Télétravail : regards croisés pharmaciens/industriels

La crise sanitaire a profondément bouleversé les processus et les organisations. Lors de la dernière assemblée plénière de l’Association des utilisateurs d’Epicure-Eurydice, (AUEE) industriels et pharmaciens ont témoigné du coup d’accélérateur donnée à la dématérialisation des relations. Un changement de décor amené à perdurer.

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Le 22 juin dernier, l’Association des utilisateurs Epicure et Eurydice (AUEE) a repris goût à ses réunions plénières en présentiel, afin de fêter simultanément ses 15e et 16e anniversaires. L’une des dernières assemblées de son président Franck Rozé, qui va pouvoir prendre – après plus de deux décennies d’engagement – un repos bien mérité et se consacrer à ses deux muses, la guitare électrique et la petite reine.

Accélération du recours aux outils électroniques

L’occasion aussi de jeter un œil dans le rétroviseur et de voir comment hospitaliers et industriels s’étaient adaptés à la crise sanitaire et au confinement. Sans surprise, l’avènement du télétravail a été consacré, avec l’irruption dans le quotidien des outils de téléconférences et des échanges à distance, y compris pour les formations. Tous les professionnels ont souligné le caractère accéléré de la transformation. Le laboratoire Smith&Nephew est ainsi passé de l’absence de télétravail au tout télétravail au printemps 2020, a témoigné Jérémy Hurand.

La dématérialisation a fait ses preuves dans l’épreuve, aussi bien dans la gestion des processus que dans la validation (e-signature). « On a vu la force des outils électroniques. Les appels d’offres ont eu peu de retards et les planning ont été globalement respectés », a confirmé Loïc Rolland, pharmacien de l’hôpital de Cahors.

Hausse des marchés de substitution

Néanmoins, tout n’a pas été facile. « Organiser des commissions de choix à distance n’a pas été simple, avec des réunions qui dépassaient les 50 participants », a illustré la pharmacienne Michèle Hehn, au Resah début 2020, avant de rejoindre l’AGEPS (AP-HP). Il a aussi fallu gérer les ruptures d’approvisionnement, avec une envolée des procédures négociées pour urgence impérieuse et des marchés de substitution. Concernant ces derniers, l’AP-HP a ainsi enregistré, rien que pour les médicaments, une hausse de 392 % entre le 1er semestre 2019 et celui de 2020, avec une incidence financière non négligeable de 1,8 million d’euros puisque l’établissement n’appliquait pas de frais aux titulaires défaillants.

Changement durable des organisations

L’aspect relationnel a pâti du distanciel, avec une perte du lien, aussi bien en interne, qu’à l’externe. Pharmacien du groupement régional de Nouvelle-Aquitaine, constitué en 2020, Vincent Hurot a témoigné de la complexité de développer une telle structure sans contact humain pour expliquer son fonctionnement. Autre revers de la médaille souligné par plusieurs intervenants, la porosité entre sphère professionnelle et vie privée a augmenté.

Une chose est sûre. La crise sanitaire a durablement impacté les esprits. « On réfléchit maintenant à changer nos façons de travailler », a confirmé Laurence Theillier du laboratoire Boehringer. « La visioconférence reste tendance », a indiqué Frédéric Dumons (Pharmatic). « Les réunions Teams continuent », a corroboré Loïc Rolland qui imagine un avenir désormais composé de rencontres mixtes, cumulant présentiel et distanciel.

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