Bond technologique pour le futur hôpital d’Ajaccio

Encensé pour ses avancées technologiques, mais décrié pour son ouverture sans cesse reportée, le nouvel hôpital d’Ajaccio ouvrira enfin ses portes en 2022. Directeur en charge des affaires économiques, logistiques et biomédical, Étienne Cailliot nous en dit plus sur les dispositifs automatisés dont bénéficiera l’établissement implanté à Stiletto, sur les hauteurs de la ville impériale.

Terminer sa carrière sur un chantier tel que celui-ci, qui n’en rêverait pas ? Directeur adjoint en charge des affaires économiques, logistiques et du biomédical du CH d’Ajaccio, Étienne Cailliot a franchi le pas en septembre dernier, quittant ce que l’on pourrait presque qualifier de “nid douillet” au regard de ce qui l’attendait en Corse.

De Grasse à Ajaccio

Etienne Cailliot

Son “nid douillet”, c’était le poste de directeur des affaires économiques et logistiques qu’il occupait au centre hospitalier de Grasse, dans les Alpes-Maritimes. Trois ans aux mêmes responsabilités après en avoir passé douze à la direction des travaux et des services techniques au sein du même établissement. Pas la peine de dérouler toute sa carrière car elle s’est effectuée pour l’essentiel dans la fonction publique hospitalière. « En parlant de “nid douillet” vous y allez peut-être un peu fort, corrige-t-il, car s’occuper d’achats et de logistique en milieu hospitalier n’est jamais de tout repos ».

Et ce n’est pas vraiment faux lorsque l’on a commencé sa carrière dans l’éducation nationale. Étienne Cailliot n’y a pas fait de vieux os car il voulait toucher à l’humain : « Dans un centre hospitalier, même lorsque l’on pilote des acheteurs et des logisticiens, la dimension humaine reste prédominante ». Sans en faire ni un héros ni un kamikaze, on doit reconnaître une certaine audace à Étienne Cailliot, un évident goût du risque.

Augmentation de la superficie et titulaire en redressement judiciaire

Reprendre à Ajaccio la direction des affaires économiques et logistiques d’un centre hospitalier dont le nouveau site a pris quatre ans de retard, il fallait oser le faire. Un peu comme prendre un train en marche dont on n’est pas encore certain qu’il arrivera à destination dans les délais. Mais Étienne Cailliot temporise, d’autant qu’il n’est en poste que depuis septembre dernier : « L’entreprise italienne attributaire du marché du bâtiment a été mise en redressement judiciaire en cours de route, explique-t-il, et les retards se sont alors accumulés ».

D’autant qu’il n’existe pas dans l’île d’entreprise pouvant mobiliser chaque jour de 200 à 300 ouvriers et proposer la technicité nécessaire. D’ailleurs, sur les cinq dossiers déposés lors de l’appel d’offres, aucun groupement d’entreprises corses ne s’était manifesté. Toutefois, l’attributaire s’était engagé à faire appel à la sous-traitance locale. « Les raisons du retard sont objectives, explique Étienne Cailliot, nous n’y pouvons rien, d’autant que la surface du bâtiment initialement fixée à 36 000 m2 est montée à 55 000 m2.

Ouverture programmée en 2022

« Mais aujourd’hui, poursuit-il, le bâtiment est hors d’eau et hors d’air et la date d’ouverture du nouvel hôpital sur le site de Stiletto, l’année prochaine, devrait être respectée ». Bien avant son arrivée, les premiers achats avaient été réalisés et plusieurs nouveaux équipements sont déjà positionnés sur site, comme par exemple les unités de production d’oxygène médical (notre article du 10 décembre 2020) ou encore les nouveaux caissons hyperbare.

Les premiers achats ont été réalisés dès 2017, alors qu’Étienne Cailliot était encore en poste à Grasse : « Nous avons cette année un gros programme d’achats, confie-t-il, 8 M€ qui porteront le total du budget achat du nouvel hôpital à plus de 17 M€ entre 2017 et 2022 ». La part relative en termes de types de marchés sera de 56,3 % en marchés propres, 39,2 % en centrales d’achat, et 4,5 % en hors-marché.

Des tortues guidées par WiFi

Par rapport à l’ancien site, le nombre de lits sera pratiquement identique, puisqu’il passera de 312 lits, postes et places actuellement à 330 dans le nouvel hôpital. Un bâtiment qui sera bien plus rationnel, comme le confie le directeur des affaires économiques et logistiques : « Nous avons porté l’accent sur la rapidité des liaisons verticales grâce au noyau central d’ascenseurs qui différencie les circuits médicaux, visiteurs et logistiques, dit-il, de même, l’automatisation des transports logistiques sera assurée par un système de distribution du type AGV par “tortues” guidées en wifi alors qu’un réseau pneumatique desservira toutes les unités de soins.

Pour sa part, ajoute-t-il, la distribution nominative robotisée de médicaments sera gérée par la pharmacie, quant au personnel, il disposera d’une automatisation de la distribution des tenues de travail à l’entrée des vestiaires avec l’installation de deux distributeurs automatiques de vêtements ». Pour Étienne Cailliot, il y a un véritable bon technologique d’un site à l’autre : « Malgré tout, même si la crise sanitaire nous complique sérieusement la tâche, et même si l’insularité ne nous simplifie pas non plus les choses, le chantier ne prend plus de retard ».

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