La logistique plus automatisée du futur CHU de Caen

Le CHU de Caen, en début de reconstruction pour 2026, aura une logistique automatisée, précise, plus globale et finalement moins coûteuse. Celle-ci s’installe déjà dans ses nouveaux murs à la fin de ce mois. Logisticiens d’étage, plein-vide généralisé, AGV, réseau de transport pneumatique, stockeurs informatisés verticaux de grande capacité, système de distributeurs automatiques à vêtements… : revue de détails de l’organisation modernisée.

Le bâtiment logistique/pharmacie/administration et biologie © Antoine Cardi

La tour de la Côte de Nacre doit être abattue. En 2026, c’en sera fini du CHU dans sa gangue de béton dominant l’arrivée à Caen par la route de Falaise. Et ce sera une première révolution pour sa logistique. Cinq bâtiments de hauteur moyenne, six étages au maximum, actuellement construits à son pied, la remplaceront.

Ils seront reliés par un réseau souterrain pour AGV (Automatic Guided Vehicules) qui monteront dans les étages par leurs propres ascenseurs. « Pénalisante aujourd’hui, l’attente des équipes de distribution aux ascenseurs disparaîtra », annonce Thomas Jousse, directeur des ressources matérielles.

Logiciel d’étage et plein-vide généralisé

Thomas Jousse © DR

La logistique sera automatisée grâce à ces AGV, de sorte que ces équipes de logisticiens n’auront plus lieu d’être. Les véhicules autoguidés déposeront les armoires devant chaque service à la sortie des ascenseurs sur les aires de stockage dédiées. « Pour l’ensemble des flux, restauration, déchets, service hôtelier et pharmaceutique, la logistique du dernier mètre sera assurée par un logisticien d’étage, présent dans chaque service, qui sera en particulier voué à la gestion des approvisionnements hôteliers et sera aidé à cet effet par un système de plein-vide généralisé ».

« Une des inconnues demeurant pour le moment, est le type de personnel affecté à la commande des médicaments, en sachant qu’une solution d’automatisation de la dispensation nominative n’est pas encore actée », poursuit Thomas Jousse, « ce système d’une personne en permanence à leurs côtés qui se consacre à leurs besoins logistiques devrait intéresser les soignants ».

WMS intégral

Lui estime que la nouvelle logistique leur fera gagner du temps. De la vitesse aussi par la plus grande automatisation. De l’efficacité du fait qu’elle sera gérée par un logiciel de WMS (Warehouse Management System) de bout en bout : depuis la pré-commande déclenchée autour du plein-vide dans les étages jusqu’à la commande par le service achats à la direction des finances aux fournisseurs en passant par les déstockages et l’organisation des livraisons à l’entrepôt et à la pharmacie.

« J’attends de ce système une gestion fine de la qualité du service que nous rendrons. Respecter par exemple des conditions de stockage et de transport à part pour des produits spécifiques, notamment ceux sensibles au froid. »

Plus de repas réchauffés au micro-ondes

L’intérieur du bâtiment logistique/pharmacie/administration et biologie © Antoine Cardi

Le nouveau CHU sera aussi équipé d’un réseau de transport pneumatique qui, en dehors des prélèvements des labos, véhiculera des médicaments, à partir du moment où ce type de déplacement accéléré ne les altèrera pas, notamment par élévation de température.

Toute cette logistique s’articulera sur la nouvelle plateforme qui entre dans ses nouveaux locaux le week-end du 25 mars prochain. Hors-site, la restauration et la blanchisserie qui convergeront vers lui apporteront leurs propres nouveautés. Des chariots à deux compartiments du côté de la restauration, l’un froid, l’autre électrifié pour réchauffer les repas à condition d’être branchés à leur arrivée dans les services, ce qui remplacera les micro-ondes. Un système de distributeurs automatiques à vêtements (DAV) du côté de la blanchisserie pour affecter des tenues à leur taille aux soignants.

Contenants lavés une fois par semaine

La plus grande cohérence technique est prévue du côté des matériels logistiques, comme les caisses crocodiles. Ce seront les mêmes côté pharmacie et magasin général. Seule la couleur du « plomb » employé pour les fermer les différenciera. Les chariots, les rolls servant à les déplacer seront également communs.

A l’entrepôt, les caisses crocodile intègreront dès leur arrivée un système de convoyeurs, depuis la gare AGV de la plateforme jusqu’à leur renvoi vers les services de soins, commandes prêtes.

Tous les contenants (caisses crocodile, armoires, rolls) seront lavés « en retour d’AGV » une fois par semaine au moins grâce à deux cabines de lavage. Ce nouvel entrepôt va révolutionner, façon logistique industrielle, la manière d’accomplir ses trois métiers de base, réception, le stockage et préparation de commandes.

Stockeurs verticaux

© Antoine Cardi

La surface de la zone de réception a été réduite de moitié. La capacité de stockage, elle, globale croît beaucoup. Avec, très classiquement, des palettiers pour les produits les plus lourds où les des agents ne circuleront qu’en chariots motorisés. Quelques rayonnages légers accessibles seulement à pied.

Mais surtout, des stockeurs verticaux de grande capacité, très hauts, permettront de multiplier les références de produits et de les gérer. « Ces stockeurs, informatisés, apportent au technicien et placent devant lui les produits requis au moment de la préparation de commande. Ce n’est plus lui qui se déplace mais le produit qui se déplace vers lui », explique Thomas Jousse.

Une chaîne pensée de manière globale

D’ici trois ans, c’est-à-dire jusqu’au percement des tunnels et à l’entrée en service des AGV, la nouvelle logistique va maintenir ses livraisons aux services soignants par camions, chariots et armoires poussés par ses équipes de distribution. Les besoins de transport vont même augmenter (un poids-lourd de plus) avec l’arrivée dans l’entrepôt de la pharmacie qui résidait jusqu’ici au pied du CHU, en rez-de-jardin de la tour.

Mais au-delà bien moins d’hommes seront nécessaires. « Ce qui permettra potentiellement de fonctionner avec moins d’effectifs », estime Thomas Jousse. Par ailleurs, plus rapide, plus proche d’eux, le nouveau système logistique devrait mieux accompagner les soignants. « L’innovation vient parfois d’éléments existants dont la combinaison crée une chaîne d’approvisionnement qui connaît peu de faiblesse parce qu’elle a été pensée de manière globale », résume Thomas Jousse.

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