilotes et lancer la dynamique.
Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *