À Nantes, la 1ère pierre d’un CHU d’un nouveau genre

Le Premier ministre, Jean Castex a posé, vendredi dernier, la 1ère pierre du futur CHU de Nantes, en rupture par son architecture en pavillon avec ce qui s’est fait jusqu’ici, novateur sur le parcours des patients, en particulier âgés, et dans l’articulation entre des soins, formation, recherche et innovation.

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« Le plus gros projet hospitalier en cours en France et sans doute celui qui bénéficiera dans les dix ans à venir du soutien le plus fort des pouvoirs publics compte tenu de son importance et de ses qualités. »

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En choisissant Nantes, ce 21 janvier, pour expliquer que son gouvernement avait changé le braquet de la France en matière de santé, le premier ministre Jean Castex ne s’est sans doute pas trompé.

Un nouveau quartier de ville

L’opération est de taille. 1,247 milliard € de budget, 13 bâtiments, 220 000 m2 sur un terrain de 10 ha, « grand comme 14 terrains de football », 1200 ouvriers qui s’y affaireront au plus fort du chantier qui durera 6 ans, jusqu’en 2027. « Les anciens locaux de l’hôtel-Dieu ne pouvaient pas être adaptés aux besoins d’un établissement moderne », a rappelé Johanna Rolland, la maire de Nantes.

Plus qu’un établissement, c’est un quartier de la santé qui sera érigé. Il réunira un pôle de formation de 8000 étudiants, deux instituts de recherche existants plus un nouveau et toutes les spécialités (cardiologie, neurologie) rapatriées du Nord de la ville au centre-ville. Y seront aussi logés deux projets, l’un baptisé « Stations S » d’incubateur de start-ups et de promotion de la santé ainsi, l’autre I-site Next combinant recherches médicale et industrielle.

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Le nouveau CHU prendra la forme d’une série de pavillons avec des rues, comme dans un nouveau quartier de ville dans le prolongement de la ville. « L’opposé de la construction monobloc, un peu rude, bâtie autour de la technologie dans les années 1970, 1980 et même encore 1990, a commenté Philippe El Saïr, DG du CHU. Cette conception manquait un peu d’humanité, on la rétablit. » Il occupera un pan sud de l’île de Nantes, l’ex-friche industrielle des chantiers navals, au milieu de la Loire qui comporte déjà beaucoup d’écoles supérieures et un quartier de la création numérique.

Même nombre de lits

« La capacité en lits du CHU restera inchangée », a précisé Philippe El Saïr. 1436 exactement au terme d’une réévaluation des besoins. La démographie de Nantes (15 000 habitants de plus par an) et surtout le vieillissement de sa population, plus rapide qu’estimé il y a dix ans, a abouti à 192 lits de court séjour et 100 lits supplémentaires en établissements de soins de suite et de réadaptation (SSR).

« Au-delà des lits, le parcours de prise en charge des patients changer avec le nouveau CHU, a indiqué Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l’ARS, en particulier celui des plus âgés. Avec des consultations et des ressources en amont pour la prévention et en aval, des lits en SSR pour qu’ils passent le moins de temps possible à l’hôpital ».

Pilotage fin des emprunts

Jean Castex et Philippe El Saïr © HH

La réévaluation a eu un impact sur la participation de l’Etat qui a ajouté 175 millions d’€ pour atteindre 400 millions d’€ au total, ce qui représente quasiment la facture initiale de 528 millions d’€ en 2014. Philippe El Saïr évoque un financement « très solide » : un tiers de l’Etat, un tiers d’autofinancement, un tiers d’emprunt. « Les conditions sont bien meilleures aujourd’hui que les 4 % qui étaient envisagés il y a dix ans. Les banques sont disposées à nous prêter à des taux plus bas et sur des périodes très longues, 30, 40 ans. Mais même si les taux ont tendance à remonter ce qui inciterait à en profiter tout de suite, je ne veux pas d’un paquet de dettes dont nous n’aurions pas besoin. Le sujet, d’ici 2027, sera donc plutôt un pilotage fin de ces volumes d’emprunts. »

Par ailleurs, pour autofinancer l’opération, le CHU ne va pas chercher à améliorer sa performance économique, déjà bonne. Ce sera celle qu’il réalise ces derniers temps. « Onze années d’excédents budgétaires et un taux de marge brute moyen de 8 %, c’est assez exceptionnel et nous fait avoir confiance dans la suite des opérations », a renchéri le directeur général de l’ARS.

Prochaine étape, la fin de la négociation des marchés avec les entreprises de construction (13 lots) d’ici quelques semaines. Les terrassements sont terminés. D’ici l’été, ce sera l’installation des bases-vies et l’été prochain, la construction commencera à proprement dit.

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