Denis Ragueneau à la tête de la logistique de l’EPSM Daumézon

Pour occuper le poste, nouvellement créé, de responsable logistique, l’EPSM Daumézon a choisi de recruter Denis Ragueneau. Ce professionnel chevronné de la planification industrielle a vite pris ses marques dans la fonction soutien hospitalière, qu’il qualifie de « métier sous-marin », invisible mais essentiel, et troqué l’optimisation des chaînes de production pour la qualité et la continuité de service.

« Hier, rentabilité et productivité étaient les mots clefs qui rythmaient ma vie. Aujourd’hui, je travaille sur de la continuité et de la qualité de service, au bénéfice du soignant et du patient » Professionnel éprouvé, Denis Ragueneau a rejoint, début juillet, l’EPSM Daumézon comme ingénieur logistique. Son tout premier poste dans le secteur de la santé puisqu’il a accompli, jusqu’ici, toute sa carrière dans l’industrie.

Optimiser les chaînes de production

Après un DUT organisation et gestion de production décroché à Agen, ce Corrézien de naissance, fan d’Ovalie – « le rugby est ma 2e religion », précise-t-il – et supporter indéfectible du CA Brive, doit s’expatrier à Blois pour trouver, en 1999, un premier emploi dans l’agro-alimentaire. Plus précisément chez Cadbury, en tant que responsable de la sous-traitance. « J’étais chargé de gérer toute la partie externalisée du conditionnement, avec des ateliers protégés essentiellement », confie-t-il.

Peu après, il remonte le plus long fleuve du pays, jusqu’à Sully-sur-Loire, et entre chez Saint-Gobain, comme responsable de la planification dans une usine de fabrication de « transparents » pour l’aéronautique. Traduisez des pare-brise et hublots destinés aux avions et hélicoptères. « Il s’agissait d’optimiser une production essentiellement manuelle ».

Orangina, un monde à part

En 2007, Orangina secoue sa carrière et le recrute pour coiffer sept lignes de production quasiment entièrement automatisées. Pas question d’embouteillage dans les chaînes. Chaque ligne sort entre 30 000 et 60 000 unités par heure ! Les cannettes doivent être prêtes juste à temps pour permettre un chargement rapide des camions. Livrées préformées, les bouteilles, réchauffées, gonflées avec de l’air comprimé, remplies, bouchées, étiquetées, défilent avant d’être rassemblées en pack et stockées en palette.

« L’usine tournait en 3/8 ou en 5/8. C’était vraiment un monde à part. Et une expérience marquante qui m’a permis de développer des automatismes, une méthodologie de travail et une organisation rigoureuse pour pouvoir prioriser les tâches et anticiper au quart d’heure près », se souvient-il.

En 2015, bye-bye la fabrication de masse, bonjour les petites séries. Le voilà responsable de la supply chain d’un fabricant de « relais hermétique », des interrupteurs au fonctionnement particulier destinés aux activités spatiales et militaires, où on lui demande d’optimiser les coûts et la valeur des stocks. « C’est le monde du tout petit. La taille d’un relais peut aller de deux morceaux de sucre à un ongle de petit doigt. » Le sujet exige une fiabilité à toute épreuve, avec des tests de contrôle très poussés. « Aller réparer dans l’espace, c’est compliqué… », souligne Denis Ragueneau.

Apporter un œil différent

La pandémie le fait réfléchir au sens de sa vie et de son travail. Début 2022, il repère l’offre d’emploi de responsable logistique proposé par l’EPSM. Le poste est attrayant : il s’agit de coiffer la blanchisserie, la restauration, une plateforme créée deux ans plus tôt, le garage et évidemment les flux. Soit une équipe d’une cinquantaine d’agents. Un changement radical d’univers. « Lors des entretiens de recrutement, je vais être honnête, je me suis posé la question : est-ce que je vais m’y retrouver ? », admet-il.

Denis Ragueneau ne parcourt l’EPSM en tous sens que depuis seulement quelques semaines. Mais il sait déjà que la réponse est oui. « La blanchisserie, la restauration, la plateforme, ce sont des processus qu’il s’agit de piloter, pour lesquels je peux apporter mes connaissances et mes compétences. Je peux mettre en application tout ce que j’ai pu perfectionner dans l’industrie, avec des contraintes et un stress différents », explique-t-il, avant d’ajouter aussitôt qu’il n’a pas l’intention de faire table rase du passé. « L’établissement fonctionnait avant que j’arrive. Et il continuera quand je partirai. Je suis ici pour apporter un œil différent ».

La logistique, un métier sous-marin

Les projets s’accumulent déjà sur son bureau. Examiner les conditions qui permettraient à la blanchisserie qui traite 200 à 300 tonnes de linge par an d’étendre sa clientèle extérieure, reprendre progressivement les flux qui ne dépendent pas encore de la logistique à l’image des transports d’analyses ou des médicaments en dehors du site, appliquer le décret tertiaire, déployer à la cuisine une application pour mieux maîtriser la gestion des commandes et la production (700 repas quotidiens en liaison froide), étudier le basculement du parc de véhicules (182 engins) vers l’électrique ou l’hybride dans les années à venir…

Le nouveau venu a aussi vite saisi les misères et splendeurs de la fonction soutien. « Personne ne nous voit, mais le jour où ne nous sommes pas là, cela se voit vite », résume Denis Ragueneau qui qualifie la logistique de « métier sous-marin ». « Nous sommes dans l’ombre et nous restons pourtant essentiels. »

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