Le CHU Poitiers imagine un chariot double pour son linge tout séché

Quand il y a cinq ans, le CHU de Poitiers a opté pour le « tout séché » en blanchisserie et tiré des draps-housses sur les lits, il n’a pas vu l’augmentation des volumes nécessaire pour les stocker et les transporter. Conséquence, il a phosphoré pour créer un prototype de chariots-doubles.

© CHU Poitiers

Plus de calandres à la blanchisserie, mais des séchoirs rotatifs. Depuis 2017, au CHU de Poitiers, les draps, au lieu d’être livrés dans les services soignants repassés, à plat, le sont en boule dans des sacs plastiques. « Cinq ans plus tard, le progrès apporté par cette innovation reste réel, explique Béatrice de la Chapelle, directrice des achats et de la logistique. Pour le patient, les draps sont houssés aux pieds, il ne se découvre plus. Les agents peuvent faire les lits seuls. Plus besoin d’être à deux ! Simplement quand on a changé le process industriel de la blanchisserie, on n’est pas allé jusque dans les services. »

Premier appel d’offres infructueux

La zone séchoir de la blanchisserie © CHU Poitiers

Côté transports, de temps en temps, les camions font un tour d’armoires de linge en plus pour livrer. Le drap housse livré en boule prend un volume plus important or le stockage des services n’a pas été revu », indique Béatrice de la Chapelle. Le CHU a donc décidé de les changer pour qu’ils soient mieux adaptés.

Un appel d’offres a été lancé à la fin de l’année dernière mais il n’a rien donné. Les adaptations des chariots existants chez les constructeurs n’ont pas convaincu. Les formes, les dimensions, les fonctionnalités ne correspondaient pas aux besoins des soignants. Le service achats a donc son travail à la base. Un prototype de chariot a été imaginé par la blanchisserie, le service d’hygiène et les aides-soignants. Puis il a été mis au point avec les fournisseurs habituels du CHU, débouchant sur l’écriture d’un nouveau cahier des charges.

Nouveau concept

Résultat, le nouveau chariot sera double : un premier est destiné à ce qui reste de drap plat, aux couvertures, aux chemises des malades, aux serviettes de toilette et de table ; le second chariot, plus petit, accroché au premier, est voué aux draps en boule, aux gants de toilettes et doté d’un fond plat remontant à mesure qu’on le vide, de manière à faciliter leur prise. Ainsi conçu, le chariot devrait faciliter le travail des aides-soignants et leur éviter quelques allers-retours dans les réserves de linge propre.

L’appel d’offres a été lancé en début d’année et clos début avril. Plusieurs propositions ont été déposées par les fournisseurs. « Nous continuons à innover avec eux dans la veine imaginative qui nous avait fait introduire le « tout séché » en France en 2017 », souligne Béatrice de la Chapelle. Le marché doit être notifié incessamment, sous peu.

Vers l’abandon du sac plastique

Béatrice de la Chapelle

Il porte sur 200 unités pour une valeur d’environ 430 000 €. Ces chariots vont équiper les services du CHU à Poitiers (site de la Milétrie) et les hôpitaux de Lusignan et de Montmorillon. Une fois fabriqués, ils devraient être déployés en septembre ou en octobre mais la blanchisserie planche déjà sur l’étape suivante : la suppression des sacs plastiques dans lesquels les draps sont mis automatiquement à la fin de la ligne de production de linge, à la blanchisserie. « Il y a des réactions parmi le personnel, choqué de cette utilisation de sacs plastiques que l’on jette ensuite à la poubelle », raconte Béatrice de la Chapelle.

Un essai de remplacement par des filets textiles est en cours. Ils seraient réutilisables. D’abord sur des draps de brancards, puis sur des nappes. Si le test fonctionne, la nouvelle façon de faire sera étendue aux draps-housses. La difficulté est d’abord matérielle. Le filet n’est pas aussi hermétique que le plastique. Il protège moins bien le drap. Il est de composition organique, il sera réutilisé, revenant à la blanchisserie avec le linge sale. Comment va-t-il réagir ? Le service hygiène vérifie tout cela.

Changement d’organisation

« L’autre difficulté, explique Béatrice de la Chapelle, c’est le temps supplémentaire passé par les agents de la blanchisserie à glisser les draps dans les filets. Car ce travail-là n’est pas automatisé. La blanchisserie a donc une nouvelle organisation interne à trouver. Mais l’amélioration des process est un peu l’ordinaire des responsables de services. Ils en ont tous le souci d’autant plus que l’exigence de développement durable s’impose de plus en plus. »

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