L’avion privilégié pour les transferts ciblés des patients Covid

Comme pendant la 1ère vague, les différences de nombres de lits en réanimation disponibles entre les régions ont permis de transférer des malades Covid. Mais cette fois-ci, les évacuations sanitaires s’opèrent au compte-goutte, et essentiellement par avion.

© Benoît Sylvère- CHU de Nantes

Ce mercredi 4 novembre, il était presque 12h30, quand le petit Piaggio Avanti II en provenance de Saint-Etienne, de la compagnie Oyonnair s’est posé à l’aéroport d’Angers-Marcé avec deux patients sur civières à son bord. Sur le tarmac, six soignants du CHU d’Angers, arrivés dans deux ambulances, les attendaient pour les prendre en charge. L’avion a redécollé à 13h30. Il était de retour vers 16h30 avec, de nouveau, deux patients à son bord qui ont rejoint, eux-aussi le CHU d’Angers. L’avion est reparti rejoindre sa base à Bron, près de Lyon.

Une soixantaine de transferts d’Est en Ouest

Les rotations comme celle-là se sont multipliées ces deux dernières semaines. Une soixantaine de patients Covid sont passés d’Est en Ouest. De la France à plus de 500 positifs au Covid-19 pour 100 000 habitants à celle ne dépassant pas encore les 350, celle des départements à moins de 50 malades Covid en réanimation.

A l’hôpital du Mans, Angèle Dali-Youcef, directrice de gestion des situations exceptionnelles à l’hôpital du Mans s’y attendait : « En fonction de l’activité épidémique encore relative en Sarthe, nous pourrions être amenés à recevoir d’autres patients ». C’est ce qui s’est passé.

Prévenir les saturations

Ces transferts apportent « une réponse nationale aux tensions sur l’offre de soins », explique la Direction Générale de la Santé (DGS). « Ils ont été effectués pour prévenir toute saturation des établissements de santé, indique l’Agence régionale de Santé (ARS) d’Auvergne-Rhône-Alpes, au regard du taux d’occupation des lits de réanimation et des projections (de l’institut Pasteur notamment) sur l’évolution de l’épidémie dans la région. »

© Benoît Sylvère- CHU de Nantes

Il y a donc coordination entre les ARS de départ, d’arrivée et le centre national de crise sanitaire du ministère de la Santé qui modifie, le cas échéant, les modalités d’acheminement. Comme le 4 novembre, avec l’emploi d’un avion militaire médicalisé pour quatre malades d’un coup destinés aux hôpitaux de Nantes et de Saint-Nazaire. Mais des hélicoptères de l’Aviation civile et des avions ne transportant que deux malades ont été aussi utilisés.

Plus que les régions, ce sont les hôpitaux d’accueil et leurs capacités en lits de réanimation qui sont visées. Le CHU d’Angers a reçu des malades alors que le Maine-et-Loire est le département le plus affecté par le virus de la région des Pays de la Loire. Mais le CHU, qui affronte une situation plus mauvaise que pendant la 1ère vague, vient d’annoncer la création de 25 lits de plus d’ici le 15 novembre.

Malades dispersés

© Emmanuel BERNARD – Service communication du GHLA

Les transferts de font donc au compte-goutte et sont le plus disséminés possible. La soixantaine de patients des deux dernières semaines sont partis de Bourg-en-Bresse, de Lyon, de Saint-Etienne, de Nîmes, d’Avignon, d’Aix-en-Provence pour la Nouvelle-Aquitaine, les Pays de la Loire et la Bretagne. Précisément : Bordeaux, Saintes, Angoulême, la Rochelle, Périgueux, Poitiers, Cholet, Angers, La Roche-sur-Yon, Saint-Nazaire, Nantes, Vannes, Lorient, Brest et Morlaix.

Ces transferts ne peuvent se faire qu’en avion ou en hélicoptère. Depuis deux semaines, par exemple, la compagnie Oyonnair, de Bron (69), en contrat avec l’ARS d’Auvergne-Rhône-Alpes, fait tourner à plein régime ses cinq Piaggio Avanti II aux airs de poisson-chat ou de requin-marteau. Ils sont aménagés, selon les besoins pour une civière et cinq passagers ou deux et trois accompagnants seulement.

Déroulement opérationnel au cas par cas

© Benoît Sylvère- CHU de Nantes

Les transferts sont aussi organisés en fonction des hommes et femmes disponibles. « Des soignants bénévoles inscrits sur notre plateforme de renforts ont été appelés pour aller chercher les patients et les amener chez nous », indique l’ARS de Nouvelle-Aquitaine. Les SAMU des hôpitaux d’origine jouent un rôle-clé. Ils sont en charge du transfert. Leurs personnels accompagnent les patients. Leurs équipements sont utilisés.

 

« Mais il n’y a pas de protocole. Le déroulement opérationnel est étudié au cas par cas. Le type d’équipement utilisé est à la discrétion des médecins réanimateurs, selon les besoins précis de l’opération. L’équipement appartenant à l’équipe du Samu mobilisé, celle-ci le remporte avec elle une fois le transfert effectué », précise la DGS. Certains transferts sont financés directement par l’ARS de départ, d’autres par l’établissement de santé de départ. Les surcoûts sont remboursés par l’assurance maladie. Le retour des malades, quand ils sont en meilleure forme, est assumé par le SAMU qui a organisé l’opération depuis le départ.

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