Les blocs chirurgicaux presque tous relancés au CHU de Rennes

A Rennes, presque tous les blocs opératoires et tous les services du CHU ont redémarré. Mais les précautions-barrières à tous les étages et la réversibilité des moyens, nécessaire en cas de nouvelle alerte au Covid, imposent un rythme modéré.

© CHU Rennes

Vingt-sept salles d’opération sur trente-huit tournent à nouveau. « 1850 interventions avaient été déprogrammées. Nous les relançons en allant au-delà de ce qui ne peut plus attendre ou qu’un peu, mais guère plus que ça. Car les précautions sanitaires nous ralentissent. Nous privilégions aussi ce qui peut s’annuler du jour au lendemain, comme les interventions en ambulatoire. » C’est ainsi qu’Hubert Serpolay, directeur adjoint, responsable de l’ingénierie biomédicale, décrit le dosage délicat auquel se livre son établissement entre reprise d’activité, préparée 15 jours avant le déconfinement- et l’aptitude, s’il le faut, à se « remobiliser immédiatement » deux fois plus fort plus qu’il ne l’a fait jusqu’ici.


Les conditions de la rétroactivité


Les limites sont fixées en cellule de crise, deux fois par semaine, en négociation avec l’Agence régionale de santé. « Pas de rythme imposé, mais nous demandons aux équipes médicales de rester vigilantes vis-à-vis de la reprise de circulation du virus liée au déconfinement et de ne redémarrer que progressivement. Ce sont les conditions de leur rétroactivité, s’il y en a besoin », indique Natacha Prat-Robillard, de l’ARS.


De son plan d’armement contre le Covid-19, qu’Hubert Serpolay qualifie d’« œuvre d’art », réexaminée des dizaines de fois, le CHU de Rennes n’a activé que le niveau 5 : 100 lits d’hospitalisation dont 40 lits dédiés à la réanimation. L’agence régionale de santé (ARS), lui demande d’être en mesure de le restaurer en 24 h. Et d’atteindre le niveau 10 (291 lits d’hospitalisation dont 100 lits en réanimation) en 3 jours. Alors qu’il n’avait plus que trois patients en réanimation le 15 mai et préserver qu’une capacité de huit lits de réanimation.


« S’il nous faut 40 lits en réanimation d’un coup, ce sera brutal mais nous saurons faire. Réactiver le plan, c’est moins une question de matériel, nous savons le réunir, y compris les équipements de protection individuelle, même si les approvisionnements en surblouses restent tendus, qu’une question de gestion du personnel et d’organisation de la désescalade des interventions maintenant en cours », estime Hubert Serpolay.


La contrainte des doubles circuits


L’un de ses atouts, pour revenir en situation d’urgence Covid, est d’être loin d’avoir, au moment aigu de la crise, transformé tous ses blocs opératoires, en salles de réanimations. « Nous avons concentré les interventions ne pouvant pas être différées sur un nombre réduit de blocs. Les autres n’ont été qu’en partie affectés à la réanimation. Nous avons beaucoup « musclé » des salles de réveil et des unités de soins continus, en moniteurs, en respirateurs et en matériels de perfusion pour en faire des salles de réanimation. »


Aujourd’hui, alors que les blocs redémarrent, la contrainte la plus forte vient de ce qu’ils doivent, comme tous les services, prévoir le traitement à part d’éventuels malades du Covid-19. Les protocoles de prise en charge sont en place. Jusqu’aux chambres individuelles, aux tests de dépistage et au décalage éventuels des interventions dans l’attente de leurs résultats.


Mais partout, deux parcours de patients distincts avec les espaces nécessaires pour garantir les distances de sécurité, ce n’est pas toujours facile ! Cela dépend des locaux. Partout, les salles d’attente sont diminuées d’une chaise sur deux. « La sécurisation ne passe ni par de nouvelles cloisons, ni par l’équipement de salles spécifiques en surpression ou des choses de ce genre. Il faut des masques, des protections individuelles. Il suffit de bien isoler les soignés et les soignants, bien appliquer les précautions barrières. »

« Le virus ne saute pas comme cela sur les personnes. Mais préparer deux circuits différents dans toutes les activités médicales, ça, c’est le plus difficile. Cela dépend de l’activité technique elle-même, des locaux de service. C’est à personnaliser dans chaque service. Enfin, c’est un état d’esprit. Si on ne peut pas respecter les règles, on ne fait pas, c’est tout ! On change de local, qu’importe, on ne fait pas. Tout cela, c’est un peu de travail », estime Hubert Serpolay.

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