La blanchisserie inter-hospitalière de Quimper augmente la cadence

En raison de l’épidémie, le lavage plus fréquent des tenues des soignants et des patients a obligé la blanchisserie inter-hospitalière de Cornouaille à augmenter le temps de travail pour « utiliser son outil de production » à 100%.

© DR

Au bout de la Bretagne non plus, les « petites mains » des hôpitaux ne sont plus aussi « invisibles ». Au nombre de soixante, employées par le groupement d’intérêt public (GIP) blanchisserie inter-hospitalière de Quimper, dans la zone industrielle de l’hippodrome, elles traitent 45 tonnes de linge par semaine en temps normal, parfois 40 % de plus en ces temps de Covid-19, pas en tonnage – à peu près le même- mais en nombre de « pièces ». Jusqu’à 7000 contre 5000.


Christophe Baron, le directeur, a décidé de le faire savoir. En plus d’articles dans le bulletin d’information de l’hôpital, il poste régulièrement des photos sur son compte LinkedIn. « La blanchisserie inter hospitalière de Quimper est mobilisée depuis les premiers jours de la pandémie », rappelle-t-il volontiers. Dernièrement, sous une photo de l’équipe « 100 % féminine, ce jour-là », de triage du linge sale, il commente : « sans elles, pas de blouses blanches pour les héros ! »


Les stocks de linge neuf ont fondu


Son établissement dessert le Sud du Finistère : quatre hôpitaux (Quimper, Concarneau, Pont-L’abbé, Douarnenez), une dizaine d’établissements relevant de l’assurance maladie (UGECAM), treize Ephad. A cause du Covid-19, il est aujourd’hui en surchauffe. Lavage, séchage, repassage, de 8h à 17h30, en deux équipes, avec suppression de l’heure de déjeuner certains jours et en ajoutant une heure à la fin de la journée. « Nous avons augmenté le temps de travail pour utiliser l’outil de production à 100 %. Grâce à cela, nous parvenons au moins à pourvoir aux demandes des soignants qui sont prioritaires », explique Christophe Baron.


Si au départ, la reprogrammation des interventions non-urgentes a diminué le nombre de tenues de rechange à prévoir pour le personnel des hôpitaux – une par jour, en moyenne- celui-ci s’est beaucoup accru, avec l’arrivée des malades du Covid-19. Quimper en a notamment accueilli de Mulhouse et de la région parisienne. Dans les unités Covid, les soignants se changent bien plus d’une seule fois par jour. Il existait des stocks de linge neuf. Des blouses, tuniques, pantalons dont les réserves ont fondu comme neige au soleil.


Plus de vêtements nettoyés par les familles


Parmi les autres facteurs aggravants, le confinement des Ephad a eu pour conséquence que les quelque 20 % des vêtements des résidents, ceux de leur « vie civile », nettoyés habituellement par les familles, ne l’ont plus été. La blanchisserie se charge de la totalité de leurs effets. Avec le confinement, ils s’« habillent » un peu moins. Les établissements leur font davantage utiliser les chemises ouvertes, plus pratiques, pour les soins de tous les jours. Et demandent beaucoup plus à la blanchisserie de leur en fournir. Mais elle en manque.

6000 pièces uniques (tuniques, pantalons) et 3000 ensembles, tous neufs, avaient été commandées en Asie, à la fin de l’année pour faire face, en principe, pendant toute l’année 2020. Elles ne sont jamais arrivées. D’abord bloquées dans les ports d’Europe du Nord, à cause des grèves liées aux retraites en France. Puis coincées, à cause du coronavirus, par les contrôles de non-contamination. Le stock existant tourne davantage dans les machines à laver de la blanchisserie.


Port du masque généralisé


Celle-ci est passée en mode « affections respiratoires ». Le même que pour les périodes de grippes et de gastroentérites. Le linge « Covid », n’est plus trié à son arrivée. Il arrive dans des sacs hydrosolubles (un par chambre de patient) à base d’amidon de maïs, qui fondent dès le premier passage en machines à laver. C’est d’abord une décontamination : passage au bactéricide-fongicide-virucide. Inconvénient : d’une durée d’une demi-heure, l’ensemble du traitement du linge, jusqu’au repassage prend désormais jusqu’à 1 h10.

 

Les quatre personnes affectées à la réception du linge sale, portent des masques chirurgicaux. D’habitude, c’est pour éviter la poussière. Là, c’est contre le virus. De plus, elles portent une charlotte, une surblouse en tissu avec manches longues et bords sur les côtés, des gants. « Dans l’entreprise, l’idée est avant tout de protéger le personnel au linge sale mais, récemment, comme l’hôpital nous l’a recommandé, nous avons généralisé le port du masque », indique Christophe Baron. Même si, au bout de la Bretagne, on se sent encore loin d’être massivement infecté, on sait que face à ce virus, il faut rester prudent.

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *