Dans la foulée, plusieurs outils voient le jour : le « guide pratique de l’achat innovant », publié par la direction des affaires juridiques de Bercy en 2014 et mis à jour en mai 2019, ou encore le guide « La commande publique : un marché pour les innovations », sorti par la direction générale des entreprises en 2015.
Enquête auprès d’un peu plus de 200 acheteurs
Le décret de décembre 2018 inconnu d’un tiers des répondants
Quels sont les enseignements de ce retour terrain ? D’abord que le sujet n’est pas forcément bien cerné par tous. Même si quasiment 72 % des acheteurs interrogés affirment avoir connaissance du décret du 24 décembre 2018, il n’en reste pas moins qu’un tiers de l’échantillon avoue son ignorance près de 14 mois après la publication du texte. 69,7 % des professionnels indiquent n’avoir pas bénéficié de formation dans le domaine. « Cela démontre l’effort qui doit encore être mené pour sensibiliser les acheteurs à cette problématique », admet l’enquête de l’OECP.
41 % des acheteurs interrogés répondent non d’emblée à la question « avez-vous l’intention de recourir à l’expérimentation pour réaliser un achat innovant inférieur à 100 K€ HT sans publicité ni mise en concurrence ? ». Et 32 % n’en savent rien, peut-être faute d’un besoin clairement identifié.
La crainte de l’insécurité juridique
Plusieurs écueils sont avancés. Le premier, c’est la notion elle-même d’achat innovant, « par nature fluctuante et, de ce fait, subtile à employer », explique l’OECP qui reconnaît qu’elle est « appréhendée avec difficultés par les acheteurs. »
Le second, lié au premier, est la qualification juridique de l’achat innovant. « Les pratiques d’achats requièrent du temps pour évoluer, car la sécurité juridique est une problématique importante pour les pouvoirs adjudicateurs qui ne se lancent pas aisément dans de nouvelles procédures, par nature moins bien maitrisées », argue l’enquête.
Le chiffre des expérimentations certainement sous-évalué
Pour autant, plusieurs pouvoirs adjudicateurs ont franchi le Rubicon, à l’image du CHI de Poissy-Saint-Germain en Laye qui s’est emparé de la mesure pour s’équiper de casques de réalité virtuelle capables de relaxer les patients lors de certains examens (lire notre article sur le sujet, lien en bas de page).
L’OECP a en effet déjà recensé près d’une centaine de procédures sous l’égide du décret de décembre 2018, soit pratiquement le double que les 56 identifiés en janvier 2020. Un chiffre sous-évalué « du fait notamment du décalage lié à la collecte de statistiques » selon l’Observatoire qui prévoit un nouvel état des lieux à l’automne.