Arles : la Covid a révélé l’importance de la logistique

Si la première vague avait mis les acheteurs sous pression quand les hôpitaux s’arrachaient masques et équipements de protection individuelle, désormais, avec l’arrivée des vaccins en pleine reprise de l’épidémie, ce sont les logisticiens qui sont dans la seringue comme à l’hôpital d’Arles. Parent pauvre avant la crise, la fonction est reconnue comme une fonction majeure.

© Olivier Quérette/ektadoc.com/Ville d'Arles

Faire porter le chapeau aux logisticiens qui, avec les pharmaciens, avaient déjà depuis plusieurs semaines tiré la sonnette d’alarme, c’est un peu comme regarder le doigt quand il faudrait voir la lune. Dans l’article publié dans nos colonnes il y a un mois déjà (lire notre article du 14 décembre 2020), tous étaient dans les « starting blocks » pour la campagne de vaccination, même s’ils dénonçaient le brouillard absolu dans lequel ils avançaient.

Parent pauvre avant la crise

À Arles, Pierre Salenc, ingénieur chargé des services logistiques du centre hospitalier Joseph Imbert, préfère voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide. Pour cet ingénieur, si la Covid a contribué à braquer les projecteurs sur le rôle stratégique de la logistique hospitalière, la pandémie aura également permis de renforcer les liens qui unissent logisticiens, acheteurs et personnel de santé.

« Avant la crise sanitaire, la logistique était considérée comme le parent pauvre des établissements de santé alors qu’aujourd’hui tous ont compris qu’elle est au cœur de la vie des hôpitaux ». Cet ingénieur se félicite également du renforcement des relations entre les treize établissements du GHT Hôpitaux de Provence organisé autour de l’AP-HM. Pourtant, le CH d’Arles est bien modeste à côté du mastodonte marseillais. Alors, un mal pour un bien ?

Une année 2020 irrationnelle

« Nous n’avons jamais connu ça, reconnait Pierre Salenc, 2020 aura été une année irrationnelle, stressante au dernier degré. Ne pas manquer, gérer les stocks au quotidien, adapter nos procédures dans l’urgence, faire des dotations quotidiennes alors qu’elles étaient hebdomadaires… Nous avons connu des bugs, reconnait-il, comme lorsque les livraisons n’arrivaient pas, mais nous nous sommes adaptés, nous avons monté des plans B dans l’urgence. Et tout cas, nous n’avons jamais été en rupture ».

© O. Quérette/ektadoc.com/Ville d’Arles

Le centre hospitalier d’Arles ne compte que 450 lits tous services confondus, mais la première vague est arrivée au même moment que la mutualisation de la blanchisserie avec les hôpitaux des Portes de Camargue, Beaucaire et Tarascon. Un sacré défi à relever alors que la première vague submergeait le département : « Pratiquement du jour au lendemain nous sommes montés de trois à cinq tonnes par jour en modifiant dans le même temps nos procédures, puisque le traitement du linge contaminé est bien plus long à gérer, poursuit le chef du service logistique, il nous donc a fallu commander du linge en urgence, solliciter plus encore des agents sous pression. Heureusement qu’au sein du centre hospitalier la solidarité a joué à fond, ajoute Pierre Salenc, du personnel administratif est venu nous prêter main forte alors qu’ils n’avaient jamais fait ça de leur vie ! ».

Sur le pied de guerre

Pour les équipes du service logistique (une centaine d’agents), les défis étaient quotidiens : « La configuration de l’hôpital changeait au gré de l’évolution de l’épidémie, il nous fallait transformer en quelques heures des services de médecine ou de SSR en unité Covid, renforcer la capacité en soins intensifs de 9 à 15 lits en armant des lits supplémentaires de réanimation en salle de réveil au bloc opératoire… ».

Du coup, la deuxième vague a été mieux absorbée : « Et pour la troisième qui s’annonce avec l’apparition du variant britannique, au moment même où nous devons gérer la campagne de vaccination, nous sommes sur le pied de guerre ». Il faut dire que l’organisation logistique n’est plus la même : « Alors que nous avions été pris de court au printemps, nous avons adapté et optimisé toutes nos procédures afin de passer à une gestion quotidienne des stocks en partenariat avec les cadres des unités de soins ».

Un métier loin d’être monotone

© CH Arles

« Nous nous considérons comme des prestataires de services », tient à souligner Pierre Salenc, les soignants sont nos clients ». Malgré un stress quasi-quotidien, le professionnel arlésien ne regrette rien : « Je suis un hospitalier dans l’âme, ça fait quarante ans que je suis dans la fonction publique hospitalière et ici l’ascenseur social est une réalité ».

En effet, après avoir commencé sa carrière au sein du service restauration du centre hospitalier de Nîmes, puis à Arles où il exerce depuis 20 ans, Pierre Salenc a décroché un Master 2 en logistique où il évolue depuis quinze ans. Un choix qui le comble : « Nous sommes des généralistes, nous touchons à toutes les fonctions support et travailler avec les directions opérationnelles ne prête pas à la monotonie. La logistique, conclue-t-il, je ne m’en lasse pas ! ».

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