Un taxi pour Ville-Evrard

Comme le général Galliéni en 1914 lors de la bataille de la Marne, l’EPSM Ville Evrard a mis en place une noria de taxis et de navettes chargée d’acheminer les équipes sur ses sites durant le combat contre le Covid-19, de la fin mars jusqu’au déconfinement. Une équipe s’est dévouée pour réserver et organiser 130 déplacements par jour.

© Epictura

 

Etablissement de référence en Seine-Saint-Denis dans le domaine de la santé mentale, l’EPSM Ville-Evrard (près de 30 000 patients) comprend plusieurs sites répartis sur tout le département (Neuilly-sur-Marne, Aubervilliers, Bondy, Saint-Denis…) où travaillent 2400 agents. Lorsque le confinement a été décrété, les transports en commun se sont réduits comme peau de chagrin.

Difficile pour les infirmiers, aides-soignants, agents des services hospitaliers (ASH) ou encore les cuisiniers qui débutent très tôt le matin de rallier sans encombre leur lieu de travail. L’EPSM décide alors de prendre la question à bras le corps pour acheminer son personnel à bon port. Une convention est passée avec la société de taxis G7.

 


Pour les trajets supérieurs à 3 km

 


« Tous les agents pouvaient bénéficier de la formule, à la condition que la distance entre le domicile et le site soit supérieure à trois kilomètres, exception faite de certains quartiers où il était nécessaire d’assurer la sécurité de notre personnel. Une de nos internes a par exemple été agressée en prenant les transports en commun », précise Gaëlle Zantman, à la tête de la direction achat hôtellerie logistique (DAHL).

L’EPSM choisit de centraliser les demandes qui devaient être déposées auprès des cadres. Des tableaux hebdomadaires (comprenant les noms des agents, leur adresse, le lieu de travail, les jours et heures de prise de poste) étaient ensuite transmis pour avoir un maximum de visibilité et planifier.

 


Deux binômes qui carburent

 

Houda Belkessa


L’opération démarre pied au plancher le 31 mars. « La feuille de route à construire chaque jour a été très compliquée », reconnaît la directrice. D’abord parce que le nombre de demandes a augmenté de manière exponentielle. Seule au départ pour saisir les réservations en ligne, Houda Belkessa, habituellement chargée de la facturation à la DAHL, est bientôt épaulée par sa collègue Farah Kobba.

 

Arnaud Février

Mais cela ne suffit pas et il faut installer au bout de quinze jours un deuxième binôme, composée par roulement d’agents de la DRH, des archives, de la formation continue et d’une assistante médico-administrative. En stage long à l’EPSM, Arnaud Février, élève-directeur, coordonne les efforts.

 


Une gestion casse-tête

 

 

Les changements incessants de planning, conséquences d’arrêts maladie, de remplacements, d’échanges de prise de poste, représentent un casse-tête car il faut prévenir G7 des annulations de réservations ou des modifications d’horaires, parfois signalées au dernier moment. Les binômes viennent à la rescousse d’un agent dont le véhicule est tombé en panne de véhicule ou, a contrario, décommandent une course parce qu’une solution de co-voiturage a été trouvée entretemps.

 

Angelina Breteaux du binôme 2

L’équipe « opération taxi » télétravaille sans relâche, se répartissant la tâche par ordre alphabétique, de A à J pour le premier binôme et de K à Z pour le second. « Il faut louer leur disponibilité car les deux binômes ont travaillé jusqu’à douze heures par jour pour que le système tourne », insiste Gaëlle Zantman.

 


130 trajets quotidiens à organiser

 


Près de 2500 trajets en taxis ont été ainsi effectués rien que pour le mois d’avril, avec une dépense de 105 000 euros à la clef. A quoi il faut ajouter le système complémentaire de navettes assuré par le service de transports de l’EPSM. Ses huit ambulanciers, plus disponibles en raison d’un volume réduit de transferts de patients, ont véhiculé chaque jour entre 40 et 50 professionnels, en utilisant principalement des minibus de l’hôpital.

Ces minibus ne transportaient pas plus de 5 passagers, soit la moitié de leur capacité habituelle afin de respecter les consignes de distance sanitaire. Soit au total une moyenne de 130 trajets quotidiens accomplis (taxis et navettes).

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