CHU Montpellier : la logistique appuie la reprise

Sur le pont dès que la date du 11 mai a été retenue, les équipes des achats et de la logistique du CHU de Montpellier ont préparé la réouverture des portes aux consultations et aux hospitalisations déprogrammées depuis le début de la pandémie. Visite guidée dans les zones d’attente et de consultations…
© CHUM
Réorganiser l’ensemble des sites d’un établissement qui aligne 400 000 m2 de bâtiments, le groupe de travail du CHU s’y était préparé sitôt la date du 11 mai évoquée pour le déconfinement. En fait, ce n’est pas un seul groupe de travail qui a été mis en place, mais deux : « Nous avons souhaité distinguer les hospitalisations des consultations, explique Julie Durand, la directrice des affaires générales, car même si nous avons réalisé plus de 10 000 téléconsultations en à peine deux mois, certaines spécialités ne pouvaient donner lieu à des consultations à distance, c’est bien la raison pour laquelle le groupe de travail consultations est animé par Vincent Daien, responsable de l’unité d’ophtalmologie ».

Plusieurs centaines de zones d’accueil et d’attente

Directeur des investissements et de la logistique, Thierry Veleine convient que ça n’est pas simple à organiser : « Pas loin de 540 000 consultations et examens en année pleine, c’est gérer chaque jour un flux de 2 000 patients, explique-t-il, et même si la reprise s’effectue progressivement, nous devons valider en temps réel toutes les dispositions que nous avons prises ».

C’est d’autant plus complexe que les quatre sites du CHU comptent plusieurs centaines de zones d’accueil et d’attente qu’il a fallu réorganiser, même si les dispositifs visant en amont à réguler et limiter le nombre et la durée des venues à l’hôpital sont maintenus. « Dans les zones d’attente, explique Thierry Veleine, plutôt que démonter des sièges, nous avons choisi d’en neutraliser une partie avec des bandes de chantier afin que les règles de distanciation soient respectées ».

Une réflexion collective sur les circuits de déplacements

Un système de « marche en avant » a été mis au point chaque fois que les locaux le permettaient. Et même lorsqu’ils ne le permettaient pas, comme le confirme Thierry Veleine : « Ainsi, un escalier de secours est utilisé pour drainer les sorties, ce qui est en réalité plus facile à dire qu’à faire puisque nous devons nous assurer que la porte de secours est bien fermée après chaque sortie afin de limiter les intrusions et les vols ».

Les cadres soignants et administratifs des différents pôles ont échangé avec la direction des travaux et le secteur sécurité pour élaborer ces circuits avant qu’ils ne soient validés également par le département d’hygiène hospitalière. Un département lui aussi largement mis à contribution : « Même si chaque professionnel va disposer dans les prochains jours d’un kit individuel pour nettoyer son propre espace de travail — nous avons d’ailleurs rencontré de sérieuses difficultés d’approvisionnement — nos protocoles habituels ont été adaptés avec le pôle hygiène ».

Bionettoyage spécifique

 

Et Thierry Veleine reconnait que, là également, rien n’a été simple même si personne ne peut pénétrer dans l’enceinte des différents sites du CHU sans porter de masque de protection ni s’être lavé les mains avec une solution hydro-alcoolique : « Un bio-nettoyage spécifique a été développé pour les zones d’attente, les boxes de consultation et l’hospitalisation de jour, mais l’approvisionnement en alcool à 70° a notamment posé problème ».

Autre difficulté qu’il a fallu surmonter, les renforts en personnel : « Quand nous étions en phase Covid, nous pouvions redéployer du personnel, mais avec la reprise d’activité il nous faudra du personnel supplémentaire pour le bio-nettoyage, convient-il, après deux mois sous tension les agents sont épuisés et les congés d’été arrivant, il va falloir procéder à des recrutements en CDD ». De 7 à 10 % des effectifs, selon une première estimation…

Du provisoire qui est parti pour durer

Thierry Veleine ne se fait pas d’illusions, les mesures prises pour assurer la protection du personnel au contact des visiteurs vont durer : « Au moins jusqu’à la fin de l’année, prophétise-t-il, et c’est bien pour cette raison que nous conduisons une réflexion pour pérenniser certains équipements comme les casquettes visières, des équipements plus professionnels désormais, réalisés en polycarbonate qui tient mieux sur la durée ».

Les dispositifs du genre hygiaphone font également leur grand retour : « Deux cents écrans en plexiglas ont déjà été fixés pour protéger le personnel administratif du bureau des entrées et une autre commande de 300 écrans en trois largeurs différentes doit arriver ces jours-ci ». Là aussi, les délais d’approvisionnement se tendent : « On nous annonce aujourd’hui des délais de livraison de 15 jours et nous ne sommes pas à l’abri d’une pénurie… ».

Reste qu’aujourd’hui, avec un maximum de garanties, le CHU de Montpellier semble avoir verrouillé la situation pour reprendre progressivement son activité, assurer les consultations et programmer à nouveau les interventions qui avaient été suspendues. Lors de la conférence de presse organisée pour présenter l’organisation du déconfinement, Thomas Le Ludec, le directeur général, confiait que le CHU avait perdu 40 % de son activité depuis le début de la crise. Une double peine pour l’établissement qui peut désormais chiffrer le coût de la crise sanitaire.
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