Un exosquelette à la BIH de Saintonge

Pour améliorer la qualité de vie au travail et faciliter la manutention et l’accrochage des sacs de linge sale, la blanchisserie inter-hospitalière de Saintonge a choisi de s’équiper d’un exosquelette. Installé depuis la fin du mois de septembre, le matériel, qui soulage mais ne remplace pas le travail des agents, devrait pouvoir alléger la prise de charge de 30%.

« Les conditions de travail sont dures dans les métiers de la blanchisserie », assure Adrien Moura, directeur des achats du GHT de Saintonge, également administrateur délégué du GIP blanchisserie inter-hospitalière de Saintonge.

Tous les jours, cette structure nettoie, pour le compte de ses adhérents (5 CH et leurs structures médico-sociales, 3 EHPAD) et de ses clients (comme le CCAS de Saintes), environ 11 tonnes de linge hôtelier (draps, linge plat, couvertures, serviettes éponge), de vêtements professionnels, ainsi que du linge personnel de résidents.

L’accrochage, un poste éprouvant

La crise sanitaire, la hausse du volume traité et la mobilisation des équipes (52 agents au total) ont donné matière à réflexion sur les conditions de travail. « Malgré les craintes et les appréhensions concernant le virus, l’outil de production a continué à fonctionner. Les plages horaires ont été allongées et la blanchisserie a réaménagé son organisation pour prendre en charge les effets contaminés. L’autre élément déclencheur a été l’arrivée en mars 2021 comme responsable du GIP de Florence Conan, à la fibre QVT et prête à travailler sur ce sujet », expose Adrien Moura.

« L’un des postes le plus difficile est celui de l’accrochage et de l’engagement des sacs de linge sale sur la chaîne », poursuit-il. Le GIP a donc cherché à savoir comment faciliter le travail des sept agents chargés à tour de rôle de cette manutention éprouvante, composée de plusieurs manipulations répétitives dans un espace réduit, et qui nécessite de la force. D’abord retirer les sacs des rolls en partant du haut de la pile. « Leur poids varie mais ils peuvent atteindre 20 kilos lorsqu’ils sont remplis à bloc », indique Adrien Moura. Ensuite déposer le sac au sol, s’assurer qu’il est bien fermé et au besoin le resserrer. Puis de nouveau le soulever pour le fixer à un crocher en acier à environ 1,50 m du sol, à bras levés.

Matériel léger et adapté à plusieurs morphologies

Pour aider les agents et diminuer les risques de TMS, le GIP a décidé de s’équiper d’un exosquelette dédié spécifiquement aux fonctions de logistique et de blanchisserie. Piloté par Florence Conan, un groupe pluridisciplinaire, comprenant des agents de la blanchisserie, de la médecine du travail et le préventeur des risques professionnels notamment, a étudié les avantages et les inconvénients de la formule. Après sourcing, un fabricant a été identifié.

Une démonstration in situ a permis de lever d’éventuelles craintes et de tordre le cou aux clichés de l’exosquelette véhiculé par Terminator. Conçu en carbone, le matériel est déjà très léger (2,9 kg). Sa structure modulaire (support lombaire et réglage des épaules adaptables sur 6 niveaux) lui permet de s’ajuster à chaque morphologie. Car le GIP dispose, dans ses rangs, de tous les gabarits, du demi de mêlée au 3e ligne, pour reprendre une métaphore rugbystique.

Une aide mais pas un substitut

Autre atout, il est facilement utilisable, sans besoin d’assistance. Et il ne cherche pas à se substituer à l’agent. Il l’accompagne dans son geste, en aidant les bras et les épaules. « L’exosquelette soulage mais ne remplace pas », insiste Adrien Moura, « en empêchant de se pencher en avant, l’armature dorsale oblige à adopter la bonne posture en pliant les genoux au lieu de se courber. Cette gaine est une contrainte bénéfique. »

Dernier avantage non négligeable : il s’endosse et se retirer rapidement, en vingt secondes top chrono, à l’image d’un sac à dos. « Nous souhaitions que les agents ne soient pas obligés de le garder constamment, mais plutôt de le porter au moment de l’amorce pour prendre tout de suite une bonne position, ou alors en cas de fatigue. »

Alléger la prise de charge de 30 %

Tous les agents concernés ont suivi une formation pour apprendre à l’utiliser, à s’équiper et l’ôter. Cinq d’entre eux l’utilisent spontanément lors de grosses campagnes d’accrochage depuis la fin du mois de septembre. « L’objectif est d’alléger le poids de la prise en charge de 30 % », chiffre Adrien Moura.

Accueilli favorablement par les organisations syndicales, le matériel, garanti pendant un an, a nécessité un investissement raisonnable (environ 5000 euros). Très loin des sommes nécessaires par exemple pour acquérir un exosquelette de rééducation (lire notre article du 3 septembre 2020 ). De quoi donner des idées à d’autres fonctions soutien du GHT.

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