La Covid relance l’intérêt pour la norme RABC en blanchisserie

Les blanchisseries ont « tenu le coup » pendant l’épidémie de Covid. Notamment grâce aux bonnes pratiques qu’elles sont tentées de consolider grâce à la 2e version du guide de l’Union des responsables de blanchisserie hospitalière (URBH), association professionnelle qui organise ses journées d’études cette semaine.

© JMB

Réunis en journées d’études à Agen, du 29 septembre au 1er octobre, les membres de l’URBH se seront félicités d’avoir bien traversé la crise sanitaire. Les blanchisseries hospitalières y ont montré leur réactivité. Celle, notamment, qui a conduit les quelques-unes ayant opté pour du lavage à basse température (40°) et un peu plus de lessive, dans le but de faire des économies d’énergie, à vite revenir à 60° et 70° pour tuer le virus.
Nulle part, même si le risque s’est finalement révélé faible, on a déploré de recontamination par le linge.

« La méthode RABC (Risk Analysis Biocontamination Control, norme européenne créée en 2003 pour lutter contre les maladies nosocomiales qui fait consensus en Europe pour garantir la qualité du travail des blanchisseries, et peut conduire à une certification, NF EN 14065, NDR) a montré pleinement son utilité pour éviter cela », considère Frédéric Pagerey, le directeur général du CTTN- IREN, l’organisme technique de référence en matière de propreté textile.

Au-delà des grands principes

Laurent Cléret © CH Le Havre

« La crise sanitaire relance l’idée de s’y intéresser pour ceux qui ne l’avaient pas encore fait », remarque Laurent Cléret, responsable de la blanchisserie du CH du Havre. Pour sa part, voilà 6 ans qu’il n’avait plus d’adjoint en chargé de la qualité en mesure de veiller à son application. Il avait donc laissé tomber faute de moyens humains, continuant simplement à faire appliquer ses grands principes comme le maintien de la marche en avant et le contrôle microbiologique.

Il se fie beaucoup à ses lessiviers qui « connaissent leurs produits », lui « garantissent la qualité du processus de lavage et la traçabilité des injections de produits », lui font rapport tous les mois. Maintenant qu’il vient de récupérer un adjoint, il compte reprendre la mise en œuvre de la norme et formaliser sa démarche. Sans considérer d’« aller jusqu’à la certification ».

Il pourra, pour ce faire, s’appuyer sur un guide de la RABC réédité en 2018 par l’URBH, après une première version en 2011, et élaboré conjointement avec les experts du CTTN- IREN. « Nous sommes presque partis d’une feuille blanche, précise Frédéric Pagerey du CTTN-IREN. Le premier guide était succinct, celui-ci est conséquent. Mais c’était nécessaire, la norme elle-même a changé en 2016. »

Une méthode adaptable

Elle fixe des niveaux de mesures qui font consensus tout au long de la production de linge propre. Exemple : la température de lavage qui ne doit pas être inférieure à 70°, à 5 ° près ; contrôle à effectuer tous les jours par le laveur. Autre exemple dans le domaine des bactéries coliformes : ne pas constater plus de 8 unités faisant colonie (UFC) pour 16 cm2 lors de l’analyse du linge propre après avoir été placé sur un cintre avant d’être pressé ; une analyse à pratiquer au moins une fois par trimestre.

Philippe Carenco

La norme de 2018 insiste sur la « qualification » du processus de lavage, sur l’identification des points critiques le long de la chaîne de production et de leur « maîtrise ». « Cette norme européenne, nous l’avons déclinée à la française. Contrairement à l’allemande qui préconise une seule méthode pour tous, excellente, la nôtre permet différents dosages entre les quatre grands paramètres d’un lavage – la technique, la température, les produits et le temps – pour obtenir les mêmes résultats », explique le docteur Philippe Carenco, médicine hygiéniste au CH d’Hyères qui a co-écrit le guide avec le CTTN-IREN.

Principal objectif, livrer un outil utilisable aussi bien par les petits établissements comme les EPHAD que par les CHU. Ainsi, les blanchisseries françaises peuvent-elles, par exemple, faire de la place à une moindre utilisation des produits chimiques et donc à des considérations environnementales sur la préservation de la qualité de l’eau mais miser sur un coût de l’électricité qui reste très abordable en France.

Des germes venus des poussières au sol

L’équation économique des blanchisseries hospitalières s’est resserrée ces dernières années. « Elles se sont regroupées et font face à de plus grandes exigences de performances dans tous les domaines alors que les patients admis dans les hôpitaux sont plus sévèrement atteints donc plus vulnérables aux risques infectieux, explique le Dr Philippe Carenco. En médecine, il y a des bactéries résistantes aux antibiotiques. Dans notre domaine, il y a des germes persistants contenus dans les poussières au sol, comme le Bacillus cereus, dont nous devons absolument nous débarrasser quand nous lavons les franges et bandeaux qui servent à faire le ménage, très efficaces justement parce qu’ils accrochent bien la poussière. » L’intérêt du guide de l’URBH est de concilier toutes ces exigences.

 

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