Le « petit » secteur du handicap en Ille-et-Vilaine rassemblé contre le Covid-19

Le GRAAL, groupement de petites associations d’établissements pour personnes handicapées, s’est mobilisé avec l’ADAPEI dans la logistique de distribution des masques et la préparation du déconfinement.

Tous les jours à 16h, elles aussi ont réuni leur cellule de crise, en conférence téléphonique. En Ille-et-Vilaine, la vingtaine de « petites » associations gestionnaires d’établissements pour personnes handicapées, a serré les rangs face au Covid-19. Et d’abord dans la coopération entre elles et autour d’elles.


Depuis quelques années, elles se sont rassemblées dans le GRAAL (Groupe de recherche et d’action des associations locales), appellation logique près de la forêt de Brocéliande, celle des chevaliers de la table ronde et du roi Arthur. Chacune gère un tout petit nombre d’établissements, pas plus de six, des lieux d’hébergement, de travail dans les Esat (Etablissements ou services d’aide par le travail) ou des écoles (Instituts médicoéducatifs).

Ensemble, elles en représentent une soixantaine dans le département contre trente pour la « grande » ADAPEI (Association départementale des amis et parents de l’enfance inadaptée). « Coopérer pour mieux accompagner », c’est leur maxime, qu’elles appliquent particulièrement en cette période de Covid.


Distribution des masques fournis par l’ARS


Le GRAAL a ainsi coordonné avec l’ADAPEI la distribution des masques qui était fourni au secteur du handicap par l’agence régionale de santé. « Au lieu que tout le monde court partout », s’exclame Maurice Baud, directeur d’un Esat, en charge de la question logistique au sein du GRAAL. La dotation de l’ARS au secteur du handicap (20 masques par personne handicapée et par semaine) a été centralisée sur la plateforme hôtelière du CHU de Rennes. Le GRAAL les a distribués dans Rennes et sa couronne. L’ADAPEI dans les régions plus éloignées autour de Redon au Sud du département, de Saint-Malo au Nord. Deux tournées avec chacune, une fourgonnette et un conducteur.


Pour le moment l’ARS n’attribue plus beaucoup d’autres masques, tant que le virus ne réapparaît pas. Les associations du GRAAL n’ont été que très peu touchées par le virus, bénéficiant de sa moins grande circulation en Bretagne. Trois salariés seulement, renvoyés chez eux, qui ont guéri. Ce qui fait qu’un stock-tampon de 5000 masques chirurgicaux a été reconstitué. Le groupement vient de décider d’aller plus loin que la dotation de l’Etat et d’en acheter par ses propres moyens mais cette fois, non plus dans le cadre de la crise mais dans la perspective du déconfinement.

 


Retour des usagers-résidents

 


Comme avec l’ADAPEI, pour des achats groupés de gel hydroalcoolique, il s’associe à l’un des centres psychiatriques de Rennes pour commander des masques chirurgicaux. Pour préparer au mieux le déconfinement. Car si les ESAT ont été fermés, les structures d’hébergement ont toujours été occupées à 50 % par des résidents, qui ne sont pas sortis du tout depuis un mois. Les consignes de l’administration étaient très claires : s’il y avait des malades, les établissements devaient s’en occuper eux-mêmes. Gel, gants, masques pour les soignants, tout est en place pour les protéger. « Mais nous sommes dans la même situation que les EPHAD, ce confinement devenait de plus en plus difficile à supporter en interne, comme il était de plus en plus mal vécu par les familles à l’extérieur », explique Maurice Baud.


En principe, les retours ne seront possibles que si les personnes sont testées auparavant. Car si le virus s’introduit dans un établissement, il y a des chances qu’il se répande vite. C’est le nouveau chantier du GRAAL. « Sous mandat de service public, nous avons la responsabilité de prendre les meilleurs moyens de protection de nos usagers », rappelle Maurice Baud. A l’heure de la rédaction de cet article, le scénario de ce retour n’était pas encore écrit. Pour le moment, les associations ne pourront que s’adresser, le moment venu, aux laboratoires auprès desquels elles les enverront se faire vérifier. Cela prend deux ou trois jours à chaque fois. Cela pose des problèmes de transports. Trop compliqué pour le moment !

 


Et les ESAT ?

 


Maurice Baud subit une autre sorte de pression, croissante, pour rouvrir les ESAT. Leurs clients menacent de se fournir ailleurs alors que les consignes de l’agence régionale de santé sont claires : faire fonctionner et protéger les structures d’accueil en priorité, pas question encore de s’occuper de celles de travail. « Même si contrairement aux commerces, nos entreprises n’ont pas fait l’objet de fermetures administratives qui nous auraient permis de nous retourner vers nos assurances pour perte de chiffre d’affaires », précise Maurice Baud. Il va commencer pas transformer les ESAT en petits ateliers de confection de masques textiles.

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *