CH Bourg-en-Bresse : les Bleus ont fait du chemin

À l’hôpital de Bourg-en-Bresse, sur son site de Fleyriat, le ballet quotidien des chauffeurs livreurs, réglé comme du papier à musique, est indispensable au bon fonctionnement de l’établissement de santé, mais aussi à ses annexes et plusieurs EHPAD alentour. Revêtus de leur polo bleu, les agents de la logistique, au service des soignants et de leurs patients, avalent tous les jours des kilomètres pour livrer en temps et en heure matériels et produits. Et ont aujourd’hui l’image d’une équipe sur laquelle on peut compter.

Une partie de l'équipe logistique © JMB

« Dans peu de temps, un convoi va passer », prédit Florian Celso tout en consultant l’heure. Promesse tenue. Quelques minutes plus tard, on aperçoit en effet deux phares au bout d’un très long couloir, avant d’entendre le ronronnement d’un moteur électrique et le cliquetis caractéristique des « rolls » métalliques. Composé de plusieurs chariots remplis, un petit train fait son apparition.

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Arrivé en janvier 2019, le responsable de la logistique du CH de Bourg-en-Bresse, a fait du respect du timing l’un des credo de son équipe, une quarantaine de personnes au total, affectées pour les 2/3 aux déplacements internes ou externes des matériels et produits (le reste de l’équipe gère le magasin, le courrier et la régulation des transports sanitaires).

Des livraisons séquencées

L’horloge détermine tout. Les allers-retours pour le linge commencent à 8 h 30. Ensuite c’est le ravitaillement en produits hôteliers. Après être venus récupérer les commandes des services au magasin, les convois constitués s’ébranlent vers 9 h 30. « Les services savent qu’ils seront livrés vers 10h. Chaque agent se charge d’un périmètre géographique », indique Florian Celso.

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En début d’après-midi, c’est au tour des médicaments d’être distribués contre décharge. Aux aides-soignantes et infirmières le soin de ranger le matériel. Une réflexion avait été entamée sur la logistique des derniers mètres mais la crise sanitaire a mis tout cela entre parenthèses. « La période n’est pas propice. Avec les travaux, beaucoup de services vont déménager ».

 

Au service des unités de soins

Le retrait des déchets ferme la marche des rotations. « Nous n’avons pas le choix. Livrer les services à n’importe quelle heure les déstabiliserait. L’aléatoire n’a pas de place. Il faut des certitudes. Si une aide-soignante n’a pas reçu sa livraison pendant la tranche horaire prévue, elle va faire autre chose et tout sera décalé…C’est un jeu de dominos. On va pénaliser le reste de la chaîne, la prise en charge des soins », insiste Florian Celso.

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« Le fil conducteur de la logistique, c’est d’être au service des unités de soin, de leur simplifier la tâche en leur délivrant le matériel au bon moment, au bon endroit », enchaîne le responsable logistique. Un système de dépannage existe évidemment en cas de besoin. « Les services font leur commande une fois par semaine. S’il y a des manques, ils peuvent récupérer des produits dans la journée, ou à J+1 grand maximum », ajoute-t-il.

 

90 000 km par an pour les camions de la logistique externe

Le tout dans des conditions particulières puisque l’hôpital de Fleyriat est en pleine rénovation avec la réhabilitation de certains espaces et la construction de nouveaux bâtiments. Fin du programme en 2024. « À la fin des travaux, on disposera de deux couloirs, un médical, et en parallèle, un autre réservé à la logistique ». Même si les risques sont infimes (les moteurs des engins de traction sont bridés à 5 km/h), la configuration améliorera la sécurité puisque les « rolls » ne croiseront plus patients, visiteurs et brancards.

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Quatre rotations thématiques (déchets/repas/linge…) assurent aussi le ravitaillement de sites extérieurs, l’Hôtel-Dieu (USLD/SSR) situé à 6 km en centre-ville, et la résidence Emile Pélicand, EHPAD rattaché à l’hôpital et distant de 5 km. Avec le même séquençage. « Chaque site connaît les horaires de passage et pourquoi le camion passe », résume Florian Celso. En 2020, les agents habilités à conduire les 4 poids lourds et supervisés par Romain Cuisinier ont ajouté à leurs tournées la livraison du linge à 2 EHPAD du GHT éloignés de 40 km. Soit 20 000 km au total par an pour le premier circuit. Et environ 70 000 km pour le second.

80 000 flacons de vaccin délivrés

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La crise sanitaire a naturellement mis son grain de sel. Depuis le début de l’année, la logistique a pris en charge l’approvisionnement de la majeure partie des centres de vaccination du département de l’Ain : transfert des précieux flacons, mais aussi seringues, masques, blouses acheminés auprès d’une dizaine de sites, aussi bien au centre de vaccination de Bourg-en-Bresse, installé au centre des expositions, qu’à Oyonnax, Ambérieu, Miribel ou encore Villars-les-Dombes… Afin d’effectuer les livraisons chaque jour, l’hôpital a loué deux véhicules frigorifiques et recruté en renfort trois chauffeurs en CDD jusqu’à la fin de la campagne de vaccination.

Chaque livreur doit suivre une check-list précise : appel préalable pour prévenir le site, suivi de la température, remplissage des fiches suiveuses. « Il ne s’agit pas seulement de faire, mais aussi de contrôler et de tracer. Le système a été mis en place pour qu’il n’y ait aucune erreur », justifie Florian Celso. Depuis janvier, les Bleus ont acheminé 80 000 flacons et avalé 52 000 km.

Changement d’image

Florian Celso et Ludovic Pomeret © JMB

Le regard des autres services sur ceux de la logistique n’est plus même, estime Ludovic Pomeret responsable de l’équipe logistique interne, sorti du rang. Naturellement en raison de leur mobilisation pendant le pic de la pandémie. Et de l’organisation mise en place. Le mot d’ordre, c’est ponctualité, réactivité et self-control. « Ce que je demande aux agents, c’est de rester patient, calme et courtois. Les unités de soin sont souvent sous pression. Cela ne sert à rien d’ajouter du stress au stress. Nous sommes dans un hôpital. Nous travaillons au bénéfice de patients, pas de machines », illustre-t-il.

« Le savoir-être est important dans un monde où le dévouement est la règle. Sinon on est en ballotage défavorable », reconnaît Florian Celso. Plus d’empathie, plus de disponibilité, l’image du service a changé. « On ne va pas vous mentir : il y a 5 ou 6 ans, la logistique n’était pas perçue de la même façon. Maintenant, les gars en bleu font partie intégrante du parcours de soin », assure Ludovic Pomeret.

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