Le CHU Toulouse réhabilite en gagnant de l’argent

Réhabiliter complètement un site sans débourser un centime tout en récupérant des recettes, c’est possible. C’est en tout cas l’ambition du CHU de Toulouse sur le site de Purpan grâce à une concession de services. Le contrat prévoit la construction et l’exploitation, à partir de 2023, d’un complexe comprenant notamment des résidences, des commerces de proximité, une salle de sports et une crèche que pourront utiliser les patients et le personnel de l’hôpital.

© CHU Toulouse
Entre quinze et trente millions d’euros, c’était l’investissement nécessaire à la rénovation d’un ensemble de bâtiments obsolètes et truffés d’amiante sur le site de Purpan. Si le CHU toulousain ne disposait pas d’une telle manne pour ce chantier, il ne souhaitait pas non plus vendre une emprise située au cœur de l’hôpital.

L’établissement s’est donc tourné vers une concession de services d’une durée de 50 ans. Avec une philosophie : désenclaver et ouvrir l’hôpital sur la ville, améliorer la qualité de vie sur place en offrant des services de proximité au bénéfice des patients et des salariés (à des tarifs préférentiels).

Une procédure longue de 18 mois

Ce projet ambitieux a été l’objet d’un long travail en amont. Lancée en mars 2017, la consultation a retenu l’attention de quatre prestataires. Deux lots étaient prévus à l’origine, mais l’un d’entre eux a finalement été infructueux car le site n’était pas suffisamment intéressant. L’offre MNH/Demathieu Bard Immobilier est retenue et le contrat est signé en mai 2018.

« La direction des achats est venue en appui de la direction du patrimoine, notamment lors de la négociation et l’élaboration des contrats complexes à mettre en place, parce qu’il y a beaucoup d’argent en jeu et que ce dispositif est novateur. Le CHU a par ailleurs choisi de se faire accompagner par un cabinet d’avocats », précise Pierre-Jean Cognat, directeur du pôle ressources matérielles, « les hospices civils de Lyon avaient déjà commencé à faire quelques pas dans cette direction, mais pas à aussi grande échelle. L’autre différence, c’est aussi que le CHU ne met pas un euro sur la table. »

85 berceaux réservés au personnel du CHU

Le programme comprend des démolitions, de la réhabilitation, une extension, une construction neuve, un parking et des aménagements urbains. Lorsqu’il sera achevé, le futur site comprendra une résidence senior non médicalisée de 120 logements, une résidence hôtelière hospitalière (une centaine de chambre réparties sur 5 200 m²), un espace de rééducation fonctionnelle, une offre tertiaire dédiée aux professions libérales complémentaire de l’offre du CHU, une galerie marchande avec des commerces de proximité, de la restauration rapide et des établissements plus haut de gamme, un hôtel, un pressing, une salle de sports et de bien-être, ainsi qu’une crèche.

 

« Ces services seront ouverts aux usagers de l’hôpital mais aussi aux 8000 salariés du CHU qui travaillent à proximité. 85 berceaux de la crèche seront par exemple réservés au personnel ». Les activités implantées devront être compatibles avec l’activité hospitalière. Le CHU se garde d’ailleurs un droit de veto en cas de besoin. Et à la fin de la concession, l’hôpital récupérera les bâtiments et les baux commerciaux.

Le tiers investisseur réhabilitera et exploitera les bâtiments à ses frais. Outre un droit d’entrée de deux millions d’euros, une redevance annuelle, calculée sur le chiffre d’affaires hors taxes généré par les différents services, est prévue au contrat. « On compte 2 millions de passage par an au CHU. Et 70 % de l’activité se fait ici », met en avant Pierre-Jean Cognat. La mise en exploitation est attendue pour le premier semestre 2023. « Le projet a été bien accueilli en interne, y compris par les partenaires sociaux puisque le CHU n’a rien vendu », assure le directeur du pôle ressources matérielles du CHU toulousain.
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