La logistique mutualisée de la cité sanitaire de Saint-Nazaire

Logés dans la cité sanitaire de Saint-Nazaire, l’hôpital et la clinique du groupe mutualiste Hospi grand Ouest partagent leur logistique, choix qui s’est révélé utile pendant la période Covid. Après huit ans de fonctionnement, l’expérience montre que les deux établissements auraient pu aller plus loin.

La mutualisation est un principe à la cité sanitaire de Saint-Nazaire. C’était même une condition, à l’époque, en 2005, pour que l’ARS accepte sa construction par le biais d’un partenariat public-privé (PPP). L’ouverture a eu lieu 2012, avec à la clé, le rajeunissement de quatre établissements mutualistes d’un côté, de l’hôpital de l’autre. Donc : une seule cuisine, une seule pharmacie, un seul bloc opératoire, un service biomédical installé à l’hôpital, la maternité à l’hôpital, l’urologie à la clinique, etc.

Logistique intégrée au projet architectural

Louis Dargel

Et une logistique commune. « Le coup d’avance que voulaient avoir les concepteurs du projet est passé par la mise en œuvre d’un seul système de transport automatisé (AGV) dans les étages », rappelle Louis Dargel, responsable achats-logistique de la clinique. « La logistique a été intégrée au projet architectural. Cela n’a été pas trop mal fait », renchérit Antoine Wallaert, responsable du service approvisionnement à l’hôpital.

Ainsi, au 1er sous-sol, un couloir de 350 m traverse en ligne droite les deux bâtiments. C’est le « boulevard » de circulation des « tortues » ralliant toute la journée leurs propres ascenseurs pour livrer les cinq étages de soins. Onze véhicules, 650 voyages par jour, 800 les jours de pointe.

« Tortues » chères mais vertueuses

Un énorme travail de recensement et d’organisation des flux a été nécessaire, au départ, entre responsables logistiques des deux établissements puis avec les cadres de soins. « Il a abouti à des compromis d’une grande richesse car nous avons vraiment pu mettre la logistique au service des soins », se souvient Antoine Wallaert.

Avec le recul, huit ans plus tard, les « tortues », achetées 100 000 € le véhicule, ont apporté un progrès réel en poussant les chariots à la place des hommes. Elles ont aussi fait faire des économies. « Les AGV viennent d’être à l’arrêt pendant 10 jours pour refaire les sols. Il a fallu 26 personnes à temps plein pour faire son travail », précise Antoine Wallaert, calculant qu’annuellement ce service reviendrait à 500 000 euros. Au lieu de cela, l’hôpital et la clinique se partagent un loyer des AGV noyé dans le loyer global payé à la structure de gestion de la cité sanitaire.

Entraide pour les EPI

Les tortues livrent les chariots-repas, de médicaments et de fournitures hôtelières. Côté hôpital, les agents logistiques d’étage s’occupent des derniers mètres. Côté clinique, ses ASH (agents de service hospitalier) s’en chargent, y compris pour le service de médecine post-urgence, 30 lits, que l’hôpital a transféré à sa collègue en novembre pour faire de la place aux malades Covid.

Autre exemple de service mutuel, lié à l’épidémie, les EPI (équipements de protection individuelle) envoyés pour la clinique par l’ARS (Agence régionale de santé) sont passés par le magasin de l’hôpital. Ce qui a évité un voyage à Nantes, à 45 km de là, sur la plateforme distributrice du CHU.

Un seul magasin mais pas d’achats en commun

Mis en commun, le magasin fait l’objet d’une convention particulière se traduisant par une facture de 75 000 euros annuels payée par la clinique à l’hôpital. C’est lui qui réceptionne l’équipement hôtelier – la pharmacie fonctionne sur le même principe – et le distribue selon les besoins dans les étages.

Antoine Wallaert

« Les établissements mutualistes fonctionnaient à flux tendus, sans magasins, raconte Antoine Wallaert. Au départ, nous les responsables logistiques, réclamions 1000 m2, nous n’en avons obtenu que 600. L’hôpital vivait aussi dans cet objectif de flux tendus dont on est un peu revenu. Lequel nécessite, entre autres, plus de personnel. La convention avec la clinique m’a permis d’embaucher 2 magasiniers de plus, passant de 3 à 5. Mais on a vu, lors de la crise de la Covid, que les 1000 m2 nous ont manqué pour stocker les masques et les EPI ».

Deux filières d’approvisionnements

En amont du magasin, la clinique et l’hôpital ne sont jamais allés jusqu’à passer commande ensemble et réaliser ainsi des économies. La faute à des filières d’approvisionnement, pour le public et pour le privé, différentes. Ce dont les deux responsables logistiques rient entre eux parfois. « Pour les assiettes ou pour les essuie-mains, il peut toujours y avoir des différences. Mais pour les changes, par exemple, c’est flagrant, ce sont exactement les mêmes », indique Louis Dargel.

Les deux établissements n’ont jamais exploré cette piste. Mais l’achat des équipements hôteliers ne figure pas, non plus, parmi les premières dépenses. La cité sanitaire y consacre 6 millions d’€ par an contre 18 à la pharmacie. Un montant sans commune mesure, par exemple, avec les investissements décidés ensemble, hôpital et la clinique, pour leur bloc opératoire.

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