Disparités spatiales
Le virus a fait très rapidement irruption, dès la fin du mois de janvier. « Nous avons été concernés dès les premiers cas puisque nous avons pris en charge les déchets des personnes rapatriées par avion de la région de Wuhan », confie-t-elle. « Au départ, la connaissance de la situation réelle était partielle. Des hôpitaux ont donc mis en place des protocoles particuliers. Mais ils se sont arrêtés lorsque les autorités publiques, dont le Haut Conseil de la santé publique, ont considéré qu’il n’y avait pas de risque équivalent à des virus de type Ebola, et que la stricte observance de la réglementation DASRI suffisait. »
Le Covid-19 a évidemment laissé des traces, mais de manière inégale. Alors que le sud-est, le sud-ouest, le centre-ouest et l’ouest ont connu une volumétrie habituelle, la production a connu une hausse « substantielle » dans les Hauts-de-France, encore plus importante dans le Grand Est et une flambée en Ile-de-France, où une augmentation de 30 % a été enregistrée. « Faute de capacité suffisante dans cette région, malgré l’augmentation des moyens mis en place par les incinérateurs franciliens, nous avons délesté les déchets en transitant les déchets vers d’autres plateformes habilitées, à Nantes, Le Mans, Blois, Gien ou Rouen », explique Michaël Zanin.
Augmentation des collectes
Ajouts de bacs et collectes supplémentaires ont permis d’écluser le trop-plein. « Nous avons effectué jusqu’à 5 passages quotidiens dans un hôpital parisien spécialisé Covid », illustre Géraldine Bulot. Alors qu’il n’existait traditionnellement peu de passage le dimanche, le prestataire a fait exception à la règle au bénéfice d’une quinzaine d’établissements. « Nous avons également constaté des différences en fonction des structures, avec une forte hausse côté EHPAD et une baisse de la médecine de ville et des laboratoires d’analyse en raison de la chute de l’activité », relève la directrice QHSE.
Le bon déchet au bon endroit
Selon lui, la crise sanitaire aura un impact sur l’activité, notamment en déclenchant une prise de conscience chez les producteurs. « Alors que certains établissements suivaient des règles draconiennes, on constatait, avant la pandémie, un assouplissement des usages chez d’autres, avec la tentation de faire des économies en déplaçant des déchets en DAOM ». Il se défend pourtant de vouloir surmultiplier les volumes.
Optimiser les circuits
Le bon usage des bacs est un autre paramètre essentiel. « Les DASRI sont une somme de petits déchets, regroupés dans des bacs, qui doivent être collectés de manière autonome et transférés sur des centres habilités à les traiter, une quarantaine en France. De fait, le coût dépend en grande partie de la distance à parcourir entre le lieu de production et le lieu de traitement. Il est important de s’étalonner. Dans certains hôpitaux, on atteint 40 kg alors que la moyenne est plutôt de 50.
Proserve compte également poursuivre sa pédagogie en faveur de la banalisation. « C’est un système qui transforme certains déchets infectieux en déchets non infectieux, éliminés ensuite en tant que DAOM. Nous réalisons une importante veille technologique sur ce sujet et nous travaillons en permanence pour améliorer ce moyen de traitement », assure Géraldine Bulot. Un bon moyen de décongestionner les centres habilités à se charger des DASRI.
La question des produits d’incontinence clarifiée
L’épidémie aura aussi permis de clarifier la question des produits d’incontinence. Jusqu’ici, l’approche pouvait varier d’un établissement à l’autre. Aujourd’hui, en cas de pandémie, une couche souillée par un patient contaminé devient un DASRI. « Les consignes des autorités ont été très claires sur le sujet. La crise a permis d’avoir des réponses qui serviront ensuite pour d’autres maladies », ajoute Géraldine Bulot. « Et c’est tant mieux, car quand on a des doutes, cela devient compliqué de trier », conclut Michaël Zanin.