Des SHA made in CHU de Dijon

Depuis la mi-mars, la pharmacie et la logistique du CHU de Dijon travaillent main dans la main pour produire en quantités suffisantes des solutions hydroalcooliques et répondre aux besoins des services. Zoom sur la démarche et son organisation.

© CHU Dijon

« Nous avons commencé notre propre production à partir du 16 mars, lorsqu’il y a eu des arrêtés nous autorisant à le faire alors que nous avions constaté que notre stock de SHA baissait à vue d’œil » indique Corinne Pernot, pharmacienne au sein de l’établissement, en charge de cette production. « Nous avons appliqué la formule de l’OMS, ce qui donne une solution très liquide, contrairement au gel hydroalcoolique qui est plus visqueux » précise-t-elle.

 

5000 litres produits

 

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« J’ai une équipe de 8 personnes qui tournent. Tout est fait en manuel. Une partie des personnes prépare la solution en mélangeant les différents composants et l’autre fait le conditionnement en flacon et met les étiquettes, activité plus chronophage. Des sortes de bonbonnes munies de robinets nous permettent de remplir les flacons », décrit Corinne Pernot. Cette équipe est constituée d’un interne, un pharmacien en tant que coordinateur, des préparateurs, des externes en pharmacie. Comme la production exige de manipuler des cubis d’alcool d’une contenance de 5 ou 10 litres, les hommes s’occupent du remplissage et les femmes du conditionnement.

« Nous produisons actuellement 300 litres par jour, en consacrant les matinées à cette activité, en parallèle de notre activité quotidienne habituelle. Cela correspond à notre consommation journalière. Nous sommes montés au début jusqu’à 600 litres par jour en y consacrant 6 heures par jour pour pouvoir constituer des stocks face à la pénurie de notre fournisseur » informe la pharmacienne. « Cela nous permet de fournir le CHU de Dijon et deux autres établissements de santé du GHT, Chaumont et Langres. Depuis la mi-mars, le CHU de Dijon a produit 5000 litres de SHA.

 

Trouver la matière première

 

Pour arriver à ces résultats, il a fallu trouver des sources d’approvisionnement. Et cela n’a pas été une mince affaire. Premier challenge : trouver l’alcool. « Notre fournisseur de matières premières était en rupture de stock. Nous avons sollicité l’ARS qui nous a dirigés vers les liquoristes. C’est la société Lejay-Lagoute qui nous a fourni l’alcool », poursuit Corinne Pernot. Autre problématique, la recherche de flacons. « Notre établissement n’a pas fait le choix de réutiliser les flacons de SHA car cette collecte était compliquée à mettre en œuvre et la procédure de lavage à appliquer assez drastique », détaille la pharmacienne.

« Nous avons fait le choix d’utiliser des flacons neufs et pour cela de faire appel aux dons en concertation avec la direction des affaires économiques et logistiques. » Plusieurs entreprises Beriplast, Sidel, Euroflaco groupe Alpla, Actipack ont répondu présent. « Nous avons récupéré des flacons pas forcément aussi pratiques que les flacons pompes que nous avons l’habitude d’utiliser mais nous avons fait avec les moyens du bord », témoigne Corinne Pernot. Les lieux ont été réorganisés pour assurer cette production. « Nous avons préempté les locaux de la pharmacie et re-dispatché certaines activités pour pouvoir assurer un certain volume de production »

 

Un projet mené de front par la logistique et la pharmacie

 

© CHU Dijon

Enfin, une vraie organisation pharmacie-logistique a été mise en place. « Les matières premières sont livrées en palettes sur la plateforme hospitalière d’approvisionnement. Sur place, nous avons une équipe logistique et un pharmacien qui coordonne l’arrivage des matières premières avec la logistique qui amène les flacons et matières premières sur le lieu de production. Lorsque les SHA sont prêts, la logistique les place sur la plateforme pour distribution dans les services. »

Une semaine a été nécessaire au CHU dijonnais pour récupérer les matières premières, les flacons, s’organiser et trouver des locaux. Un poste de préparateur sur une période temporaire a été accordé par la direction du CHU pour mener à bien ce projet.

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