Aurore Hérin : changement par la logistique à l’EPSM de la Sarthe

Sage-femme il y a trois ans encore à l’hôpital d’Orléans, Aurore Hérin est la nouvelle directrice adjointe en charge des transformations logistiques de l’EPSM de la Sarthe. C’était son premier choix à la sortie de l’EHESP. L’établissement veut redonner à la psychiatrie, localement, un cadre d’exercice adapté à notre époque.

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« La directrice qui arrive a cet avantage incroyable qu’elle a été formée pour parler autant à des logisticiens que pour parler à des soignants grâce à son parcours de sage-femme. En matière de dialogue et de compréhension, il devrait y avoir une légère plus-value, en tout cas on l’espère dans cet établissement. »

Neuf jours après avoir débarqué à Allonnes, siège de l’EPSM de la Sarthe, Aurore Hérin livre là ce qu’elle considère comme son atout pour ses prochaines années. Dans ses mots transparaît aussi ce pourquoi elle a fait l’EHESP la trentaine tout juste entamée : pour contribuer à faire « bouger les lignes » comme le dit sa directrice d’aujourd’hui Céline Lagrais. « A l’EHESP, j’ai surtout appris le management, précise-t-elle, plus exactement l’accompagnement managérial au changement car il ne s’agit pas d’imposer arbitrairement mais de faire évoluer les organisations. Je ne possédais pas cette compétence car personne ne peut prétendre être un manager en sortant d’une formation de soignant. »

Le jour où…

Cette vocation à la direction d’établissement, lui est venue, curieusement, par la logistique. Car il y a eu ce jour où elle a découvert un peu comme une révélation, le pouvoir des fonctions de soutien. C’était en 2015. L’hôpital Porte-Madeleine d’Orléans déménageait. Le service de la maternité est déclassé. Sage-femme, Aurore Hérin est sollicitée pour aider les équipes de terrain à préparer le déménagement. Elle accepte et s’éloigne de la clinique et des patients mais met un premier doigt dans l’organisationnel. Elle prend conscience de l’impact qu’une logistique bien structurée peut avoir sur le quotidien des soignants. Le temps et la charge mentale qu’elle leur redonne pour qu’ils les consacrent aux patients.

Au nouvel hôpital d’Orléans, à La Source, la logistique du XXIème siècle surgit en remplacement du Moyen-Âge. Apparaît le premier pilotage automatique des armoires, les AGV. Aurore Hérin, qui a le sentiment, à 27 ans, d’avoir fait un peu le tour de son métier de sage-femme, du moins tel que les perspectives s’en dessinaient à Orléans, acquiert une conviction. La logistique donnera désormais le cap à sa carrière.

Les militaires du Prytanée de La Flèche

Un choix conforté par des militaires qu’elle consulte par le biais du Prytanée, le lycée militaire de La Flèche où elle a effectué son secondaire. La logistique, les militaires connaissent. Mais quel chemin doit-elle emprunter ? Elle tentera le concours d’entrée de l’EHESP. « Directeur des hôpitaux, c’était le concours qui me permettait de faire le plus de logistique. J’ai toujours eu ça dans l’idée car c’est une manière très transversale d’appréhender l’hôpital ».

Dans les faits, tout en travaillant, elle prépare l’examen d’entrée au cycle préparatoire à l’entrée à l’EHESP. Admise, pendant ce cycle d’un an, elle valide en parallèle une licence d’administration publique à l’université. A la fin de l’année, elle tente trois concours : directeur d’hôpital, directeur d’établissement médico-social, attaché d’administration hospitalière. Elle réussit le premier, celui qu’elle souhaitait.

S’ensuivent deux années « formidables ». Pas que du juridique ou du théorique au programme. Du concret aussi. Par exemple, un rapport sur les secrétariats médicaux et non-médicaux de l’hôpital de Ruffec en Charente. « Le secrétariat c’est le point d’entrée en contact avec les patients. L’offre de soins, les patients avaient évolué. Plus possible de les accueillir tout en répondant au téléphone. Nous avons proposé de désynchroniser les temps de travail, institué un front et un back office », résume-t-elle.

Psychologie en périnatalité

En exerçant à l’EPSM d’Allonnes, Aurore Hérin retrouve la santé mentale, un des grands centres d’intérêt de sa vie. « Mon sujet de fin d’études à Angers, était la psychologie en périnatalité. J’avais été très intéressée par l’Unité médico-psycho-sociale en périnatalité du professeur Philippe Duverger au CHU. Revenir à la psychiatrie générale et faire le lien avec la MCO que je connais m’intéresse. Et puis il y a le choix d’un établissement. Celui-ci bouge. C’était mon premier choix. Je suis très fière d’avoir été retenue sur entretien. De plus, à des fonctions logistiques ! Je suis plus qu’enthousiaste. »  Elle a mille choses à son agenda : la réécriture de tous les projets de services, d’abord de soins. L’accompagnement dans la réorganisation de tous les dispositifs de soins. Et la logistique.

L’EPSM a en charge tout le département de la Sarthe, ce qui représente 40 sites voués à la santé mentale à l’extérieur du siège d’Allonnes. Aurore Hérin va commencer par tous les visiter. « Je ne serai pas toujours là à 7h, comme ce matin, dans les cuisines qui débutent à cette heure-là. Mais je vais aller voir tout le monde. Il faut compter plusieurs mois avant de tout comprendre », indique-t-elle. Elle le sait, les habituelles journées de travail de 10h, 15h pour un directeur s’allongent parfois, en fonction des aléas.

De nouveaux processus pour sortir de la crise

D’autant plus que l’EPSM a une réforme de la psychiatrie à mener : la désinstitutionalisation des soins ; le traitement des patients au maximum, même quand ils sont en crise, dans leur environnement habituel. Ce qui va supposer la mise en place d’équipes mobiles, bien formées (l’EPSM dispose d’un parc de 138 véhicules à faire évoluer avec les nouvelles réglementations, notamment environnementales).

Et aussi, entre autres, de développer de la « pair-aidance », ces collectifs, associations, groupements d’entraides mutuelles sur lesquels les patients peuvent s’appuyer. « Nous n’échappons pas à la pénurie médicale nationale, en psychiatrie aussi. Le travail risque d’être un peu plus compliqué, de ce fait, encore pendant trois ou quatre ans. Mais il y a un moment où il faut sortir de la crise. Par de nouvelles organisations, de nouveaux fonctionnements, de nouveaux process logistiques. Pendant mes deux ans d’études, j’ai aussi appris que tout cela est possible pour peu qu’on y mette quelques moyens et de l’énergie. » Ce dont, apparemment, la nouvelle directrice de la logistique et de la promotion de la santé mentale (intitulé exact de son poste) ne manque pas.

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