« La crise démontre le rôle très important des départements, notamment en termes de logistique », affirme Dominique Bussereau, président de l’Assemblée des Départements de France (ADF). Avec 45 % des établissements dénombrant au moins un cas positif au 20 avril, les EHPAD ont été les premiers bénéficiaires de cette dynamique destinées à soutenir leurs ressources… Une dynamique pour laquelle les départements ont bousculé leurs process.
Livraison des masques
Ainsi, « si l’approvisionnement en EPI s’est immédiatement imposé comme la priorité absolue, à commencer par les masques, dont la pénurie a mené l’ARS à privilégier d’abord les dotations aux hôpitaux », comme rappelle le président de l’Essonne, François Durovray, les départements ne se sont pas contentés d’acheter en nombre ces indispensables protections. Forts de leurs unités territorialisées rapidement mobilisables, ils se sont aussi rapidement concentrés sur leur distribution, en renfort de l’ARS et des acteurs concernés.
©Pascal Brunet CD62
Dans le Pas-de-Calais par exemple, où une équipe de volontaires a été constituée, « des dizaines d’agents de tous les services se sont portés candidats pour livrer des masques, après en avoir préparé et reconditionné les colis en fonction des quantités calculées – à l’unité près – par l’ARS », rapporte François Richard, le directeur du pôle « Développement des ressources » de l’organisation territoriale. Sur près de 300 000 pièces dispatchées à ce jour via ce circuit, un tiers a été fléché vers les EHPAD.
« Et le département n’a pas limité son soutien au seul « avitaillement ». Elargissant son aide logistique au « logement des troupes », la collectivité a également mis à disposition des personnels desdits établissements des appartements situés à proximité de leur travail, appartements relevant du parc public ou prêtés par leurs propriétaires privés, à la demande de l’office « Pas-de-Calais Tourisme ». Sans oublier, enfin, le volet « transport » avec une quarantaine des véhicules de la flotte départementale proposée à ces mêmes personnels afin de faciliter leurs déplacements et soulager leur quotidien.
L’organisation d’une réserve de bénévoles
Mais confrontées à un fort absentéisme, les équipes ultra-sollicitées ont eu besoin de personnels extérieurs pour fonctionner. Sur ce point encore, les départements ont donc répondu présent, ici par la constitution d’un vivier de professionnels recrutés grâce aux agences d’intérim spécialisées, comme dans le Bas-Rhin, là par l’organisation d’une réserve de bénévoles dédiée, comme dans l’Indre qui a lancé l’opération ESMS 36. « Une centaine de bénévoles se sont inscrits en ligne, proposant leurs compétences dans l’hygiène, la restauration ou l’entretien, et conseil départemental les met en relation avec les établissements », indique la directrice de cabinet de la collectivité, Delphine Raymond.
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La solidarité interservices joue également à plein. Alors qu’une cinquantaine d’infirmier(e)s départementaux de l’Essonne ont rejoint les rangs médicosociaux, la Mayenne a appelé ses agents à renforcer ponctuellement les équipes de cuisine ou le pool de secrétariat de certains EHPAD. Dans le Puy-de-Dôme, « trois cuisiniers et deux agents de service des collèges sont déjà allés prêter main-forte à quatre établissements en difficulté », rapporte de son côté Véronique Martin Saint Léon, directrice générale du pôle solidarités sociales de la collectivité… Une aide qui ne s’est pas faite du jour au lendemain : « Tous ont d’abord été vus par le médecin de prévention pour un bilan de santé puis formés, non seulement au port des EPI, mais aussi aux techniques spéciales de nettoyage et de désinfection », précise le responsable.
Du matériel pour faire face
Aide à la personne, cuisine, ménage, secrétariat ou animation… Reste, évidemment, la prise en charge médicale des résidents, que ne résolvent pas totalement les récentes mesures de la Sécurité sociale facilitant le renfort de médecins extérieurs. Pour pallier ce manque, la Seine-et-Marne a, comme d’autres, distribué deux tablettes numériques à chacun des 115 EHPAD de son territoire, dont une, en 4G, spécifiquement destinée à la télémédecine dans le cadre d’un dispositif mis en place avec l’ARS, en lien avec le Samu 77.
Et parce qu’en ces temps où la communication n’est plus une option, des infrastructures optimums sont impératives, le Puy-de-Dôme, lassé des difficultés récurrentes rencontrées sur ses réseaux fixes et mobiles, s’est fait l’entremise des établissements pour dénouer les blocages qu’ils rencontraient auprès des opérateurs », rapporte Véronique Martin Saint Léon.
Aménager pour la réouverture
Enfin, les départements se penchent sur les impératifs techniques générés par la réouverture mesurée aux visites : ainsi le CD du Lot et Garonne accompagne-t-il l’ARS et les établissements dans l’installation de sas adaptés, notamment dans trois EHPAD qui, faute de pouvoir le faire dans leurs locaux, ont dû se rabattre sur une installation extérieure.
Last but not least, les institutions départementales n’oublient pas non plus que la plus grande solidarité peut aussi s’exprimer dans un petit geste de convivialité, ici en prêtant, via les collèges, les plateaux-repas et échelles de réception adaptés au service en chambre, là en fournissant de quoi agréablement les garnir. Le département des Deux-Sèvres a ainsi offert plus de 500 kilos de chevreau livrés à une vingtaine de structures aux EHPAD à l’occasion de Pâques, « un double soutien aux équipes des EHPAD qui n’avaient guère le temps, cette année, de préparer un repas de fête ainsi qu’à une filière économique fortement impactée par la crise sanitaire », rapporte Antoine Fouchet, chef de cabinet.
