Covid-19 : les services techniques n’ont pas chômé

Si bien des métiers des fonctions support ont été mis à l’honneur pendant la première vague de la crise sanitaire, le travail des ateliers techniques a un peu été passé sous silence. Pourtant ces derniers n’ont pas ménagé leur peine pour adapter les espaces, agencer et réaménager en fonction des besoins des services de soins.

L’épidémie a obligé les hôpitaux à refondre leurs espaces, souvent en cinquième vitesse, en fonction des décisions prises par les cellules de crise quotidiennes. Pendant la première vague, il a fallu sectoriser, créer des zones réservées aux patients contaminés, concevoir et installer des parois d’isolement, monter des murs et des portes, puis imaginer des périmètres particuliers destinés aux dépistages et aux prélèvements.

Un week-end pout tout transformer

En mars, un week-end seulement a été nécessaire pour transformer le centre hospitalier départemental de Vendée façon Covid. Afin de créer le plus possible de lits de réanimation, l’hôpital a transformé son service d’hémodialyse et coupé cinq blocs sur dix en deux. De 18 lits de réanimation et 12 de soins continus, le CHD est passé au total à 48 lits de réanimation.

Ces prouesses ont été possibles grâce aux ateliers techniques dont disposent les établissements de santé. Au CHU de Poitiers, ces services représentent par exemple 85 des 120 agents de la direction du patrimoine. Soit quasiment tous les corps de métiers, de la menuiserie à la plomberie en passant par l’électricité ou le chauffage.

Passer de 1 à 75 lits

À la Roche-sur-Yon, la manœuvre a mobilisé, en deux jours, quatre menuisiers aidés par une entreprise extérieure, dix déménageurs, deux ingénieurs et quatre techniciens de l’atelier biomédical. Au programme : vider les blocs, les cloisonner à l’aide des « panneaux-sandwichs lessivables » commandés fissa au spécialiste local d’aménagement de logements, réinstaller, dans deux espaces au lieu d’un, les prises électriques, les conduits d’aération, les alimentations en oxygène, les lignes d’appels des malades, puis repositionner les lits, les moniteurs, les perfusions, les respirateurs, etc.

Pierre Meyer

Avant que n’arrive la première vague, le centre hospitalier d’Arles ne disposait que d’une seule chambre REB (risques épidémiques et bactériologiques). « Au plus fort de la deuxième vague, bien plus violente ici que la première, nous sommes montés jusqu’à 75 patients Covid, raconte Pierre Meyer, l’ingénieur en chef des services techniques, si nous n’avions pas eu la chance de disposer en interne de tous les corps de métiers, je ne sais pas comment nous aurions pu y arriver ! ». Ses services techniques sont composés de trois ateliers : courant fort courant faible, plomberie serrurerie et enfin corps d’états secondaires.

24 heures pour réagir

« Nous avions au plus 24 heures pour réagir, se souvient-il, le comité de pilotage se réunissait tous les jours entre midi et deux et le lendemain matin tout devait être en place ». Quelques heures à peine pour transformer des services, monter des murs provisoires, créer des bulles d’isolement, intervenir sur l’aéraulique afin de mettre les chambres en dépression, puis ensuite modifier la salle de réveil afin d’augmenter le nombre de lits en réa…

« Nos agents portaient bien sûr les mêmes types d’EPI que les soignants et, ensuite, lorsqu’ils devaient intervenir pour des opérations de maintenance dans les chambres Covid, ils portaient eux aussi des combinaisons étanches à usage unique ». Tout cela sans compter en parallèle les interventions au niveau de l’accueil de l’hôpital : marquages au sol et balisage, dispositifs de distanciation sociale, pose de séparations en plexiglas, pas loin d’une centaine dans l’établissement…

Retour à la vocation d’origine

S’il veut saluer l’efficacité et l’engagement des agents qu’il supervise, il souligne toutefois que son hôpital a eu le temps de se préparer, contrairement à ceux de l’Est de la France et de la région parisienne : « Nous avons pu ainsi anticiper et assurer progressivement le prise en charge des patients Covid qui arrivaient ».

Lors de la fin du première vague, les établissements ont repris une configuration plus standard. Ce qui a nécessité de retirer les éventuels aménagements, de remettre les unités dans leur état antérieur, et de remodifier les dispositifs de ventilation.

« L’architecture de l’hôpital fait que l’air des blocs est neuf. Cela a facilité les choses, indique Julien Rimbert directeur adjoint des ressources matérielles du CHD de Vendée. Après le pic de l’épisode Covid, on a juste changé les filtres du système d’aération. Mais pour que les blocs retrouvent leur vocation d’origine, il faut qu’ils soient homologués par les services d’hygiène. »

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