19 milliards pour moderniser le système de santé

Le gouvernement a donné le feu vert cette semaine pour injecter 19 milliards au profit des hôpitaux et du secteur médico-social pendant la prochaine décennie, dont un tiers consacré à la reprise de dette. Les trois quarts des crédits seront confiés aux agences régionales de santé.

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Pour le gouvernement, la somme dégagée est sans précédent, comparée aux précédents plans de 2007 (6 milliards) et 2012 (2,5 milliards d’euros). L’objectif est de moderniser les bâtiments et équipements, tout en donnant de nouvelles marges de manoeuvre aux établissements.

6,5 milliards seront accordés pour la reprise de la dette. Rien qu’en région PACA, même si l’endettement s’allège, il s’élève à 2,5 milliards, a chiffré Anthony Valdez, directeur de l’offre de soins de l’ARS lors d’une conférence de SantExpo Live. Au CHU de Dijon, l’ardoise se monte par exemple à 287 millions d’euros.

Etalée sur une décennie, l’enveloppe, hors restauration de la capacité financière, a été ventilée de la manière suivante. 9 milliards financeront directement de nouveaux investissements, dont 6,5 pour soutenir des projets de transformation de l’offre de soins. Un milliard sera gardé sous le coude en cas de besoin pour ajuster l’aide à l’évolution des besoins. Un milliard et demi d’euros, programmé sur 5 ans, sera utilisé pour la rénovation ou l’agrandissement des EHPAD.

L’accent sur la rénovation bâtimentaire et le numérique

Un peu partout, la vétusté de certains locaux nécessite une rénovation. Le CHU de Rouen veut moderniser son pôle « femme mère enfant » et les secteurs de moyen et long séjour. Le CHU de Dijon, où les travaux représenteront 52 % des investissements en 2021 contre 23 % pour le matériel médical, 18 % les systèmes d’information et 7 % le matériel hôtelier, a établi un « top 30 » des dossiers qui découle du projet d’établissement. Parmi les sujets phares figurent la réhabilitation de l’hôpital pour enfants et du bâtiment gériatrique.

Enfin deux milliards, disponibles sur 3 ans, seront dédiés au numérique. Sur cette somme, 600 M€ seront réservés aux Ehpad. « On va avoir des investissements majeurs à faire en informatique, à la fois dans l’établissement et sur tout le GHT », a témoigné Pascal Taffut, directeur des affaires financières du CHU de Dijon lors de Santexpo Live. Même son de cloche à Rouen, où « les investissements informatiques sont à prioriser », a confirmé Aurélie Dossier, directrice des affaires financières du CHU.

Déconcentration des crédits

Autre changement, la gestion de 14,5 des 19 milliards d’euros sera confiée aux ARS, puisque pour le gouvernement « les territoires sont les mieux placés pour identifier, comprendre et traiter les problématiques de santé qui leur sont propres », aussi bien pour rénover, moderniser ou rattraper le retard dans certains domaines. Et pour prendre en compte, à l’échelle territoriale, l’ensemble des problématiques. Une décision nationale ne sera nécessaire que pour les projets supérieurs à 150 M€ HT.

L’attente est grande. En PACA, l’ARS dispose d’un vivier de 76 projets qui représente « quasiment un milliard d’euros », a chiffré Anthony Valdez. Un comité régional d’investissement sera chargé de retenir les projets éligibles, pas seulement en fonction de critères financiers et d’indicateurs de solvabilité. La réponse aux besoins de la population, la capacité à embarquer l’ensemble des acteurs (médecins libéraux, services à la personne, structures médico-sociales…), par exemple en privilégiant des « Campus Santé », et l’agilité seront aussi des points clefs. La crise sanitaire a démontré que l’hôpital devait être pensé de façon flexible afin de pouvoir, en période épidémique, disposer très rapidement d’espaces de soins critiques modulaires.

 

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